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28 mars : Clay Regazzoni remporte le premier Grand Prix de Long Beach de F1, en 1976

28 mars : Clay Regazzoni remporte le premier Grand Prix de Long Beach de F1, en 1976

Lundi 28 mars 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Wikimedia Commons - Peters, Hans

Crédit photo: Wikimedia Commons - Peters, Hans

Le Suisse Clay Regazzoni était tout un personnage. Fêtard, il aimait la vie et ses plaisirs, les belles femmes, la vitesse et vivre à 300 km/h. Il était un pilote formidable, très rapide, mais débonnaire et pas enclin à trop travailler.

Le 28 mars 1976, rien n’a arrêté sa marche victorieuse dans les rues de Long Beach en Californie à l’occasion du premier Grand Prix de Formule 1 à s’y être tenu.

La première édition du Grand Prix de Long Beach avait été disputée quelques mois auparavant, le 28 septembre 1975 sur un tracé urbain de 3,25 km. Cette épreuve était alors réservée aux monoplaces de Formule 5000; des bolides aux allures de F1, mais propulsés par des moteurs "stock blocks" de cinq litres.

L’idée d’organiser une course automobile dans les rues de Long Beach, bourgade de la banlieue de Los Angeles, fut celle de Chris Pook, un agent de voyages britannique qui opérait un bureau dans la ville californienne. Au début des années 70, Long Beach désirait se moderniser et projeter une image plus glorieuse que celle qu’elle traînait depuis longtemps. La ville a donc injecté des dizaines de millions de dollars dans la réfection de ses infrastructures.

C’est justement à ce moment que Pook présente au conseil de ville le projet de tenir une course automobile dans les rues, et de faire de Long Beach le "Monaco américain". Après des mois d’organisation et de planification, le premier Grand Prix de F5000 y est présenté en septembre 1975. Soixante-cinq mille spectateurs assistent au triomphe du Britannique Brian Redman au volant d’une Lola T332 devant l’Australien Vern Schuppan (Eagle 755) et le Torontois Eppie Wietzes (Lola T400M).

Cette première épreuve fut un succès. Pour 1976, Pook et son organisation visent plus haut : la Formule 1. Le projet est très bien accepté par Bernie Ecclestone et les écuries de F1 qui voient d’un très bon œil de courir en Californie et présenter la F1 à un nouveau marché. L’organisation peut compter sur la participation d’une écurie américaine, celle de Parnelli Jones et de son pilote, Mario Andretti, et de celle d’un autre Américain, Brett Lunger.

Clay Regazzoni signe le meilleur temps des qualifications à bord de sa Ferrari 312T devant la Tyrrell 007-Ford de Patrick Depailler, la McLaren M23-Ford de James Hunt et l’autre Ferrari, celle de Niki Lauda. Sept concurrents ne sont pas qualifiés, car les organisateurs n’acceptent que les 20 plus rapides.

La course de 80 tours se résume à un festival Regazzoni. En fait, il s’agit plutôt d’une balade monotone des deux Ferrari, celle de “Rega” devant celle de Lauda. Avec leurs moteurs 12 cylindres à plat, extrêmement souples, les Ferrari sont très à l’aise sur ce circuit qui possède deux virages en épingle et neuf à 90 degrés.

Un manque de sérieux de la part de James Hunt

Si Regazzoni prend immédiatement la commande de la course, la March de Vittorio Brambilla entre en collision avec la Brabham de Carlos Reutemann, éliminant les deux du coup. Puis, la Lotus de Gunnar Nilsson casse sa suspension arrière.

Au quatrième tour, la McLaren de Hunt percute la Tyrrell de Depailler. Hunt, en furie, s’extrait de son cockpit et abandonne sa McLaren sans la regarder tandis que le Français poursuit sa route. Mario Andretti effectuait une belle remontée, mais le moteur Cosworth DFV de sa Parnelli s’est mis à perdre de l’eau. Au 15e tour, le moteur expire et Andretti abandonne.

Pendant ce temps, Regazzoni s’éloigne du reste du peloton. Depailler effectue un tête-à-queue, mais il remet vite les gaz et double ses rivaux avec facilité pour rouler en troisième place derrière les deux Ferrari. Jacques Laffite profite aussi de la grande souplesse du moteur Matra V12 de sa Ligier pour occuper la quatrième place après avoir doublé la McLaren de Jochen Mass et la Shadow de Jean-Pierre Jarier.

Avec 20 tours à parcourir, Lauda commence à avoir du mal à sélectionner certaines vitesses. Il décide donc sagement de ne pas forcer et d’assurer sa seconde place. Mass connaît aussi des ennuis de transmission sur cette piste bosselée et perd des places.

Regazzoni croise l’arrivée en vainqueur avec une priorité de 42”4 sur Lauda et 49”9 sur Depailler. Laffite se classe quatrième devant Mass et Emerson Fittipaldi qui marque les premiers points de son écurie Copersucar.

Alors les trois premiers célèbrent sur le podium, les mécaniciens de l’écurie McLaren vont récupérer la voiture de Hunt. À leur grand étonnement, ils constatent que les suspensions sont parfaitement droites et que tout est en ordre, à l’exception du museau qui est écrasé. Hunt aurait donc pu continuer sa course, mais il n’a même pas tenté de le faire, au grand dam de son équipe…