Présentée ce week-end, la 93ᵉ édition des 24 Heures du Mans, l’épreuve vedette du Championnat du monde d’Endurance (WEC), a été marquée par la domination des prototypes Ferrari 499P engagés par l’écurie officielle AF Corse. Pourtant, ce sont deux Cadillac V.Series GTP qui avaient récolté les meilleurs temps à l’issue des qualifications, mais dès le début de la course il était évident que les Porsche 963 Team Penske et les Ferrari avaient quelque peu caché leur jeu aux essais, étant capables de performances supérieures en course.

Rapidement, ces prototypes ont devancé les machines américaines. La Porsche Nº5, la Cadillac Nº12 et la Ferrari Nº50 formaient le trio de tête à la fin de la première heure. Par la suite, Porsche a vu les espoirs de victoire avec la Nº5 s’effondrer durant la soirée tandis que la Nº6 confiée à Laurens Vanthoor, Matt Campbell et Kévin Estre devenaient peu à peu l’ultime rivale du trio de Ferrari pour la victoire.

La nuit, marquée par l’unique intervention de la Voiture de Sécurité (un phénomène rarissime en Endurance !) suite à la sortie de piste d’une LMP2, a confirmé que les Ferrari 499P étaient les plus fortes et au petit matin, la jaune du Polonais Robert Kubica, grand artisan du succès de cette voiture par un pilotage irréprochable, du Chinois Yeifei Yé et de l’Anglais Phil Hanson devançait les deux rouges. C’est pourtant la Nº51 rouge des lauréats 2023, Antonio Giovinazzi, James Calado et Alessandro Pier Guidi, qui semblait devoir l’emporter au lever du jour mais un passage par un bac à graviers de Pier Guidi a suffi pour rejeter ce prototype en 4ᵉ place. Sur la Nº50, Antonio Fuoco a lui aussi fait une petite erreur dans la dernière heure en tentant le tout pour le tout face à la Porsche Nº6, redonnant ainsi la 3ᵉ place à la voiture-sœur.

Au terme de 24 heures spectaculaires, la victoire revient donc au trio Kubica/Yé/Hanson, 14 secondes devant la Porsche de Vanthoor/Estre/Campbell qui ont également réalisé une superbe course, ne commettant pas la moindre faute et évitant toute pénalité. Contrairement aux Ferrari, qui ont perdu de précieuses secondes pendant la nuit en raison d’excès de vitesses dans les puits. Les Ferrari Nº51 et 50 finissent 3ᵉ et 4ᵉ, à moins de 10 secondes du vainqueur. Soulignons aussi que Robert Kubica décroche sa 1ʳᵉ victoire à l'épreuve, 17 ans après son seul succès en Formule 1 au Grand Prix du Canada. C'est par ailleurs, la 12ᵉ victoire de Ferrari au Mans.

Si la lutte pour la victoire n’a concerné que Ferrari et Porsche, Toyota et Cadillac ont tout de même réalisé une belle course, mais les soucis mécaniques et l’absence de rythme suffisant sur de longs relais les ont privées de podium. La Cadillac Nº12 d’Alex Lynn, Will Stevens et Norman Nato finit 5ᵉ, devant la Toyota GR010 Hybrid de Nyck de Vries, Mike Conway et Kamui Kobayashi. La Porsche Penske Nº5, la Cadillac Jota Nº38, la 3ᵉ Porsche Penske (la Nº4 de Felipe Nasr) et les deux Alpine complètent l’ordre des 11 premiers. Pour Alpine, même si les A424 ont été fiables, les pénalités et sorties de piste ont coûté très cher. Peugeot place ensuite sa première voiture en 12ᵉ place, devant l’Aston Martin Valkyrie de l’Ontarien Roman de Angelis, Marco Sorensen et Alex Riberas. Aston Martin THOR (The Heart of Racing) voit aussi sa seconde voiture rejoindre l’arrivée, deux places plus loin, ce qui constitue un remarquable résultat pour des voitures qui n’avaient encore jamais disputé les 24 Heures du Mans.

Déception en revanche pour BMW, dont les deux prototypes sont classés 18ᵉ et 32ᵉ. Seulement 2 voitures de la catégorie Hypercar ont abandonné : les deux Cadillac des équipes américaines (Action Express et Wayne Taylor Racing) venues de l’IMSA.

En LMP2, beaucoup d’action là aussi. À 2 heures de l’arrivée, les 8 premiers étaient encore groupés en 25 secondes. La victoire revient à Nick Yelloly, Jakub Smiechowski et Tom Dillmann avec leur Oreca-Gibson de l’équipe polonaise Inter Europol Competition, qui ont dépassé la voiture du VDS Panis Racing à 16 minutes de la fin.

En GT3, l’Aston Martin Vantage du seul pilote québécois inscrit, Zach Robichon (associé à Mattia Drudi et Ian James), partait depuis la pole position. Si Drudi creusait l’écart sur ses adversaires durant la première heure, les relais de James virent la seule Vantage en mesure de viser la victoire rétrograder au-delà du Top 6. Au début de la nuit, c’est la BMW M4 Team WRT de Valentino Rossi, Kelvin van der Linde et Ahmad Al Harthy qui occupait le premier rang mais avant même la mi-course, les deux BMW inscrites abandonnaient, sur soci électrique pour celle de Rossi et après avoir heurté un lapin (ce qui a détruit le radiateur et endommagé le moteur) pour celle d'Augusto Farfus !

Discrète au début, la Porsche 911 GT3-R Manthey Racing de Ryan Hardwick, Ricardo Pera et Richard Lietz a succédé à la BMW de Rossi et a dominé la seconde moitié d’épreuve, se ménageant au lever du jour une avance de plus de 30 secondes que ses rivaux n’ont jamais pu combler. C’est donc une victoire Porsche en GT3, devant la Ferrari Nº21, la première Corvette Z06 (TF Sport) et l’Aston Martin de Robichon/Drudi/James, qui manque le podium par une poignée de secondes.

Pour ses débuts à l’épreuve avec une Corvette Z06, l’équipe canadienne AWA et Orey Fidani se sont montrés discrets, voire lents par rapport à la concurrence directe, aux qualifications. En course, Fidani et ses équipiers Matt Bell et Lars Kern ont accompli leur mission, soit une course sans erreur majeure ni problème mécanique. Cette régularité leur a permis de finir 43ᵉ au général, mais surtout Top 10 des GT3 sur 24 voitures dans cette classe. 50 des 62 partants ont complété ces 25 Heures du Mans 2025. Pour le classement complet, cliquez ici.


*** MISE À JOUR MARDI 17 JUIN 10h00 : La Ferrari N°50 a été disqualifiée de sa quatrième place en raison d'une infraction technique, ce qui a permis à la Cadillac N°12 (partie en pole position) de prendre la quatrième place, et à la Toyota N°7 de passer cinquième. La décision des commissaires n’affecte pas les deux autres Ferrari Hypercar, qui ont terminé première (N°83) et troisième (N°51). L'infraction technique se situe au niveau de vis manquantes sur l'aileron arrière, ce qui ne correspond pas à la fiche d'homologation des Ferrari 499P. Aucun gain de performance n'a pu être constaté en raison de l'absence des trois vis manquantes, qui ont été retirées par un mécanicien lors d'un arrêt aux puits et apparemment oubliées d'être replacées sur l'aileron.