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L'époque de la guerre des pneus en F1 : Retour sur le scandale d’Indianapolis 2005

L'époque de la guerre des pneus en F1 : Retour sur le scandale d’Indianapolis 2005

Vendredi 28 novembre 2025 par Éric Keiniger Jr
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Ce week-end, la FIA a décidé d'imposer deux arrêts aux puits en prévision du Grand Prix du Qatar. Ce circuit particulièrement exigeant pour les pneumatiques pourrait effectivement entraîner des crevaisons. Mais la FIA n’a pas toujours été aussi précautionneuse, en témoigne le Grand Prix des États-Unis de 2005.

Avant l’arrivée de Pirelli comme fournisseur officiel, la F1 accueillait plusieurs manufacturiers de pneus sur une même saison. De 1997 à 2000, c’est Bridgestone qui a le monopole, acteur important du succès de la Scuderia Ferrari, la firme japonaise contribue à permettre à Michael Schumacher de décrocher cinq titres de champions du monde.

Suite au départ de Goodyear en 1998, c’est Michelin qui fait son apparition en 2001. Ce nouveau concurrent apporte une gamme de pneus performante, qui arrivera même à rivaliser avec Bridgestone lors de la saison 2003.

La rivalité entre les deux manufacturiers atteint son apogée lors de la saison 2005, suite à l’introduction d’une nouvelle réglementation interdisant aux écuries de changer de pneus pendant la course. Michelin, qui équipe les deux favoris que sont Renault et McLaren, propose des pneus performants, meilleurs sur les longs relais et capables d’offrir beaucoup d’adhérence. De son côté, Bridgestone, qui bénéficie de la loyauté de Ferrari, propose une gamme de pneus très performante sur les courts relais, mais qui se dégrade fortement en piste.

Choisie par sept écuries sur dix, la gomme Michelin s’avère être la plus compétitive pour cette saison 2005, permettant à Fernando Alonso de décrocher son premier titre de champion du monde. Mais cette belle saison sera tout de même entachée par un scandale, celui du Grand Prix des États-Unis, à Indianapolis.

L’erreur de Michelin

Lors des séances d’essais libres, Ricardo Zonta et Ralf Schumacher (photo ci-dessous) sont victimes d’un éclatement du pneu arrière gauche. Inquiets, les ingénieurs de chez Michelin analysent les pneumatiques des autres pilotes et remarquent qu’ils présentent également des traces d'usures inhabituelles.

Rapidement, on comprend que la piste récemment resurfacée est trop abrasive, et que le banking, la partie ovale de l’Indianapolis Motor Speedway, applique trop de contraintes sur les pneus français. De son côté, Bridgestone n’a pas ce souci, puisque le manufacturier nippon possède la filiale Firestone, qui équipe les monoplaces d’Indycar habituées à rouler sur ce tracé.

Ne pouvant pas garantir la survie des pneumatiques sur toute la durée de la course, Michelin doit donc trouver une solution. La première idée évoquée est celle d'autoriser exceptionnellement le changement de pneus pendant la course, chose qui sera refusée par la FIA. La deuxième solution proposée est de mettre en place une chicane, mais cette idée fait face à deux problèmes. Premièrement, Ferrari s’oppose à cette modification, estimant que les soucis de Michelin ne doivent pas les pénaliser. De plus, la FIA ne peut pas prendre le risque de modifier le tracé, qui perdrait ainsi son homologation.

Dans les paddocks, la rumeur concernant un possible retrait des monoplaces équipées de pneus Michelin commence à circuler. Cette rumeur va se confirmer, puisqu'à l'issue du tour de formation, les quatorze monoplaces chaussées de pneumatiques français rentrent aux puits pour abandonner. À l'issue de cette course n’ayant vu que six pilotes s’affronter, c’est Michael Schumacher qui monte sur la première marche du podium, suivi de son coéquipier Rubens Barrichello et de Tiago Monteiro au volant de sa Jordan. 

Cette course est un fiasco qui a longtemps entaché l’image de la Formule 1 aux États-Unis. De nombreux spectateurs ont quitté le Grand Prix avant la fin, tandis que d’autres sont restés pour faire entendre leur mécontentement. Reconnaissant son erreur et ayant à cœur de se faire pardonner, la firme française a proposé d’offrir des billets pour la saison suivante.

À l’issue d’une saison 2006 couronnée de succès, le manufacturier français quitte la Formule 1, suite à des divergences concernant le cahier des charges, mais emporte avec lui deux titres de champions du monde acquis avec Renault.

Crédit photo: Galeron