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6 mars : L’écurie BAR-Honda et son interprétation controversée du règlement sportif en Australie en 2005

6 mars : L’écurie BAR-Honda et son interprétation controversée du règlement sportif en Australie en 2005

Mercredi 6 mars 2024 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Première étape de la saison 2005 du Championnat du monde de Formule 1, le Grand Prix d’Australie, couru dans l’Albert Park à Melbourne, vient de se terminer et déjà la colère gronde dans le paddock.

Cette grogne concerne un règlement sportif qui a été modifié pour 2005. La saison dernière, chaque pilote devait utiliser un seul moteur pour tout le week-end de course (c'est-à-dire un moteur neuf pour le vendredi) et l'utilisation d'un autre moteur durant la fin de semaine entraînait la perte de dix places sur la grille de départ de la course suivante.

Cette saison chaque moteur doit encaisser deux week-ends de courses consécutifs. Cette modification apportée au règlement a pour objectif de réduire les coûts, d’abaisser la puissance de moteurs et d’assurer leur fiabilité. Un pilote qui doit changer de moteurs est maintenant pénalisé de 10 places sur la grille de départ de la course suivante, “sauf dans le cas d’un abandon”. Ces quelques mots sont extrêmement importants.

À la toute fin du Grand Prix d’Australie, prévu sur 57 tours, les deux pilotes de l’écurie BAR-Honda occupent des places décevantes essentiellement dues à des pneus très difficiles à monter en température.

Jenson Button roule en 11e place avec un tour de retard tandis que son coéquipier, qui pilote lui aussi une BAR 007 à moteur V10 Honda, Takuma Sato, fait de la figuration en 13e position, à deux tours du meneur.

Deux façons de lire le règlement

Alors que le meneur de la course entame son dernier tour de piste, les deux BAR rentrent dans la ligne de puits et s’immobilisent devant les garages. Bien que fonctionnant parfaitement bien, les deux BAR sont rentrées et l’écurie signifie à la direction de course que ses deux pilotes abandonnent, car ils n’ont pas croisé l’arrivée.

Giancarlo Fisichella remporte la victoire sur une Renault R25 devant Rubens Barrichello sur une Ferrari F2004M et Fernando Alonso sur l’autre Renault.

Immédiatement, certains futés comprennent ce qui se passe. Il s’agit d’une façon élégante de contourner le règlement des deux courses consécutives que doivent encaisser les moteurs. Puisque ses bolides ont abandonné, l’écurie BAR peut changer les moteurs de ses deux monoplaces pour la course suivante, disputée à Sepang en Malaisie, sans encourir de pénalité.

Nick Fry, le directeur de l'équipe BAR, déclare : « Notre interprétation du règlement est que, si vous ne terminez pas la course, vous avez la possibilité de changer de moteurs ».

Cette explication rusée du règlement ne plaît pas du tout aux directeurs des écuries rivales, et surtout à Toyota, ennemi juré de Honda sur le marché des voitures de série. « Il y a eu beaucoup de controverses autour des lacunes des nouvelles règles de F1, mais l'exploitation de ces zones grises va à l'encontre de notre conception du sport automobile » avait déclaré Luca Marmorini, le directeur technique du programme des moteurs chez Toyota.

« Même si nos pilotes [Jarno Trulli et Ralf Schumacher] n'ont pas marqué de points lors de cette course, nous avons quand même décidé de nous rendre au drapeau à damier par respect pour les nouvelles règles ».

Pat Symonds, directeur général de l'ingénierie de l'équipe Renault, avait affirmé que la règle d’un moteur pour deux Grands Prix était bonne, mais que « la faille qui a été laissée ouverte est ridicule ».

La FIA a vite réagi en publiant une directive qui referme la faille du règlement. Les officiels font remarquer : « Nous devons faire une distinction entre le fait de ne pas terminer [une course] et le fait de choisir de ne pas terminer ». 

La lacune a donc été immédiatement corrigée, puisque dès le Grand Prix suivant l’Australie, la Malaisie, une voiture qui abandonne obligera l'écurie à présenter les preuves d’un véritable problème technique pour avoir droit à utiliser un nouveau moteur lors de la course suivante.