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Rétro 1979 : Niki Lauda décide de quitter soudainement la F1, au GP du Canada à Montréal !

Rétro 1979 : Niki Lauda décide de quitter soudainement la F1, au GP du Canada à Montréal !

Mardi 19 septembre 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

L’illustre pilote de Formule 1 Niki Lauda a largué une bombe atomique médiatique le vendredi du Grand Prix du Canada de 1979 quand il a brusquement décidé de tout laisser tomber en plein durant les essais !

Niki Lauda était déjà un double Champion du monde de F1 quand il a quitté Ferrari fin 1977 et accepté l’offre salariale mirobolante que lui avait fait Bernie Ecclestone de Brabham. Mais deux saisons passées au sein de cette écurie ne lui ont rapporté que deux victoires controversées en 1978 ; une acquise avec la fameuse Brabham aspirateur, puis l’autre, en Italie, quand Mario Andretti et Gilles Villeneuve furent pénalisés pour avoir anticipé le départ.

Malgré ces deux victoires, Lauda en a assez du moteur Alfa Romeo 12 cylindres qui casse, explose et s’autodétruit à répétition. Courant 1979, Lauda, qui commence à trouver le temps vraiment long, exige un salaire exorbitant à Ecclestone pour rester chez Brabham : deux millions de dollars. Contre toute attente, Ecclestone lui accorde, car il a absolument besoin de la présence de Lauda dans son écurie afin de conserver le contrat de commandite qu’il a avec la laiterie italienne Parmalat.

Bernie Ecclestone a aussi révélé à Lauda que les prochaines voitures Brabham seraient propulsées non plus par le désastreux moteur Alfa Romeo, mais par un moteur V8 Ford Cosworth DFV.

Cependant, Lauda commence à en avoir assez du sport automobile et travaille fort à mettre sur pied sa propre compagnie d’aviation, Lauda Air, en dépit des embûches que lui posent les autorités de l’aviation autrichienne.

Le 27 septembre 1979, Lauda arrive à Montréal pour y disputer le Grand Prix du Canada. Trois belles Brabham BT49-Ford flambant neuves l’attendent, lui et son coéquipier, le jeune Nelson Piquet, dans les garages situés au bout du bassin olympique. Lauda découvre sa nouvelle monture, une création de Gordon Murray. Il s’installe à bord, fait rectifier sa position de conduite et la forme de son siège. Il fait démarrer le moteur V8 et pour lui, c’est une grande déception. Le V8 vibre excessivement et sa sonorité est rauque. Lui qui a conduit des monoplaces munies de moteurs V12 depuis huit ans se retrouve maintenant avec un V8 dans le dos. Lauda retourne à son hôtel, fortement déçu.

« Je ne n’ai plus la tête à ça… » - Niki Lauda

Vendredi matin, les averses nocturnes ont cessé et Lauda regarde par la grande fenêtre de sa chambre à l’hôtel Bonaventure. Le ciel est gris et il fait frais. Lauda avoue qu’il n’aime pas Montréal, tous ces gens qui ne parlent que le français, et il déteste le circuit de l’Ile Notre-Dame qu’il juge trop artificiel.

L’Autrichien se rend au circuit dans une voiture conduite par son “garde du corps”, Sante Ghedini, l’homme de confiance de Parmalat durant les Grands Prix. Lauda enfile sa combinaison et son casque et s’installe au volant de la BT49 arborant le numéro 5. Les mécanos démarrent le V8 Cosworth et Lauda prend la piste, sans grandes convictions.

Durant cette séance d’essais libres du vendredi matin, Lauda n’effectue que des courtes séries de quelques tours. Il n’est vraiment pas enthousiasmé. Il en a assez de tourner en rond. Et cette nouvelle voiture ne l’excite pas. La séance n’est pas terminée quand il rentre aux puits, s’extirpe du cockpit et demande qu’on purge les freins. Il exige à parler à Bernie Ecclestone en privé.

Lauda est franc et direct : « J’arrête. Je ne n’ai plus la tête à ça… » Ecclestone croit qu’il désire changer d’écurie ou qu’il désire faire croire qu’il en a assez afin de faire hausser son salaire. Mais non. Lauda est sincère. Et Ecclestone n’insiste pas.

Lauda téléphone d’abord à Callisto Tanzi, le grand patron de Parmalat, qui comprend parfaitement les explications du pilote. Puis, Niki appelle son épouse Marlène restée en Europe. Simultanément, Ecclestone veut donner du temps à Lauda de quitter le circuit sans être vu. Il raconte alors aux journalistes que Lauda ne se sent pas bien, qu’il a mal à l’estomac.

Ghedini raccompagne Lauda à l’hôtel et puis le conduit à l’aéroport de Dorval. Lauda s’envole pour Los Angeles. Il file ensuite chez McDonnell-Douglas à Long Beach acheter un DC-10 pour sa compagnie, Lauda Air. Niki délaisse le sport automobile d’un seul coup, comme ça, en laissant tout derrière lui, sans un seul regret.

Sa place chez Brabham est prise par le fortuné Argentin Ricardo Zunino, pilote du Championnat britannique de F1 Aurora AFX, qui traîne dans le paddock du circuit de l’Ile Notre-Dame. Zunino a déjà effectué un essai au volant d’une Brabham-Alfa au cours de l’été. Ecclestone lui offre le volant de la voiture de Lauda quinze minutes avant le début des essais d’après-midi. Il enfile la combinaison et le casque de l’Autrichien dont les noms sont cachés par du ruban gommé et part à la découverte de la voiture, de l’écurie et du circuit.