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Technique : La monstrueuse Mercedes C9 d’Endurance de 1989 avec le son d’une voiture NASCAR Cup ! (+ vidéo)

Technique : La monstrueuse Mercedes C9 d’Endurance de 1989 avec le son d’une voiture NASCAR Cup ! (+ vidéo)

Mardi 6 juin 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Mercedes Media

Crédit photo: Mercedes Media

À la suite de la tragédie survenue durant les 24 Heures du Mans de 1955 qui avait fait 84 morts et plus de 120 blessés, Mercedes-Benz s’était retiré du sport automobile pour n’en revenir que 30 ans plus tard. En 1985, Mercedes a alors conclu une entente avec le Suisse Peter Sauber afin de lui faire produire une voiture de Groupe C destinée à courir dans le Championnat du monde des voitures de sport. Cette Sauber C8 à moteur Mercedes n’a pas connu beaucoup de succès, mais sa remplaçante, la C9, fut une incontestable réussite.

La première version de la C9 a disputé la saison 1988. Commanditées par AEG, une filiale de Mercedes, et Olympia, les deux C9 noires ont remporté cinq victoires en 11 épreuves (10 en fait, car Mercedes a retiré ses voitures après les essais des 24 Heures du Mans à cause d’éclatements de pneus non résolus).

Pour la saison 1989, les deux C9 sont peintes en gris métallisé, un clin d’œil aux légendaires “Silver Arrows”. Les C9 dérochent huit victoires, réalisent un doublé au Mans, et permettent au Français Jean-Louis Schlesser d’être couronné Champion du monde d’Endurance.

Faisons le tour de cet impressionnant bolide qui a marqué les esprits par ses performances et sa sonorité gutturale. Son cœur est le moteur V8 M117 d’une cylindrée de 5,0 litres (4973 cc) et gavé par deux turbos, ce qui équivalait à une cylindrée atmosphérique de 8,454 litres. Produit par Mercedes, ce moteur était préparé par le Suisse Heini Mader.

Cependant, un V8 amélioré, le M119HL, fit son apparition en cours de saison, produit par l’usine de moteurs de Mercedes à Untertürkheim placée sous la supervision de Hermann Hiereth. Le M119HL était allégé grâce à un vilebrequin moins lourd, une culasse en aluminium à 16 soupapes, des turbos KKK plus efficaces et un bloc sans chemises. Il était semi-porteur et sa lubrification était effectuée par un carter sec.

En qualification, le V8 fonctionnait avec 2,2 bar de pression, produisant tout près de 800 chevaux. En course, la pression était abaissée à 1,9 bar. Le couple était constant entre 3000 et 6000 tours, et le régime maximum était de 7000 tours/minute, tandis que l’injection d’essence était gérée par une centrale électronique Bosch Motronic MP 2.7.

Le châssis en feuilles d’aluminium rivetées était semblable à celui de la C8, mais renforci, plus rigide et un peu moins lourd. Afin d’abaisser la hauteur du capot moteur, la suspension arrière fut couchée à plat et placée au-dessus de la boîte de vitesses à cinq rapports Hewland.

La carrosserie de la C9 était plus efficace que celle de la C8. Le radiateur eau/huile avait été déplacé à l’avant du bolide, ce qui a permis de modifier le splitter avant. Les prises d’air NACA avaient été éliminées, le capot moteur avait été profilé et l’aileron arrière ne disposait que d’un support unique. Évidemment, en comparaison aux Hypercars actuelles, la C9 a vraiment l’air d’un gros camion, sans artifices aérodynamiques et ailettes en tous genres.

En configuration faible traînée aérodynamique, les C9 ont fait des merveilles. Durant les qualifications, la C9 No. 61 pilotée par Mauro Baldi/Kenny Acheson/Gianfranco Brancatelli a atteint la vitesse de 400 km/h sur la ligne droite de Mulsanne (avant l’installation des deux chicanes). Lors des qualifications, c’est la C9 No. 62 qui a réalisé la pole position grâce à Jean-Pierre Jabouille/Jean-Louis Schlesser/Alain Cudini, mais en course, c’est la No. 63 de Jochen Mass/Stanley Dickens/Manuel Reuter qui a remporté la victoire en parcourant 5265,155 km.

L’écurie Sauber Mercedes a gagné toutes les courses en 1989 sauf une, les 480 km de Dijon, seconde manche de la saison. Si le monstre était hyper rapide et relativement facile à conduire selon les pilotes qui l’ont eu entre les mains, c’est son extraordinaire fiabilité mécanique qui a fait la différence durant la saison victorieuse.

Il y a aussi le son impressionnant de cette machine peu ordinaire qui a étonné, et séduit, les amateurs et même les autres compétiteurs. Même s’il était muni de deux turbos, ce V8 bourdonnait à s’y méprendre comme le moteur d’une voiture de NASCAR Cup !  Vous pouvez le constater en regardant cette excellente vidéo.