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14 juillet : Première victoire d'une voiture Williams en Formule 1 en 1979

14 juillet : Première victoire d'une voiture Williams en Formule 1 en 1979

Vendredi 14 juillet 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Sir Frank Williams a longtemps couru après la première victoire d'une de ses monoplaces en Formule 1. Cela est enfin survenu sur le circuit de Silverstone en Grande-Bretagne, mais pas grâce au premier pilote de son écurie.

Après avoir tenté sa chance au volant de voitures de compétition, Frank Williams a vite compris qu'il était un bien meilleur organisateur que pilote. Obstiné à réussir et doté d'une détermination sans faille, il a monté une minuscule structure et a fait courir d'anciennes voitures de F1 pas toujours performantes.

Engageant des pilotes payants ou soutenus par des commanditaires, Williams fait courir ses voitures dans des conditions précaires. Les châssis sont fatigués, les moteurs sont à bout de souffle et les déplacements en Europe coûtent très cher.

Toutefois, le sort de Frank Williams bascule au cours de l'année 1977. Son écurie fait courir un Belge, Patrick Nève, à bord d'une March 761-Ford. Perspicace et très au courant de la politique internationale, Williams a compris que plusieurs pays du Moyen-Orient, forts de leur pétrole, sont devenus des états extrêmement riches et qui désirent se positionner sur l'échiquier mondial. Grâce à ses contacts, Frank réussit à signer un contrat de commandite avec la compagnie aérienne d'Arabie saoudite, Saudia Airlines, dont le logo apparaît sur la March de Nève.

Williams effectue ensuite de nombreux voyages à Riyad et signe des ententes avec TAG (Techniques d’Avant Garde) et Albilad, l'entreprise de travaux publics de Mohammed Ben Laden. Il décide de ne plus acheter de vieilles voitures et de faire fabriquer son propre bolide. Il confie la conception de la voiture à un amateur de bateaux à voile, Patrick Head.

Head et son adjoint, Neil Oatley, dessinent une belle petite voiture, la FW06-Ford confiée à l'Australien Alan Jones pour la saison 1978. Le duo d’ingénieurs, aidé par Frank Dernie, conçoit une évolution de la Lotus 79 à effet de sol, la magnifique et élégante FW07-Ford, qui dispute la saison 1979.

La FW07 connaît quelques problèmes de fiabilité lors de ses premières courses, mais Clay Regazzoni se classe second à Monaco, puis Alan Jones termine quatrième en France.

Le Grand Prix suivant, celui de Grande-Bretagne, est disputé le 14 juillet 1979 à Silverstone. Jones démontre l'incroyable efficacité de l'effet de sol de la FW07 en réalisant un tour de qualification stupéfiant en 1’11”88, soit sept secondes de mieux que la pole réalisée l’année précédente par James Hunt sur sa McLaren-Ford (1'18”490).

Alan Jones en grand perdant

Au feu vert, Jones et Jean-Pierre Jabouille, sur une Renault turbo, ont du mal à démarrer, ce qui permet à Regazzoni de prendre la tête. Mais la fête du Suisse est de courte durée, car Jones le double quelques virages plus tard. La Renault de Jabouille, qui a gagné en France deux semaines auparavant, ne parvient pas à suivre le rythme infernal de la Williams. Michelins usés à la corde, la Renault s'arrête pour un train de pneus neuf.

Au 20e passage, Jones possède une avance de 22 secondes sur Regazzoni. Les autres, incluant René Arnoux (Renault), Jody Scheckter et Gilles Villeneuve (Ferrari) sont loin derrière.

Jones, un pilote plein de talent, mais au caractère bourru, est convaincu de filer vers la victoire. Au bord de la piste, Frank Williams n'en croit pas ses yeux ; sa FW07 va gagner un Grand Prix !

Cependant, le malheur frappe aux deux tiers de la course. Un peu de fumée s'échappe de l'arrière de la voiture de Jones. Le manomètre de température d'eau s'affole. Au 39e tour, Jones rentre aux puits et abandonne. Un joint de la pompe à eau de son moteur Ford Cosworth a cédé et la fuite d’eau qui en a résulté a fait gripper un piston.

Si son pilote No. 1 a abandonné, Frank surveille son autre voiture pilotée par Regazzoni. Le Suisse est clairement en tête devant Arnoux qui baisse constamment le rythme, aux prises avec des freins bien fatigués.

Au terme du 68e et dernier tour, Regazzoni, âgé de presque 40 ans, croise l’arrivée en première place, 24 secondes avant Arnoux et avec un tour d’avance sur la Tyrrell-Ford de Jean-Pierre Jarier.

Le Suisse offre cette première victoire en Grand Prix tant attendue à Frank Williams. La petite équipe célèbre cette performance, mais pas trop. Frank n'est pas du style à s'asseoir sur ses lauriers. Il est déçu que la voiture de Jones ait connu un problème technique qui l'a forcé à abandonner. Oui, Frank est heureux, mais il va immédiatement inciter son écurie à faire encore mieux. Et ce sera le cas !