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30 mai : Présentation de la première édition des 500 milles d’Indianapolis en 1911

30 mai : Présentation de la première édition des 500 milles d’Indianapolis en 1911

Vendredi 30 mai 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Flickr/Photographe inconnu

Crédit photo: Flickr/Photographe inconnu

Après avoir présenté deux éditions en 1909 et 1910 avec des courses automobiles relativement courtes sur un tracé doté d’une surface dangereuse, les propriétaires du super ovale d’Indianapolis ont décidé de tenir une seule longue course longue de 500 milles ou 804 km afin de favoriser la participation des constructeurs automobiles des États-Unis et d’ailleurs dans le monde.

Les dirigeants du circuit songèrent d’abord à une course d’endurance de 24 heures, puis à une autre longue de 1000 milles (ou 1600 km), mais tout cela semblait être trop long pour intéresser les spectateurs. Afin de couper la poire en deux la distance de 500 milles fut choisie ; elle était à la fois un sprint et une endurance. Quant à la date choisie, ça sera toujours celle de Memorial Day à la fin mai.

Les invitations sont envoyées pour cette grande première qui doit avoir lieu le 30 mai 1911. Cela intéresse fortement Ray Harroun, un ingénieur du constructeur Marmon-Nordyke et qui est aussi le champion en titre de la série AAA. Il prépare sa monture : un châssis Marmon Wasp allégé et propulsé par un moteur six cylindres atmosphérique Marmon I6 d’une cylindrée de 9,8 litres qui produit la puissance de 140 chevaux. Avec sa transmission à quatre rapports, la voiture affiche un poids de 1043 kilos.

Harroun est un ingénieur astucieux et au lieu d’embarquer un mécanicien avec lui (comme le règlement l’oblige pourtant à faire), il conçoit et installe un rétroviseur devant lui afin de surveiller ce qui se passera derrière lui. Son autre ruse sera de préserver ses pneus. Il prévoit adopter un rythme moyen un peu plus lent que ses rivaux - 120 km/h de moyenne contre 130 habituellement - afin de moins user ses pneus durant la course.

Ce 30 mai 1911, les 40 bolides démarrent dans un épais nuage d’huile brûlée. Johnny Aitken saute de la quatrième à la première place et demeure en tête durant cinq tours. Il est doublé par la Mercedes de Spencer Wishart qui se fait ensuite doubler par la Fiat de David Bruce-Brown qui mène durant la première moitié de l’épreuve.

Au 12e tour, Sam Dickson, le mécanicien d’Arthur Greiner, devient la première victime de l’Histoire de l’Indy 500 quand le pauvre est éjecté de sa voiture et décède de ses blessures internes.

À la mi-course, Harroun, qui a pris le départ en 28e position, passe devant Bruce-Brown et prend la tête de la course. Mais peu après, Harroun doit résister à Ralph Mulford à bord d’une Lozier. La lutte est intense jusqu’à ce qu’un pneu de la Marmon crève, forçant son pilote à s’arrêter aux puits. Harroun reprend la commande quand Mulford s’arrête à son tour.

La Marmon franchit la ligne d’arrivée après avoir parcouru 500 milles en 6h42’08” à la vitesse moyenne de 120,06 km/h. Il empoche une bourse de 10 000$ américains (soit l’équivalent de 324 000$ en dollars actuels !). Mulford termine au second rang à 1’43” du vainqueur. David Bruce-Brown et sa Fiat S61 sont troisièmes.

Il est indéniable que l’usure des pneus a joué un rôle crucial dans le déroulement de cette course. Harroun s’est arrêté à quatre reprises pour des pneus et n’a connu qu’une seule crevaison (certains documents affirment toutefois qu’il n’a pas eu de crevaison). En comparaison, la Lozier de Mulford a détruit 14 pneus au cours de l’épreuve.

En 1911, un changement de pneus était un processus long et laborieux, car les roues n'étaient généralement pas démontables. Les pneus usés devaient être retirés des jantes, et les nouveaux remontés et gonflés à l'aide d'outils manuels et dans les conditions précaires des puits.