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Jules Gounon : Du titre mondial en karting aux podiums du Championnat du monde d’Endurance

Jules Gounon : Du titre mondial en karting aux podiums du Championnat du monde d’Endurance

Vendredi 9 mai 2025 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Sébastien Krings

Crédit photo: Sébastien Krings

De plus en plus de jeunes pilotes décident d’abandonner les séries de monoplaces pour tenter leur chance en Endurance. Parmi ceux qui sont arrivés au sommet, soit en Championnat du monde (WEC), certains ont un parcours hors norme, ou plutôt hors filière traditionnelle voulant qu’un pilote débute en karting avant de gravir les marches des formules de promotion de la Formule 1. Des formules au nom par trop exagéré puisque, si un titre de F3 ou F2 ouvre des portes, ce sont encore et toujours les budgets apportés qui font la différence dans la majorité des cas pour finir par se retrouver en F1.

Certains ont donc fait le choix de s’orienter vers l’Endurance sitôt un brillant parcours en karting et une ou deux saisons de monoplace terminés. Champion du monde de karting en 2012, Jules Gounon a ensuite démontré tout son talent en F4, en Formule Renault, avant de passer à la Coupe Porsche en France puis à la série ADAC GT Masters en Allemagne, avec Corvette Callaway. Il est ensuite devenu pilote Mercedes AMG. Un statut qu’il possède encore en 2025 alors qu’il représente la marque de Stuttgart en DTM et en GT3. Mais là où Gounon est vraiment différent de tous les autres, c’est qu’il a réussi à signer un second contrat, avec Alpine, pour piloter les prototypes A424 de la marque française. Cette saison, il dispute donc aussi tout le championnat WEC, avec pour équipiers Mick Schumacher et Ferdinand Habsburg.

« C’est particulier le fait que j’ai obtenu ce double contrat. C’est arrivé il y a deux ans et normalement AMG refuse qu’un pilote ait ce double statut. Mais l’opportunité de pouvoir rouler aux 24 Heures du Mans et en WEC avec Alpine, dans une catégorie où Mercedes n’est pas présent, a simplifié les choses » explique le résident de la Principauté d’Andorre qui a plusieurs fois fait équipe avec le pilote de Québec Mikaël Grenier sur des Mercedes AMG GT3 ces dernières années.

« Aujourd’hui, je combine les deux ententes et ce n’est pas si simple de passer d’un prototype à une GT3. Ce sont des voitures très différentes mais au final, ça se passe bien » explique celui qui aura donc été, de manière bien anecdotique, le premier apparent entre Alpine et Mercedes puisque, rappelons-le, la marque française utilisera des moteurs Mercedes en Formule 1 l’an prochain.

On voit de plus en plus de jeunes pilotes évoluer en Endurance, les filières vers la F1 ou même l’IndyCar étant hors de prix. Jules nous le confirme : « Si tu n’as pas une enveloppe de 10 millions d’Euros (15 millions $ CDN), c’est inaccessible de continuer en monoplace, même en ayant des commanditaires. L’Endurance offre aux jeunes pilotes la possibilité de gagner sa vie en sport automobile, de devenir vraiment professionnel. Finalement, c’est amusant de voir que des jeunes pilotes peuvent avoir deux parcours totalement différents pour se retrouver en prototype ou en GT ».

Concernant 2025 avec Alpine, le pilote de 30 ans mentionne : « Nous avons fait un bon début de saison. Au Qatar, on faisait une super course, on était 6ᵉ et vraiment dans la lutte aux avant-postes mais on a eu de petits problèmes avec la voiture. À Imola, notre stratégie d’arrêts en fin de course et la vitesse de la voiture étaient vraiment bons et on a récolté un podium ».

La rumeur veut qu’Alpine souhaite s’engager aussi en IMSA avec ses prototypes, dès l’an prochain. Après tout, les châssis Oreca des A424 sont de type LMDh, donc initialement conçus pour les courses du championnat IMSA WeatherTech SportsCar. Jules Gounon, qui connaît bien la série nord-américaine, se dit tenté par l’aventure : « je ne sais pas où en est le projet mais s’il se réalise, c’est certain que j’aimerais faire les deux séries. L’IMSA c’est un peu fou, les courses sont très disputées ».

Daytona, Sebring, Le Mans, le Nürburgring, Spa, Bathurst… Dès à présent, aucune course d’Endurance de grand prestige n’échappe à son calendrier. Le fils de Jean-Marc Gounon (neufs départs en F1 avec Minardi en 1993 puis Simtek en 1994 et surtout, une remarquable carrière en Endurance, lui aussi !), petit-fils de Jean-Louis Gounon (vice-champion d’Europe en course de côte) et compagnon de vie de la Danoise Michelle Gatting, elle-même pilote en WEC avec l’écurie Iron Dames en GT3 (et officielle Porsche - photo ci-dessous), ne se sauve jamais de l’univers du sport auto ! « Ma famille, mon univers, c’est la course. À la maison, on se lève en parlant de course. Michelle et moi sommes de grands passionnés, ça facilite la vie. Avec mes anciennes copines, si je disais que j’avais perdu deux dixièmes sur un tour, elles me disaient que ce n’est pas grave alors que Michelle, elle comprend ce que ça veut dire pour un pilote et elle va me dire : "mais qu’est-ce que t’as foutu ?"» confie Jules avec le sourire.

Aux qualifications des 6 Heures de Spa ce vendredi, Jules Gounon, Mick Schumacher et Ferdinand Habsburg ont placé l’Alpine A424 Hypercar Nº36 au 6ᵉ rang. Derrière les très dominantes Ferrari 499P (qualifiées aux trois premières places), Peugeot, Cadillac et Alpine, avec chacun un de leurs deux prototypes, devancent les BMW M V8 Hybrid, Porsche 963, Toyota GR010 Hybrid et les Aston Martin Valkyrie, à nouveau dernières de la catégorie (aux 17ᵉ et 18ᵉ places toutes-catégories).

Crédit photo: Fabrizio Boldoni / DPPI