Le Finlandais Keke Rosberg, le papa de Nico, a décroché son titre de Champion du monde de Formule 1 le 25 septembre 1982 au terme d’une saison marquée au fer rouge par les terribles accidents survenus aux pilotes Ferrari, Gilles Villeneuve et Didier Pironi.
La saison 1982 devait être celle du retour en force de Ferrari. Avec sa 126 C2 à moteur V6 turbo conçue par un duo de choc composé de Harvey Postlethwaite et Mauro Forghieri, et chaussée de pneus Goodyear, la Scuderia Ferrari avait placé la barre haute. D’autant que la compétition n'était pas redoutable : les Renault manquaient encore de fiabilité, les écuries Williams, McLaren, Ligier et Lotus devaient se contenter de moteurs atmosphériques et Brabham perdait beaucoup de temps à fiabiliser le moteur turbo quatre cylindres BMW.
À la suite du départ d’Alan Jones, Frank Williams a recruté un Finlandais moustachu hyper combatif, au style de pilotage affolant, mais incroyablement rapide. Avec les petites équipes Theodore, Wolf et Fittipaldi Rosberg n’avait encore rien fait de notoire jusqu’ici en F1, mais il avait été un adversaire redoutable de Gilles Villeneuve en Formule Atlantique et ses exploits au volant de puissantes voitures de type Can-Am ont fait dresser les cheveux sur la tête de bien des observateurs.
Toutefois, Rosberg n’a pas du tout l’arme pour se battre contre Ferrari et Renault. Il doit se contenter d’une Williams FW08 à humble moteur V8 Ford Cosworth qui accuse un déficit de puissance d’au moins 150 chevaux par rapport aux turbos. Mais qu’à cela ne tienne, Rosberg compte bien extraire chaque goutte de performance de cette Williams.
Un premier malheur frappe Ferrari en Belgique avec le décès de Villeneuve durant les qualifications. Trois mois plus tard, Pironi se fracture très grièvement les jambes dans un accident survenu à Hockenheim en Allemagne. Patrick Tambay est appelé en renfort, mais il ne dispute que la seconde moitié de la saison et souffre de pincements de nerfs dans une épaule qui le force à rater des courses.
Le manque cruel de fiabilité des Renault turbo fait perdre plusieurs victoires à Alain Prost et René Arnoux. Les premières places sont saupoudrées à d’autres pilotes : John Watson et Niki Lauda de McLaren, Riccardo Patrese et Nelson Piquet de Brabham, Elio de Angelis de Lotus, Michele Alboreto de Tyrrell, Patrick Tambay chez Ferrari et… Keke Rosberg, vainqueur du Grand Prix de Suisse présenté sur le tracé de Dijon-Prenois.
Au dernier Grand Prix de la saison, celui de Las Vegas, Rosberg occupe la tête du classement avec 42 points. Pironi est deuxième, mais il est cloué sur son lit d’hôpital. Watson est troisième avec 33 points devant Prost (31) et Lauda (30). Aussi incroyable que cela puisse paraître, Rosberg, qui n’avait même pas de volant l’hiver précédent, possède une chance réelle de devenir champion !
Un circuit indigne de la F1
Rosberg se qualifie en sixième place sur ce tourniquet absolument nul et ceinturé de murets en béton dessiné dans le terrain de stationnement du Caesar’s Palace. En course, les Renault mènent la danse. Prost occupe la tête jusqu’au 51e tour lorsqu’il doit céder la place à Alboreto sur une Tyrrell-Ford.
Rosberg dispute une course tranquille. Il ne veut certainement pas risquer de s’accrocher avec un rival et être forcé à l’abandon. Alors il roule comme sur des œufs et se contente de suivre la Ferrari, cette fois pilotée par Mario Andretti en remplacement de Pironi.
Alboreto termine au premier rang et remporte sa première victoire en F1. Il devance Watson, Eddie Cheever (Ligier-Matra), Prost et Rosberg qui marque ainsi les deux points qui le consacrent Champion du monde. Keke est physiquement éprouvé, car les nombreux virages de ce circuit insipide tournent essentiellement vers la gauche, ce à quoi les pilotes ne sont pas habitués. Dégoutant de sueur et les muscles de son cou martyrisés, Rosberg accepte la couronne du vainqueur des mains de la chanteuse Diana Ross.
Avec une seule victoire, Keke Rosberg est-il un champion à rabais ? Avouons que le Finlandais n’a jamais baissé les bras, qu’il s’est battu avec une voiture nettement inférieure aux autres à moteurs turbo et qu’il a su profiter de toutes les occasions qui s’offraient à lui pour marquer des points. Déterminé, talentueux, fougueux et coriace, Keke a réellement étonné son employeur, Frank Williams, les autres membres de la F1 et les amateurs du monde entier.
25 septembre: Keke Rosberg devient Champion du monde sur un vulgaire terrain de stationnement de Las Vegas !
Jeudi 25 septembre 2025 par René Fagnan
Crédit photo: René Fagnan