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Portrait: Ronnie Peterson, celui qui adorait effectuer des dérapages en Formule 1

Portrait: Ronnie Peterson, celui qui adorait effectuer des dérapages en Formule 1

Vendredi 20 juin 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Internet/Photographe inconnu

Crédit photo: Internet/Photographe inconnu

On peut parfois se demander si le pilote suédois Ronnie Peterson ne s’était pas trompé de discipline quand il a commencé à faire de la course automobile. Lui qui a couru en Formule 1 aurait peut-être dû faire du rallye.

On peut dire que Ronnie Peterson était “Monsieur tout-en-travers”. Pour lui, il n’y avait qu’une seule façon de négocier un virage et c’était de placer sa voiture en dérapage avant le point de corde et de contrôler la glissade jusqu’à la sortie.

Cette façon de piloter était celle utilisée avec un kart de compétition à prise directe à cette époque. Peterson, qui a commencé en courir en karting au début des années ‘60, a donc appris à conduire de cette façon, et il n’a jamais tenté de changer de technique !

Celui qu’on a surnommé “Super Swede” passe ensuite à l’automobile et remporte deux titres consécutifs de Formule 3 suédoise, décroche la victoire en F3 au Grand Prix de Monaco avant de goûter très vite à la Formule 1 en 1970 à bord de March 701 inscrite par deux petites écuries privées.

En 1971, il devient pilote d’usine March. Il récolte le titre de champion en Formule 2 et fait assez incroyable, se classe second au championnat de F1 derrière Jackie Stewart. Peterson n’a pas remporté de victoire, mais a récolté quatre deuxièmes places en 11 départs. Un an plus tard, Peterson court à droite et à gauche en étant inscrit en F1, Formule 2, F2 britannique et en Endurance avec Ferrari.

C’est en 1973 qu’il accepte l’offre faite par Colin Chapman de joindre le Team Lotus. Au volant des Lotus 72D et E, il compte neuf pole positions et quatre victoires en 15 épreuves et se classe troisième au championnat. C’est à cette époque que son ingénieur, Ralph Bellamy, apprend en discutant avec lui qu’il ne connaît même pas la différence entre le sous-virage et le survirage ! Pour lui, c’est du pareil au même tant il aime faire déraper sa voiture. Ces neufs pole positions démontrent qu’il était incroyablement rapide.

Peter Warr, le directeur sportif du Team Lotus, affirme que Ronnie n’avait aucune idée comment il fallait régler une voiture. « Mais quand nous ajustions sa voiture comme celle d’Emerson [Fitipaldi, son coéquipier], Ronnie décrochait la pole position ! »

Peterson pilote pour March et Tyrrell puis revient chez Lotus

Fin 1973, Fittipaldi a une chance de battre Jackie Stewart au championnat du monde. Chapman demande donc à Ronnie de laisser Fittipaldi gagner le Grand Prix d’Italie à Monza. Mais en fin d’épreuve, Chapman, outré d’avoir discrètement appris que le Brésilien irait courir pour McLaren la saison prochaine, ne passe pas le signal à Ronnie de laisser Fittipaldi le doubler. Ainsi, Peterson gagne la course et Fittipaldi perd le titre en faveur de Stewart.

Les deux saisons suivantes, 1974 et 1975, sont moins brillantes. La Lotus 72 vieillissante fonctionne beaucoup moins bien avec les pneus Goodyear et Peterson n’accroche que trois victoires, toutes acquises en 1974. Déçu par l’obstination qu’a Chapman d’user la 72 jusqu’à la corde, Ronnie quitte Lotus et trouve refuge chez March.

La March 761 est handicapé par de grandes faiblesses mécaniques. Peterson abandonne à 11 reprises et ne récolte qu’une seule victoire, acquise sur le circuit hyper rapide de Monza.

Déçu encore une fois, il répond favorablement aux appels de Ken Tyrrell pour piloter la fameuse P34 à six roues, malheureusement sur le déclin. La P34 est fragile, trop lourde et freine mal. Malgré un podium acquis en Belgique, Peterson comprend qu’il doit trouver refuge ailleurs.

Colin Chapman lui lance une bouée de sauvetage en 1978. Avec un salaire payé par le conte Zanon, Peterson accepte d’être le second pilote du Team Lotus. Son contrat stipule qu’il pourra gagner une course seulement si son leader, Mario Andretti, est contraint à l’abandon. Peterson est un coéquipier modèle et ne rouspète pas. Il gagne en Afrique du Sud et en Autriche, mais il est victime d’un énorme accident au départ du Grand Prix d’Italie à Monza.

La Lotus 78 de Peterson est percutée par la McLaren de James Hunt avant le freinage de la première chicane. La Lotus frappe les rails de face et s’embrase. Hunt, Patrick Depailler, Clay Regazzoni et Arturo Merzario viennent à son secours et parviennent à extraire le Suédois de ce qui reste de la Lotus. Il est transféré par hélicoptère à l’hôpital où les radiographies révèlent 27 fractures aux jambes et aux pieds.

Il est opéré, possiblement trop tôt, et il décède durant la nuit du 11 septembre 1978. Ronnie a été victime d’une embolie graisseuse, car des dépôts de graisse provenant de ses os fracturés se sont s’infiltrés dans ses vaisseaux sanguins, ce qui a bloqué la circulation dans ses poumons et privé son cerveau d'oxygène. Il venait de signer avec l’écurie McLaren pour la saison 1979.

Pilote discret qui appréciait une vie simple et tranquille, Ronnie Peterson possédait un style de pilotage flamboyant, était courageux, incroyablement doué et hyper rapide. Il a marqué l’Histoire de la F1.