Le président de la Russie, Vladimir Poutine, est de toutes les discussions politiques depuis plusieurs années et surtout à cause du conflit (pour ne pas dire la guerre) qui l’oppose à son voisin, l’Ukraine. On sait très bien que Poutine est un personnage de spectacle. Depuis longtemps, il aime se mettre en scène comme combattant de forces spéciales, judoka, chasseur émérite, attaquant en hockey sur glace, pilote d’avion de combat ou même de commandant de sous-marin nucléaire. En 2010, il s’est transformé en pilote lorsqu’il a testé une Renault de Formule 1.
À ce moment-là, Poutine était le président du gouvernement russe, car le président de la fédération de Russie était Dmitri Medvedev. Lors des élections de 2012, Poutine est redevenu le grand patron de la Russie. De son côté, Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1, rêvait depuis 1983 de tenir un Grand Prix en Union soviétique. Les discussions n’avaient pas vraiment progressé jusqu’à ce que la Russie retrouve une certaine stabilité politique au début des années 2000.
Les négociations progressent alors en 2010, quand Ecclestone discute directement avec Poutine, que le constructeur automobile français Renault lie des liens avec le constructeur russe Lada et qu’un pilote russe, Vitaly Petrov, deuxième au championnat de série GP2 avec deux victoires en 2009, signe un contrat de pilote titulaire avec Renault F1 aux côtés de Robert Kubica.
Celle qui gère la carrière de Petrov, Oksana Kosachenko, va aussi jouer un rôle dans les négociations entre Ecclestone et Poutine. Dans le but de faire accélérer les discussions concernant la présentation d’un premier Grand Prix de Russie dans la ville de Sotchi, il est convenu de faire essayer une ancienne Renault F1 de 2006 au maître du Kremlin.
L’événement a lieu dimanche le 7 novembre 2010, non pas sur un circuit automobile, mais plutôt sur un bout de route fermé à la circulation aux alentours de Saint-Pétersbourg, ville où Poutine a été maire de 1991 à 1995. Le tout est supervisé par Gérard Lopez, le patron de Genii Capital et directeur de Renault F1, écurie commanditée en partie par Lada. Une fine pluie se met alors à tomber.
Oksana Kosachenko sert d’intermédiaire entre les membres de l’écurie et Poutine. Un ingénieur détaille au président le fonctionnement de la monoplace et des changements de vitesses du volant. Quand l’ingénieur lui demande s’il trouve le siège confortable, Poutine affirme sans sourire « Même ma vieille Zaporozhets est plus logeable que cela…». Puis, Vladimir Poutine enfile une combinaison jaune identifiée à Renault et un casque peint aux couleurs de la Russie dont la bande de visière porte l'inscription "Russie" en lettre cyrillique.
Poutine ne cale pas au démarrage et effectue des accélérations sur les lignes droites. Il prend graduellement confiance et hausse le rythme. Le système d’acquisition de données montre que la Renault a atteint une vitesse maximale de 250 km/h. Il se laisse prendre au jeu et commencer à zigzaguer entre les cônes orange. Toutefois, il se fait piéger par le manque d’adhérence du sol mouillé et la Renault se met en travers, puis effectue un joli tête-à-queue à assez basse vitesse.
Quand il s’extrait du cockpit, Poutine déclare tout simplement « Pas mauvais pour une première fois ». En réalité, il est extrêmement satisfait, car un mois auparavant, il a signé une entente avec Ecclestone qui officialise la tenue d’un premier Grand Prix de Russie à Sotchi, qui aura finalement lieu le 12 octobre 2014.
Quant à Petrov, il a disputé 57 Grands Prix pour les écuries Renault, Lotus Renault et Caterham. Son meilleur classement a été une troisième place acquise en Australie en 2011. On se souvient surtout de lui pour avoir gardé Fernando Alonso derrière lui durant presque toute la course à Abou Dhabi en 2010, contribuant ainsi à l'échec de ce dernier et de l’écurie Ferrari dans leur quête du titre mondial.
Rétro 2010: Quand le président russe Vladimir Poutine a essayé une Renault F1
Jeudi 28 août 2025 par René Fagnan
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