Lors du Grand Prix de Trois-Rivières de 1989, Jacques Villeneuve, le frère de Gilles, et Claude Bourbonnais se sont livrés un combat féroce en Formule Atlantique. Les deux Québécois fuguraient alors partie des pilotes les plus victorieux de cette catégorie de monoplaces.

Jacques Villeneuve, souvent surnommé affectueusement "mon oncle", était alors un double champion de la série, ayant remporté le titre en 1980 et 1981. Jacques a ensuite récolté le titre en série Can-Am cinq litres avant de courir durant trois saisons, 1984-85-86, en série CART/IndyCar, récolant une victoire en 1985 sur le tracé de Road America.

En 1989, Villeneuve est âgé de 36 ans et il est parfaitement conscient qu’il ne relancera pas sa carrière au volant d’une Formule Atlantique. En revanche, le nom "Villeneuve" est si fortement associé au Grand Prix de Trois-Rivières qu’il est presque essentiel qu’il y participe encore une fois.

À quelques jours de l’événement prévu le week-end du 27 août, Villeneuve trouve enfin un arrangement financier avec ses commanditaires habituels ainsi que UAP, Sherlock et les pharmacies Jean Coutu pour être au volant d’une Swift DB-4 de l’écurie Chris Clark Racing. Cette annonce satisfait les organisateurs qui ont travaillé très fort pour tenir un Grand Prix après une interruption de trois ans.

Durant les essais libres, Villeneuve endommage légèrement sa monture en touchant un muret en béton. Voyant un compétiteur se mettre en travers au bout de la ligne droite du Carmel, Jacques a freiné, mais la pédale est allée au plancher et la voiture a légèrement tapé le mur. Les dommages sont toutefois vite réparés.

Lors de l’unique séance de qualification, Villeneuve enregistre le chrono le plus rapide pour installer sa Swift en pole position. J.O. "Jocko" Cunningham, le meneur au championnat, se classe en seconde place devant Robert Kaneda et Claude Bourbonnais aux commandes d’une Swift de l’écurie de John Hayes commanditée par les montres Cardinal. Claude avoue que sa monture manque nettement de traction dans les sorties de virages, et il a fini par percuter le mur durant les qualifications, devant se contenter de prendre le départ arrêté en quatrième position.

Un moteur qui coupe…

La course prévue sur 50 tours démarre dimanche le 27 à 13 heures devant une foule estimée à 9000 spectateurs. Villeneuve effectue un excellent départ et négocie le premier virage en première place. Derrière lui, l’action fait rage. Bourbonnais parvient d’abord à doubler Kaneda, puis passe Cunningham au cinquième tour pour occuper le deuxième rang. À ce moment-là, Villeneuve, de Saint-Cuthbert, possède une avance confortable de huit secondes sur Bourbonnais qui n’est pas entièrement satisfait du comportement de sa Swift.

À la mi-course, Bourbonnais est toujours à l’attaque. Cependant, tout ne va pas pour le mieux pour Villeneuve, car son avance fond soudainement de neuf à deux secondes. « J'avais un problème de moteur intermittent. Il coupait lors des freinages. Au bout de la ligne droite du boulevard du Carmel, il s’est éteint complètement pendant trois ou quatre secondes, ce qui a permis à Claude de me rejoindre.  J’ai bien cru que ma course était terminée. Heureusement, le moteur a redémarré et j'ai pu continuer la course et j’ai poussé plus fort quand j'ai vu que Claude était juste derrière moi » avait raconté Jacques après la course.

Villeneuve s’est ensuite progressivement éloigné du reste du peloton et termine bon premier avec une avance de sept secondes sur Bourbonnais. L’Américain Freddy Rhemrev prend le troisième rang, lui qui était parti en quinzième place sur la grille, et il devance Colin Trueman.

“Oncle” Jacques signe aussi le tour le plus rapide en course en 1’04”607. Sur le podium, Villeneuve est heureux comme aux plus beaux jours de sa carrière et il empoche la somme de 5500$ américains pour sa victoire.

S’il n’a pas relancé sa carrière avec cette victoire, Jacques a vraiment fait plaisir à des milliers d’amateurs de course automobile au pays.