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11 août : Décès du légendaire pilote italien Tazio Nuvolari en 1953

11 août : Décès du légendaire pilote italien Tazio Nuvolari en 1953

Jeudi 11 août 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Wikipedia Commons via Flickr

Crédit photo: Wikipedia Commons via Flickr

Le grand Enzo Ferrari a toujours affirmé avoir eu un profond respect et une immense admiration pour deux de ses pilotes : Gilles Villeneuve et Tazio Nuvolari.

Les deux étaient de petit taille (1m60), mais étaient incroyablement endurants, hyper rapides et outrageusement spectaculaires au volant, capables de réaliser les prouesses les plus incroyables. Novalari et Villeneuve ont été deux pilotes, peut-être les seuls, à avoir réellement fait frissonner le patriarche de Maranello. Les deux étaient passionnés à l’extrême, courageux, déterminés et étaient aimés, voire adulés par tous.

Nerveux, armé de son regard noir et de son sourire ravageur, Nuvolari portait habituellement en course un pantalon bleu, un gilet jaune vif, un casque blanc et avait toujours autour de son cou un porte-bonheur : une tortue en or offerte par Gabriele D'Annunzio, écrivain et député italien.

Né le 16 novembre 1892 à Castel d’Ario, Nuvolari effectue ses premiers pas en sports mécaniques au guidon d’une moto alors qu’il est âgé de 27 ans. Il remporte plusieurs titres de champion d’Italie sur deux roues avant de choisir en 1930 de se tourner vers les courses d’automobiles.

Extrêmement doué, il pilotait avec “le pied au plancher”. Il entrait dans les virages beaucoup plus tôt que le faisaient les autres pilotes. Il maintenait l’accélérateur enfoncé et faisait pivoter son bolide sur son axe. Il négociait le point de corde avec le museau de la voiture à l’intérieur du virage tandis que le train arrière dérapait progressivement. Il remettait ensuite les roues droites et terminait son dérapage en sortie de virage, sans avoir besoin de corriger sa trajectoire, un peu façon “rallye”. C’était hyper spectaculaire et, à cette époque, résolument rapide.

Nuvolari gagne les Mille Miglia en 1930 puis roule pour Alfa Corse, l’écurie officielle d’Alfa Romeo. Après le retrait d’Alfa Corse de compétition, il pilote pour la Scuderia Ferrari qui engage des Alfa semi-officielles et remporte les 24 Heures du Mans en 1933 au volant d'une Alfa Romeo 8C. Lors de cette course d’endurance, Nuvolari lutte férocement contre Luigi Chinetti et parvient à le doubler dans le dernier tour de l’épreuve et file vers la victoire. Une participation aux 24 Heures du Mans et une victoire pour le petit Italien. Difficile de faire mieux !

Enzo Ferrari était subjugué par le style de pilotage de Nuvolari. Mais l’histoire d’amour entre les deux ne dure pas. Il y a des frictions et les deux hommes se séparent.

Sa plus belle victoire

Après un bref passage chez Maserati, Nuvolari revient chez Ferrari pour conduire une Alfa P3. En 1935, il décroche une victoire prodigieuse lors du Grand Prix d’Allemagne sur le dangereux Nürburgring. Son Alfa est vieille de quatre ans et avec ses maigres 265 chevaux, elle n’est pas de taille contre les monstrueuses Auto Union Type B et Mercedes W25 de plus de 400 chevaux. Mais Tazio ne manque pas de courage.

En course, il est retardé par un problème lors d'un ravitaillement qui lui fait perdre plus d'une minute. Il rejoint la course en sixième position et effectue une remontée phénoménale jusqu’en seconde place. Dans le dernier tour de la course, il double le meneur, Manfred von Brauchitsch sur une Mercedes-Benz, après que ce dernier ait subi une crevaison. Devant 300 000 spectateurs et plusieurs dirigeants nazi, Nuvolari décroche la victoire.

Cependant, sa relation avec Enzo Ferrari est toujours houleuse. Nuvolari claque la porte de la Scuderia et va courir pour Auto Union en 1938 jusqu’au début du second conflit mondial. Lors du Grand Prix de Pau, sa voiture prend feu et il est légèrement brûlé au visage, aux mains et aux jambes. L’Italien songe à arrêter la compétition. Le début de la guerre fait cesser toutes les compétitions automobiles.

Après la fin de la guerre, Tazio dispute encore plusieurs courses, mais sa santé est fragile. Au fil des ans, il a eu plusieurs accidents et s’est fracturé bien des os du corps sans que cela l’ait empêché de piloter. Mais à force de respirer des gaz d’échappement toxiques des autres bolides en course, il est devenu asthmatique et connaît de sévères ennuis respiratoires (et il était aussi un gros fumeur). Il encaisse aussi durement la mort de ses deux fils.

Fin 1952, un infarctus le laisse partiellement paralysé. Neuf mois plus tard, le 11 août 1953, il décède d'une seconde attaque cardiaque à l’âge de 61 ans.

Le petit Italien a disputé 26 courses de Grand Prix comptant pour le Championnat d’Europe des pilotes et a remporté quatre victoires en plus d’être sacré champion de la série en 1932 avec Alfa Romeo.

Comme Gilles Villeneuve, Nuvolari a finalement décroché assez peu de victoires majeures, mais il a captivé les esprits et fasciné le monde par ses performances hors du commun.