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Rétro : Quand les cousins français venaient disputer le Grand Prix du Canada à Montréal

Rétro : Quand les cousins français venaient disputer le Grand Prix du Canada à Montréal

Jeudi 15 juin 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Publicité Elf

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Il n’y a que deux pilotes français en Formule 1 cette saison : Pierre Gasly et Esteban Ocon. Toutefois, lors des premières éditions du Grand Prix du Canada organisées sur le circuit de l’Île Notre-Dame à Montréal, il y avait jusqu’à huit pilotes provenant de la France.

D’ailleurs, à cette époque, la France possédait le plus fort contingent de pilotes en Grand Prix. On l'appelait "l'Équipe de France". En 1978, elle était composée de Patrick Depailler, Patrick Tambay, René Arnoux, Jacques Laffite, Jean-Pierre Jarier, Didier Pironi et Jean-Pierre Jabouille. Un an plus tard, Alain Prost s’est joint à eux.

Si Gilles Villeneuve était l’idole des spectateurs qui découvraient la F1 au Québec à la fin des années 1970, les "cousins français" étaient les chouchous des amateurs et des médias. Plusieurs d’entre eux étaient invités à différentes émissions de télé, incluant "Les coqueluches" de Radio-Canada qui était diffusée en direct depuis le Complexe Desjardins, au centre-ville de Montréal.

« J'aimais beaucoup faire de la radio ou de la télé, car les animateurs connaissaient bien peu la F1, mais il se développait une véritable relation durant l'interview » nous raconte René Arnoux. « Ils improvisaient un peu, mais c'était très agréable. Ça tournait plus au dialogue qu'à l'interview. À l'époque, il y avait aussi ce fameux défilé des voitures de F1 sur des camions dans les rues du centre-ville. Je trouvais cela fabuleux, car les gens pouvaient admirer les voitures de près. C'était folklorique, sympathique, mais aussi bénéfique et enrichissant » ajoute-t-il.

Les pilotes français arrivaient généralement très tôt qu Québec durant la semaine du Grand Prix afin de profiter pleinement de chaque minute. « Il n'y avait que deux pays où Clay Regazzoni, Jacques Laffite et moi arrivions huit jours avant la course : l'Argentine et le Canada, car ce sont deux pays exceptionnels » nous avait raconté Jean-Pierre Jabouille, l'ancien pilote Renault récememnt décédé. Il faut souligner qu’à cette époque, Renault était présent en sol nord-américain.

Une semaine entière au Québec

« Nous venions avec un immense plaisir » nous avait dit Patrick Tambay, lui aussi malheureusement décédé récemment. « J'ai découvert le Québec en courant en Formule Atlantique et en Can-Am, mais c'est Gilles [Villeneuve] qui m'a fait découvrir les gens. Ils nous choyaient. Pour nous, Français, c'était une visite chez les "cousins québécois". Au fil des ans, on a développé des relations amicales extrêmement solides avec plusieurs personnes » de dire Tambay.

René Arnoux, qui a remporté le Grand Prix du Canada à Montréal en 1983 aux commandes d’une Ferrari, nous a avoué : « J'aime les gens spontanés comme les Québécois. Gilles Villeneuve a beaucoup fait pour populariser la Formule 1 auprès du grand public ».

Les Français adoraient profiter des vastes espaces. « Nous partions souvent à la pêche dans les Laurentides » avait ajouté Jabouille. « On y allait parfois en auto, parfois en avion. C'était Gaston Parent [l'agent de Villeneuve] qui organisait tout cela ». Jarier aussi possède d’excellents souvenirs de ses visites ici : « Jabouille, Laffite, Pironi et moi allions tous à la pêche. On louait un hydravion avec le pilote et on grimpait à bord avec les cannes à pêche et tout l'équipement. Nous dormions dans des petits chalets au bord des lacs où il n'y avait personne. Quels souvenirs !»

Les organisateurs du Grand Prix s’assuraient que les pilotes, surtout les Français, profitent pleinement de leur séjour. Ils participaient à des visites des postes de police, visitaient le complexe de la Baie James, faisaient du rafting sur la rivière Rouge, passaient d’un plateau de télé à un autre ou bien participaient à des matchs de soccer amicaux. René Arnoux, ami proche de Villeneuve, a bien résumé le sentiment des pilotes français de cette époque envers le public québécois : « Le pays est très froid, mais les gens sont extrêmement chaleureux ».