McLaren écrase les autres équipes dans leur course au titre, avec 246 points contre les 141 de Mercedes et les 106 de Red Bull Racing. Comment est-ce possible ?

La recette qu’ils appliquent est pourtant simple à identifier, mais horriblement difficile à exécuter : avoir deux pilotes qui accumulent des points dans les Top 5 ou mieux à chaque sortie, une équipe de gestion et technique de tout premier niveau et qui gère parfaitement son personnel et des projets, et la meilleure technologie à tous les aspects.

Depuis que la MCL39 s'est imposée comme la voiture de référence de la saison 2025, les autres équipes soupçonnent sans conviction une tricherie ou une interprétation trop libre des règlements. Du côté technique, les discussions tournent autour des ailes flexibles, des astuces du mini-DRS, des gains de suspension anti-plongée et de la gestion des pneumatiques. Cependant, à voir ses succès s’accumuler, la situation semble désormais beaucoup plus claire, car les rivaux de McLaren se concentrent de plus en plus sur un aspect spécifique de la performance de McLaren : la température abaissée et plus efficace de ses pneus arrière.

C’est le système de freinage arrière qui aiderait à garder les pneus arrière moins chauds que ceux des autres équipes, ce qui contribue à une adhérence supérieure tout en réduisant l’usure en sortie de virages rapides.

Le pilote peut donc réaccélérer quelques mètres avant les autres en sortie de virage et atteindre sa vitesse maximale sur les droits plus tôt que les autres voitures et se creuser un avantage. Cette avance le protège mieux contre une attaque, même assistée du DRS, de la part des autres pilotes aux prises avec des pneus arrière plus chauds et donc moins efficaces. Une fois devant un concurrent, les McLaren deviennent pratiquement intouchables.

Le journaliste automobile allemand Michael Schmidt a maintenant révélé ce que McLaren fait différemment. Selon lui, l’avant des McLaren est moins précis et réactif que ceux de Red Bull et Mercedes par exemple. Les meilleurs freins arrière des McLaren redonnent à la McLaren en sortie de virage et sur les droits le temps perdu en entrée de virage, surtout sur les longs droits.

La véritable avancée pourrait résider dans les énormes tambours qui bloquent la montée de température des étriers, plaquettes et disques vers la jante et le pneu. McLaren semble avoir travaillé l’admission d’air frais dans les gros tambours et notamment l’extraction de l’air chaud vers des écopes de sortie d’air chaud vers l’arrière de la roue.

McLaren pourrait aussi avoir utilisé l’IA pour analyser plus finement que ses adversaires toutes les variables en jeu durant une course : température ambiante, celles des disques et des plaquettes, la vitesse et les flux d’air, le comportement des gommes et de la structure des pneus, les charges latérales et verticales, l’angle de glisse des plans du pneu et de la voiture, les variations de température latérale sur la semelle des pneus, le poids de la voiture et les charges verticales (masse et poussée aérodynamique), densité de l’air, etc.

Et si McLaren parvenait aussi à améliorer la précision de la suspension avant de ses monoplaces, elle aurait alors un autre gros avantage pour rendre ses concurrents encore plus fous. Dans l’intérêt du spectacle, on ne l’espère pas, mais force est de reconnaître qu’un an avant le profond changement de réglementation, la MCL39 est sans doute la monoplace la plus exceptionnelle de la réglementation actuelle. Et cela, personne n’aurait pu l'imaginer en voyant gagner Red Bull en 2022 et 2023 !