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Chris Reinke : Un futur très prometteur pour les programmes compétition-client !

Chris Reinke : Un futur très prometteur pour les programmes compétition-client !

Samedi 25 janvier 2020 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Audi Sport

Crédit photo: Audi Sport

Parmi les concurrents inscrits à l’édition 2020 des 24 Heures de Daytona, qui est présentement en cours, les 9 manufacturiers différents qui s’affrontent en classe GTD retiennent évidemment l’attention, d’autant qu’ils sont représentés par des équipes privées ou semi-officielles.

Par équipe privée, on entendu bien sûr une équipe qui n’est pas directement inscrite par le constructeur et qui passe généralement par la division compétition client dans son engagement à l’épreuve. Une formule rôdée, qui permet à un constructeur d’être impliqué sans être obligé d’investir directement.

Chez Audi, ce programme compétition client (Audi Sport Customer Racing) permet l’engagement de la seule R8 LMS GT3 inscrite à cette édition 2020, celle de l’équipe WRT.

« Notre programme compétition client fonctionne depuis 12 ans. Nous avons au total vendu plus de 500 voitures à des clients partout dans le monde et le programme GT3, qui a lui seul représente la moitié des ventes à ce jour, est un de ceux qui progresse le plus » nous indique Chris Reinke, le patron de cette division chez Audi. 250 GT3 vendues par un même manufacturier, cela semble impressionnant, mais telle est la réalité. « Pour les courses en circuit, nous avons travaillé beaucoup les 4 dernières années sur notre offre alors que pour les 7 premières années du programme GT3, les voitures étaient déjà toutes vendues » ajoute-t-il.

Lorsque Chris Reinke parle d’offre, cela regroupe les R8 GT3 et GT4 mais aussi les nouvelles GT2 destinées à des championnats amateurs, et les TCR. Une catégorie de voitures de tourisme en plein essor partout dans le monde. On en retrouve notamment au Canada, en CTCC (championnat canadien des Voitures de Tourisme) et bien sûr dans la classe TCR de l’IMSA Michelin Pilot Challenge. Chez Audi, on se frotte les mains du début de saison en TCR, les RS3 LMS ayant monopolisé le podium lors de la course d’hier à Daytona.

« Le futur des programmes compétition client est très prometteur et il est vaste, selon le niveau des clients » ajoute Reinke. En fait, Audi souhaite avoir une voiture de compétition à mettre sur un circuit pour chaque niveau de pilote, depuis ses débuts jusqu’aux séries professionnelles. « L’héritage de nos victoires aux 24 Heures du Mans en quelque sorte » souligne Chris Reinke, qui précise : « Un pilote peut commencer comme client avec une TCR, prouver son talent et ensuite graduer en GT4 puis en GT3 ». Le dirigeant du manufacturier allemand ne mentionne toutefois pas que les budgets sont élevés pour réaliser ce rêve, mai cela va de soi. On sait par exemple qu’une saison en GT4 se détaille aujourd’hui au-delà du demi-million de dollars en IMSA, tandis qu’on dépasse largement le million pour un programme GT3, pas toujours composé d’une saison complète !

Mais pour ceux pour qui le sport automobile demeure un passe-temps, sans volonté de faire carrière, il y a la nouvelle catégorie GT2, que les manufacturiers allemands poussent particulièrement. « Si notre client cherche à s’amuser, dans des courses pour amateurs où les contacts en piste sont interdits, le GT2 est du vrai club racing et je pense que ça va se développer dans les prochaines années. Le GT3 ou le GT4 est destiné aux amateurs qui ont l’ambition de faire carrière, particulièrement le GT3 pour un pilote qui veut de la bataille en piste » précise encore Chris Reinke.

Lamborghini, Mercedes, Lexus, Acura, Aston Martin, BMW, Ferrari, Porsche et bien sûr Audi sont les plus importants manufacturiers à se disputer aujourd’hui ce marché de la compétition client. Pas un hasard qu’ils soient tous représentés en IMSA en GT3 cette saison ! Les marques américaines sont quant à elles absentes, et rien ne dit que ça pourrait changer.

Pour Chris Reinke, le défi est totalement différent de l’époque où il était aux commandes du programme prototype LMP1 et visait la victoire aux 24 Heures du Mans : « Mon rôle est différent ici, c’est vrai. Avant, pour gagner Le Mans, il fallait travailler sur la recherche de nouvelles technologies, nous projeter sans cesse dans le futur. Faire de la recherche, du développement et l’appliquer le plus rapidement possible en course. Désormais, avec les programmes compétition client, nous essayons de développer l’expérimentation par les clients, qu’ils viennent eux-mêmes acquérir une voiture déjà développée pour prendre part à de grandes courses. Pour ça, on doit avoir des produits très compétitifs et développer nos affaires avec un côté très corporatif. Le sport automobile a changé, notamment l’Endurance qui marche très bien dans un grand nombre de championnats grâce aux équipes privées. Notre client achète une voiture, qui aura, nous croyons, un coût très minime d’exploitation parce que nos voitures contiennent un nombre élevé de pièces de voitures de série. Si on regarde par exemple du côté du moteur, la première révision de celui-ci se fera après 20 000 kilomètres. On est loin des prototypes ! Quand tu calcules le coût par kilomètre, c’est très raisonnable » explique Chris Reinke.

Cette vision est celle des manufacturiers qui font de l’Endurance aujourd’hui. Et c’est plutôt une bonne chose pour l’avenir de la discipline car on sait qu’un manufacturier qui s’implique directement ne reste jamais très longtemps dans une série internationale. Sa présence directe est sujette à la situation économique et à une multitude de fluctuations. Avec des équipes privées, la stabilité est plus grande. Et pas seulement avec des voitures GT. « Sur la plateforme TCR, nous partageons avec notre compagnie-sœur Volkswagen le développement et les coûts de fabrication des voitures. C’est un défi commercial pour nous. Nous devons trouver les clients potentiels pour chaque classe et leur offrir un produit à leur mesure » mentionne Reinke.

L’Audi R8 LMS de Daniel Morad, Dries Vanthoor, Rolf Ineichen et Mirko Bortolotti, qui porte les couleurs d’Audi Canada, a pris le départ des 24 Heures de Daytona tout à l’heure depuis la 6ème position des GTD. Après 6 heures de course, elle se maintenait dans le Top 10 de la catégorie avant un petit accrochage qui vient tout juste de se produire. « On n’est pas venus ici pour terminer 2ème » nous indique encore Chris Reinke, qui conclut : « Nous n’avons cette année qu’une seule voiture en course; nous avons décidé d’y aller avec la qualité plutôt qu’avec la quantité. Nous avons l’intention de décrocher la victoire. Nous avons une bonne voiture, bien préparée et rapide. Je crois que les essais ont démontré son potentiel et notre équipage est excellent ».

Présentement, au quart de la course, c’est toujours la Mazda DPi No.77 qui mène le classement toutes-catégories. En GTLM, fortunes diverses pour BMW alors que la No.24 mène, mais la No.25 de Bruno Spengler a perdu 10 tours suite à un souci électrique. En GTD, c’est désormais la Ferrari 488 GT3 de Toni Vilander qui a pris les commandes. La Porsche de Zach Robichon est 4ème et l’Audi de Daniel Morad 13ème apràs avoir été heurtée par la Mercedes de Ben Keating à la chicane. Les 13 premiers des GTD demeurent toutefois dans le même tour. De son côté, l’Aston Martin de Roman de Angelis a abandonné, après un accrochage avec une Lamborghini.