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17 novembre : Le Lunokhod-1, premier véhicule à avoir roulé sur la surface de la Lune en 1970

17 novembre : Le Lunokhod-1, premier véhicule à avoir roulé sur la surface de la Lune en 1970

Jeudi 17 novembre 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Wikimedia Commons/Memorial Museum of Astronautics (Moscou)

Crédit photo: Wikimedia Commons/Memorial Museum of Astronautics (Moscou)

Dans cet article, pas de course automobile, pas de Formule 1 ni même de voitures, mais l’histoire fascinante du premier véhicule à avoir roulé sur un autre astre que notre Terre. Dans le volume 31 numéro 2 (juin 2021) du magazine Pole-Position, nous vous présentions le "Rover" de la NASA, cette jeep qui a roulé sur la Lune en août 1971 et qui a été non seulement la première "voiture" à y rouler, mais aussi la première voiture électrique à rouler ailleurs que sur la Terre.

Toutefois, les Soviétiques, qui avaient perdu la "course à la Lune" face aux Américains quand Neil Armstrong a posé le pied sur notre satellite en juillet 1969, se sont bien repris un an plus tard en faisant rouler sur la Lune un véhicule télécommandé, le Lunokhod-1.

Le Lunokhod était enfermé dans un atterrisseur (ou alunisseur, nommé Luna-17) situé au sommet d’une fusée Proton-K/D lancée le 10 novembre 1970 depuis la base soviétique de Baïkunour. Le 17 novembre, l’atterrisseur s'est posé en douceur sur la Lune dans la partie ouest de la Mer des pluies. L'atterrisseur était équipé de rampes doubles sur lesquelles Lunokhod-1 a pu descendre sur la surface lunaire. Quelques heures plus tard, l’engin a roulé et écrit une page d’Histoire. Il est presque difficile de croire que cela s’est produit il y a 51 ans jour pour jour alors que les ingénieurs et les experts ne disposaient que de leurs cerveaux, de feuilles de papier, de règles à calculer et de formules mathématiques pour tout planifier.

Le Lunokhod-1 avait des airs de bac à recyclage avec son couvercle articulé… Il était carré avec une longueur de 2,2 mètres et une largeur identique pour un poids, sur Terre, de 756 kilos. Il était constitué de deux compartiments : celui du haut qui logeait tous les instruments, et celui du bas, qui était le châssis.

La partie instrumentation, de forme ovale, était réalisée en alliage de magnésium. En haut se trouvait un radiateur et son couvercle (ouvert, il dissipait la chaleur et exposait les panneaux solaires, et fermé, il emprisonnait la chaleur). On y retrouvait aussi tout l’équipement électronique, le contrôle à distance, la télémesure et la transmission de données, les caméras et les antennes.

La partie châssis était munie du système de télévision, de sondes mécaniques, d’un dispositif d’analyses chimiques, de détecteurs de rayons-x et rayons cosmiques et de jauges de températures et de pressions.

Cinq experts au volant

Le Lunokhod possédait huit roues d’un diamètre de 510 mm, et d’une neuvième roue rétractable qui pouvait être activée si la pente à grimper était trop raide. Chaque roue possédait son propre moteur électrique (enfermé dans un caisson pressurisé), son engrenage, son frein, d’un câble enregistrant sa vitesse de rotation et d’un mécanisme permettant sa déconnexion. Changer de direction était effectué en bloquant les roues intérieures et en faisant tourner celles placées à l’extérieur (comme sur un tank, par exemple).

L’engin devait être capable de fonctionner par des températures allant de -90 à +150 degrés Celcius, mais le matériel utilisé pour les antennes et les roues pouvait soutenir une variation de température de 300 degrés Celcius. Pendant les nuits lunaires, le couvercle était fermé, et une unité de chauffage à base de radio-isotope polonium-210 maintenait les composantes internes à la température de fonctionnement. Durant le jour lunaire, le couvercle était relevé et l’engin pouvait se déplacer et effectuer ses recherches.

Le Lunokhod ne se déplaçait pas par lui-même, il n’était pas autonome. Il était téléguidé par une équipe de cinq personnes, dont un conducteur, un navigateur et un opérateur d’antennes, depuis un centre de contrôle soviétique. Les commandes étaient transmises par l’équipe qui devait composer avec un délai de communication de cinq secondes. Un système automatisé surveillait en permanence le roulis et le tangage du véhicule et intervenait si nécessaire.

Bien que conçu pour une durée de vie de seulement trois jours lunaires (soit environ trois mois terrestres), Lunokhod-1 a fonctionné pendant onze jours lunaires (322 jours terrestres) et a parcouru une distance totale de 10,54 km à vitesse moyenne de 100 mètres à l’heure. Il a transmis plus de 20 000 images télévisées, 206 panoramas à haute résolution et a effectué 25 analyses du sol lunaire

Les contrôleurs soviétiques ont terminé les dernières communications avec Lunokhod-1 le 14 septembre 1971. Les tentatives de rétablissement du contact ont finalement été abandonnées et les opérations de l’engin ont officiellement cessé le 4 octobre 1971.