En concurrence de date avec le Grand Prix du Canada, l'édition 2025 des 24 Heures du Mans a lieu ce week-end. Depuis son inauguration en 1923, Le Mans s'est forgé une réputation redoutable en tant que course sur circuit la plus difficile au monde. Avec 70% du tour effectué à plein régime et des vitesses de pointe atteignant 340 km/h, qu'il pleuve ou qu'il vente, le Circuit de La Sarthe, long de 13,626 km, est capable de briser les esprits et les voitures.
Dans une véritable course pour la survie, il faut posséder d’innombrables qualités pour relever ce formidable défi. De l'endurance mentale et physique à la capacité de réagir rapidement à des circonstances et des conditions en constante évolution, de jour comme de nuit.
Pour la dernière épreuve européenne de la saison 2025 du WEC, les 36 équipages engagés dans le Championnat du monde d’Endurance seront rejoints par 26 autres voitures dans les trois catégories : Hypercar, LMP2 et GT3. Le plateau est composé de 17 anciens vainqueurs absolus sur le légendaire double tour d’horloge et de 40 pilotes qui ont triomphé dans leur catégorie. Les points attribués lors du championnat sont doublés pour les participants en lice au titre, en raison de la durée et de la difficulté accrue de la course.
Il s'agit donc d'une étape cruciale dans la lutte pour le titre, une bataille dans laquelle Ferrari a pris un départ fulgurant en dominant les trois manches disputées jusqu'à présent avec sa 499P Hypercar (photo ci-dessus). La Scuderia vise non seulement un quatrième succès consécutif en 2025, mais aussi une troisième victoire d’affilée dans La Sarthe, après la victoire de la N°51, actuel meneur du Championnat du monde, en 2023 et avec sa voiture sœur N°50, l'année dernière.
Les statistiques parlent également en faveur de Ferrari. Depuis la création du WEC en 2012, tous les vainqueurs du Mans ont triomphé au moins trois fois d'affilée… Bien sûr, les adversaires de la marque italienne auront leur mot à dire, et notamment Porsche. Le constructeur de Weissach a remporté un nombre inégalé de 19 victoires au Mans et autant de pole positions. L'an dernier, le héros local Kévin Estre a placé la 963 Penske Motorsport N°6 en pole position.
La dernière victoire de Porsche au Mans remonte toutefois à 2017, et la 963 Hypercar n'est jamais montée sur le podium final des 24 Heures. Les Champions du monde en titre chercheront bien évidemment à modifier le cours de l’histoire, car ils tentent de revigorer leur campagne après un début décevant dans la défense de leur titre.
Toyota, le constructeur le plus titré de la série, n'a pas non plus enregistré de succès en 2025, manquant même le podium lors des trois premières manches de la saison. Mais le constructeur automobile japonais peut se targuer d'un excellent bilan au Mans, ayant signé une victoire ou une deuxième place lors de chaque édition depuis 2018, dont cinq triomphes consécutifs. Notamment, Sébastien Buemi, pilote de la GR010 Hybrid N°8, compte désormais à son actif le plus grand nombre de départs, de victoires, de podiums et de titres conjoints dans l'histoire du WEC.
À l'occasion du 75ᵉ anniversaire de ses débuts dans l'épreuve avec "Le Monstre", une version fortement modifiée de son coupé Série 61, Cadillac tentera de faire fructifier ses récentes performances à La Sarthe, avec son Hypercar V-Series.R qui a fini dans le Top 3 en 2023 et qui a réalisé un double podium l’an dernier.
Les espoirs locaux reposent sur les épaules des anciens vainqueurs du Mans, Peugeot et Alpine. La première a triomphé en 1992, 1993 et 2009, la 9X8 tentant de reproduire l'exploit de ses prédécesseurs 905 et 908 qui, tous deux emporté lors de leur troisième participation. De son côté, la confiance règne chez Alpine suite aux podiums successifs de l’A424, en pleine progression à Imola et à Spa-Francorchamps. Alpine, grâce à Mick Schumacher, a aussi brillé lors de la journée d’essais préliminaires, dimanche dernier, avec une 3ᵉ place tandis que Toyota signait le meilleur chrono devant la 1ère des trois Ferrari.
BMW a également été aux avant-postes cette saison, et la grille Hypercar est complétée par Aston Martin, qui revient dans la catégorie supérieure au Mans pour la première fois depuis 2011 avec son impressionnante Valkyrie. La célèbre marque britannique a remporté la victoire à La Sarthe en 1959, et la marque bavaroise 40 ans plus tard. L’Ontarien Roman de Angelis pilote l’une des deux Valkyrie inscrites.
BMW et Aston Martin sont également présents en LMGT3 qui, avec 24 participants, représente le plus grand rassemblement de GT jamais vu dans une épreuve du WEC. Seul Québécois inscrit cette année encore, Zach Robichon sera au volant de l’une des deux Aston Martin Vantage GT3. L'événement principal dans cette catégorie est le retour de Mercedes après plus d'un quart de siècle d'absence, avec son trio de modèles AMG GT3 engagées par Iron Lynx qui devraient éblouir par leur design rétro rappelant les célèbres "Flèches d'argent".
Le plateau LMGT3 est complété par Corvette (3 voitures, dont celle de l’équipe canadienne AWA avec Orey Fidani), McLaren, Ferrari, Ford, Lexus et Porsche. La 911 GT3 R LMGT3 des Iron Dames, dont l'équipage est exclusivement féminin, arborera une nouvelle livrée intitulée "Powering Your Dreams" (La puissance de vos rêves). À noter concernant cette équipe que Michelle Gatting sera remplacée par Sarah Bovy aux côtés de Rahel Frey et Célia Martin. Gatting s'est fracturé un pied lors de pratiques de changement de pilote dimanche. Pour la liste complète des inscrits, cliquez ici.
L'action en piste débutera par les essais libres ce mercredi 11 juin, suivis des qualifications pour toutes les catégories en soirée. Les séances de l'Hyperpole pour établir la grille finale auront lieu dans la soirée de demain, jeudi 12 juin, et la course débutera à 16h00 (10h heure du Québec) samedi, le 14 juin.
24 Heures du Mans : Ferrari favori mais au moins 15 prototypes capables de gagner; Zach Robichon visera la victoire en GT3
Mercredi 11 juin 2025 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Sébastien Krings