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4 septembre : Oncle Jacques Villeneuve s’impose en Coupe Porsche 944 turbo au Mont-Tremblant en 1988

4 septembre : Oncle Jacques Villeneuve s’impose en Coupe Porsche 944 turbo au Mont-Tremblant en 1988

Lundi 4 septembre 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Archives René Fagnan /Photo Jean Légère, magazine Formula

Crédit photo: Archives René Fagnan /Photo Jean Légère, magazine Formula

Oncle Jacques Villeneuve, le frère de Gilles, s’est imposé face aux ténors de la Coupe Rothmans Porsche Turbo lors de la course présentée sur le circuit du Mont-Tremblant le 4 septembre 1988.

Cette saison 1988 marquait la première année d’utilisation de la Porsche 944 Turbo S dans la série monotype canadienne. La 944 était propulsée par un moteur quatre cylindres en ligne de 2,5 litres gavé par un turbo et qui développait la puissance 250 chevaux à 6000 tours/minute. Le bolide pouvait atteindre une vitesse maximale de 260 km/h sur une route ouverte.

Les ténors de la Coupe Porsche étaient des pilotes très talentueux et extrêmement expérimentés : Richard Spénard, Scott Goodyear, Rick Bye, David Empringham, Jacques Bienvenue, Kees Nierop et autres. Les courses étaient très animées et les batailles en piste étaient assez rudes.

Notre histoire commence quand un concurrent de la série, David Deacon, ne peut participer à la course du 4 septembre au circuit du Mont-Tremblant. Un accord est pris afin de mettre oncle Jacques Villeneuve au volant de la Porsche Mo. 44 de l’équipe Cooke commanditée par Motomaster. Depuis qu’il a perdu son volant en série CART/IndyCar, Jacques n’a presque plus piloté. Il est rouillé et il l’avoue candidement, d’autant qu’il n’a aucune idée du comportement routier de cette 944 de compétition.

Le déroulement des événements du week-end sont mes propres souvenirs et un récit confirmé par trois personnes qui ont été directement impliquées. « Durant les essais libres du vendredi, Jacques a eu bien du mal et ça ne fonctionnait pas pour lui » nous raconte un observateur privilégié.

« Jacques explique à l’équipe qu’il n’a pas de puissance. “Je me fais dépasser dans les lignes droites. Je sais que je suis vieux et que je manque d’expérience dans cette série, mais quand même !“. Il va alors discuter avec Brian Malcolm et son mécano, Peter Draggfy, de l’équipe Auto Mizzi. Malcom possédait une 944 Turbo S de rue. Lui et Jacques sont donc allés faire un tour à son bord sur les routes autour du circuit. »

Sur le tableau de bord des 944 se trouvait un manomètre de suralimentation du turbo, gradué de zéro à deux bars. « Jacques dit à Malcom que l’aiguille du cadran de sa voiture de course ne monte qu’à la moitié ! Il y a donc une perte de pression » poursuit notre observateur. « Sur ces voitures, le collecteur d’amission se trouve d’un côté du moteur tandis que le turbo est de l’autre côté. Quant à la soupape de décharge (wastegate), elle est complètement externe. De retour au circuit, l’équipe a démonté la soupape de la 944 de rue de Malcolm et l’ont installé sur la voiture de course de Jacques. Le gain de puissance fut phénoménal. L’aiguille de pression montait finalement jusqu’à deux bars. Pour en avoir le cœur net, Malcolm a pris le volant de sa 944 de rue et Villeneuve, celui de sa 944 de course, et ils sont allés … rouler, assez vite disons, dans les rues du village et sur les petites routes avoisinantes… »

Villeneuve a vite compris comment il fallait conduire cette 944

Samedi, Jacques réalise la pole position avec un chrono de 1’50”854. Il fallait voir la 944 en action, torturée par oncle Jacques. La voiture sautait sur les bosses, faisait des écarts, des dérapages, faisait fumer les pneus lors des freinages catastrophes. Il faut avoue qu’oncle Jacques, qui avait piloté des puissantes monoplaces à moteurs turbo en série CART, pilotait de façon très… spéciale.

« Quand il arrivait dans les virages, Jacques conservait son pied droit sur l’accélérateur tout en freinant du pied gauche afin de conserver la pression du turbo. Il était un précurseur du freinage du pied gauche ! Les autres pilotes l’ont remarqué quand ils ont vu les feux de freinage de la 944 de Villeneuve s’allumer quand il montait le virage 2 » nous confirme notre interlocuteur. Ainsi, le moteur était constamment gavé par le turbo et crachait toute sa puissance lors des accélérations en sorties des virages. C’était une façon très brutale de piloter, mais ç’a fonctionné !

Villeneuve domine donc la course de 15 tours. Spénard s’accroche à lui durant les premiers tours, mais Jacques parvient à s’éloigner progressivement du peloton. Oncle Jacques gagne la course avec quatre secondes d’avance sur Spénard et l’Ontarien Scott Goodyear qui avait pris le départ en 21e place après avoir connu des ennuis mécaniques durant les qualifications.

À noter que Villeneuve a aussi participé à l’épreuve suivante, présentée sur le circuit ontarien de Mosport Park le 25 septembre. Il n’a pas connu le même succès, se qualifiant en troisième place et croisant l’arrivée en sixième position.