Le très long virage vers la gauche du circuit d’Imola, nommé Tamburello, n’a pourtant rien de très impressionnant, ni d’intimidant. Et pourtant, il a été la scène de certains des accidents les plus graves survenus en Formule 1.

Situé juste après la ligne de départ/arrivée, le virage de Tamburello pouvait et peut encore être négocié à pleine vitesse avec le pied droit enfoncé sur l’accélérateur. Toutefois, avant l’ajout d’une chicane, il n’y avait qu’une petite zone de dégagement asphaltée entre la piste et le mur en béton placé à l’extérieur du virage. Ce mur avait été construit pour éviter qu’une voiture qui sort de piste ne chute dans le vallon et dans la rivière située en contrebas.

1987, Nelson Piquet, Williams-Honda

Le vendredi après-midi 1er mai, la Williams-Honda turbo de Nelson Piquet aborde le fameux virage et selon toute vraisemblance, un pneu arrière a crevé ou s’est délaminé à plus de 300 km/h. La Williams percute le mur avec une violence inouïe (photo ci-dessus), tournoie sur elle-même et termine sa course dans l’herbe. Piquet est conscient, mais extrêmement sonné. Évacué à l’hôpital Bellaria de Bologne, Piquet souffre d'un traumatisme crânien, de contusions thoraciques et d’une cheville amochée. Pendant les mois qui ont suivi, Piquet a souffert d’insomnies graves, de douloureux maux de tête et la perte d'une bonne partie de la profondeur de son champ de vision.

1989, Gerhard Berger, Ferrari

Au début du Grand Prix de Saint-Marin en 1989, la Ferrari pilotée par l’Autrichien Gerhard Berger quitte la piste dans le virage Tamburello à la suite de la perte de son aileron avant. Comme la Williams de Piquet, la Ferrari se fracasse contre le mur en béton, éventrant la monocoque. Soudain, un violent incendie se déclare. Berger, en douleurs, est prisonnier les flammes durant 16 longues secondes. Heureusement, les commissaires interviennent rapidement pour éteindre l’incendie. Berger s'en sort avec une côte cassée et des brûlures aux mains et aux doigts.

1991, Michele Alboreto, Footwork

Une semaine avant la présentation du Grand Prix de Saint-Marin en 1991, Michele Alboreto effectue des essais sur le circuit d’Imola à bord de la Footwork FA12 à moteur Porsche. Comme ce fut le cas avec la Ferrari de Berger, la Footwork perd son aileron avant dans Tamburello. Le bolide s’écrase contre le mur avec une force démentielle et prend feu momentanément. Très secoué, Alboreto parvient à s’extraire de l’épave seul en boitant. L’Italien souffre de contusions, de migraines et de bourdonnements d'oreille.

1992, Riccardo Patrese, Williams-Renault

Il n’existe aucune image ou de vidéo de l’accident dont a été victime Riccardo Patrese en 1992. Lors d’essais privés, sa Williams a effectué une copie parfaite des accidents précédents en tirant tout droit et à très haute vitesse dans le virage Tamburello pour aller percuter le fameux mur en béton. Une défaillance du pneu arrière droit de la Williams explique son accident. Patrese s’est est tiré avec des blessures mineures au cou et à la colonne vertébrale.

1994, Ayrton Senna, Williams-Renault

C’est à la suite de l’accident mortel d’Ayrton Senna que le virage Tamburello a été grandement modifié avec l’ajout d’une chicane destinée à ralentir des voitures. On se souvient qu’après une neutralisation derrière la Voiture de sécurité, la Williams de Senna a soudainement fait un écart et a filé droit vers le mur. L’impact a arraché et fait basculer la roue avant droite vers le cockpit et une tige en métal de la suspension a perforé le casque du Brésilien. Bien que des amateurs et des experts spéculent encore à ce sujet, il semble bien que l’accident ait été causé par la rupture de la colonne de direction, mal ressoudée après une modification exigée par Senna.

Après cette modification apportée au virage, les sorties de pistes survenues à cet endroit n’ont heureusement plus infligé de blessure grave aux pilotes impliqués.