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27 janvier : René Arnoux remporte sa première victoire en F1 au Brésil en 1980

27 janvier : René Arnoux remporte sa première victoire en F1 au Brésil en 1980

Lundi 27 janvier 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Quand il commence sa carrière en Formule 1 en 1978, René Arnoux cadre mal dans ce qu’on appelle alors “L’équipe de France de F1”. Né à la campagne, c’est un provincial qui possède un drôle d’accent, qui vient d’une famille moyenne et qui est diplômé d’une école de mécanique automobile.

À comparer à ses compatriotes dotés d’un physique de jeune premier et issus de familles aisées, comme Patrick Tambay ou Didier Pironi, Arnoux semble visiblement ne pas être à l’aise dans ce monde qu’il découvre.

Pourtant, une fois sanglé dans le cockpit d’une voiture de course, il se métamorphose en loup assoiffé de victoires. Tout commence en karting où il récolte de nombreuses premières places. En 1972, il remporte le Volant Shell qui lui ouvre les portes des courses de monoplaces.

Arnoux gagne le Challenge européen de Formule Renault en 1973 puis s’exile au Royaume-Uni pour disputer quelques courses en Formule 5000 et apprendre l’anglais. En 1975, grâce au soutien de la pétrolière Elf, il devient champion d’Europe de Formule Renault, puis remporte en 1977 le titre de champion de Formule 2.

Un an plus tard, il croit faire une bonne affaire en acceptant de piloter la première voiture de F1 de Tico Martini, la MK23-Ford V8 DFV. Une grave erreur. Sans argent, la minuscule structure artisanale conçoit un bolide carrément impossible à conduire.

Martini arrête tout et René est récupéré par John Surtees qui lui confie le volant d’une TS20-Ford lors des deux derniers Grands Prix de la saison à Watkins Glen et à Montréal, sans résultat notoire, mais les directeurs d’écuries remarquent son formidable sens de l’attaque.

Un de ceux qui voient en lui un futur champion est Gérard Larrousse, patron de Renault Sport F1. Pour 1979, Renault désire accélérer le développement et la fiabilité du petit moteur V6 turbo et décide d’inscrire deux voitures : une pour Arnoux et l’autre pour Jean-Pierre Jabouille, fer de lance de l’écurie.

Arnoux se métamorphose

Après une première demi-saison peu reluisante résultant d’un gros manque de fiabilité, Arnoux s’illustre au grand jour en affrontant roues dans roues Gilles Villeneuve et sa Ferrari lors du Grand Prix de France de 1979. Cette lutte épique demeure l’une des batailles les plus grandioses vues en F1. Puis, Arnoux grimpe deux autres fois sur le podium. Ce garçon timide et introverti commence à s’imposer et à se faire respecter, dans le paddock comme sur la piste.

Renault inscrit les nouvelles RE20 dès le premier Grand Prix de la saison 1980 en Argentine où Arnoux abandonne. Mais le natif de Pontcharra dans l’Isère va inscrire sa première victoire dès la course suivante, le 27 janvier au Brésil sur le long tracé de 7,8 km d’Interlagos.

Jabouille inscrit la pole position en 2’21”40 devant Didier Pironi (Ligier JS11/15-Ford) Gilles Villeneuve (Ferrari 312 T5), Carlos Reutemann (Williams FW07B-Ford) Jacques Laffite (Ligier) et Arnoux (2’22”31).

Si Villeneuve démarre comme une fusée et prend la tête de la course, Jabouille, bien aidé par son puissant V6 turbo, le double dès le deuxième tour.

Arnoux gagne des places et roule en seconde position, mais subit la pression d’Elio de Angelis aux commandes d’une Lotus 81-Ford. Au fil des tours, Arnoux se débarrasse progressivement du jeune Italien.

Au 25e tour, Jabouille appuie sur l’accélérateur à la sortie d'un virage et… plus rien. Sa voiture n’avance plus. Le turbo tout neuf installé juste avant le départ de la course vient de céder. Le grand blond rentre aux puits, dépité.

Arnoux est en tête avec 11 secondes d’avance sur de Angelis. Alan Jones est troisième au volant d’une Williams-Ford et Riccardo Patrese, sur une Arrows A3-Ford, est quatrième.

La Renault jaune d’Arnoux franchit l’arrivée en première place avec une avance de 21”86 sur de Angelis et 1’06”11 sur la Williams de Jones. Le V6 turbo, glouton, tombe en panne d’essence durant le tour de décélération.

Arnoux grimpe sur le podium sans vraiment y croire. Il vient de gagner son premier Grand Prix. Il a certes profité de l’abandon de Jabouille, mais il a effectué une belle remontée et a bien ménagé sa mécanique pour s’offrir cette victoire, la première de ses sept en carrière.