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Rétro 1986 : Richard Spénard devient champion de la première édition de la série Player’s GM

Rétro 1986 : Richard Spénard devient champion de la première édition de la série Player’s GM

Mercredi 22 novembre 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Archives Richard Spénard

Crédit photo: Archives Richard Spénard

La saison inaugurale de la série canadienne Player’s GM s’est déroulée en 1986 et a attiré un très grand nombre de participants, et c’est Richard Spénard qui a décroché le titre tant convoité.

General Motors voulait s’impliquer en sport automobile au pays, mais désirait que ce soit un de ses modèles qui remporte les victoires. Il suffisait de copier la recette de la série Honda et de créer une série monotype. Ainsi, GM fit préparer 85 voitures Chevrolet Camaro et Pontiac Trans Am pour la course et négocia une entente majeure de commandite avec le cigarettier Player’s.

Le plus ironique de l’affaire est que Spénard n’était pas très intéressé à participer à cette série, mais un de ses instructeurs de pilotage à son école de Shannonville l’en a convaincu. « Je venais tout juste de démarrer mon école et j’étais occupé par-dessus la tête. Ron Fellows était un de mes instructeurs. Il n’avait pas un sou. Il m’appelait “Ricky”. Il me répétait sans cesse “C’mon Ricky, allons courir dans cette série !” Je lui ai dit de prendre rendez-vous chez un concessionnaire GM. On est allé chez Golden Mile Chevrolet Oldsmobile à Toronto et on en est ressorti avec deux Camaro gratuites ! » m’a raconté Spénard.

Richard ajoute que la série était réellement attractive. « Player’s injectait beaucoup d’argent. Il y avait une bonne couverture télé, à 15 000$ l’auto n’était pas chère et les budgets étaient raisonnables. Le gagnant de chaque course recevait 5000$, ce qui était beaucoup d’argent à cette époque » ajoute-t-il.

Un nombre record de participants

Presque toutes les voitures vendues se retrouvent sur le circuit de Mosport Park pour la manche d’ouverture de la saison tenue le 19 mai 1986. Trente-deux pilotes participent à une course consolation qui permet aux cinq premiers de disputer la course principale qui met aux prises 40 pilotes. Le règlement sportif inversait les six premières positions des qualifications. Ainsi, le pilote le plus rapide démarrait en sixième place tandis que celui qui avait réalisé le sixième temps se retrouvait en pole position.

Spénard s’était qualifié en troisième place et avait pris le départ de la course de 15 tours en quatrième position. « Je n’avais jamais conduit une voiture américaine showroom stock. J’ai testé l’auto sur la piste de Shannonville et je me suis dit “Ça va être le fun !” C’était une bonne voiture, Le train arrière collait bien par terre. J’ai peut-être fait une dizaine de tours d’essais et on est allé disputer la première course à Mosport » raconte Spénard.

Le “roi Richard” a remporté cette fameuse première course devant Peter Lockhart et Ron Fellows. Richard gagne aussi la troisième manche présentée dans le cadre du Grand Prix du Canada le 15 juin. « À Mosport, il n’y avait pas de freinages à répétition et on ne s’est pas rendu compte que les freins étaient le point faible de la voiture » explique-t-il. « Mais à Montréal, j’ai vite réalisé que les freins faiblissaient après trois ou quatre tours. J’ai démarré en seconde place et je me suis laissé chuter vers la 12e place afin de sauvegarder mes freins. Les autres ont commencé à rater leurs freinages et je me suis mis à remonter le peloton. Je me suis retrouvé en tête et j’ai gagné la course. Après Montréal, la série nous a fait installer des gros feins Brembo à l’avant, et ç’a réglé le problème ».

Spénard a ensuite gagné les courses présentées à Mosport le 29 juin et au Molson Indy de Toronto le 19 juillet pour récolter le titre de champion avec un total de 607 points, soit 74 de mieux que Michael Rivet et 88 de plus que Robin Buck.

« Mon équipe était formée des mécaniciens britanniques qui avaient aidé Bertrand Fabi en Formule 2000 en 1985. Ils n’avaient jamais vu une Camaro auparavant ! On n’effectuait pas d’essais, mais les gars ont fait un travail formidable » précise Spénard.

Il ajoute : « La voiture était fiable, la série était bien organisée et bien suivie. Nous étions bien encadrés. Les moteurs étaient scellés et selon moi il n’y avait pas beaucoup de triche, en tout cas, pas en avant du peloton. » Il ajoute que la performance de la voiture dépendait énormément du traitement apporté aux pneus de rue Goodyear utilisés en course, car les compétiteurs avaient de droit de les râper (shaver en anglais, c’est-à-dire de râper les crampons pour en faire des pneus lisses en les faisant tourner).

« Les pneus étaient shavés manuellement avec une machine, mais l’opérateur jouait un grand rôle. Les épaules des pneus n’étaient pas toutes identiques. Parfois, il restait un peu plus de caoutchouc et d’autres fois beaucoup moins, ce qui augmentait le grip dans les virages. J’ai fait venir à Shannonville un Américain spécialisé dans les courses showroom stock. On a testé plusieurs modifications qu’on avait le droit le faire : carrossage, pince, pour se rendre compte que c’étaient les pneus qui influençaient le plus la performance. »

Spénard est heureux d’avoir couru dans cette série. « C’était compétitif en “titi”. La voiture était le fun à conduire. Bravo à GM Motorsports et Player’s d’avoir créé cette belle série hyper compétitive. »