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6 Heures de Spa WEC : Bruno Famin et les projets d’Alpine…

6 Heures de Spa WEC : Bruno Famin et les projets d’Alpine…

Samedi 10 mai 2025 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Sébastien Krings

Crédit photo: Sébastien Krings

Célèbre en France, Alpine compte des fans parmi les passionnés de sport automobile à travers le monde, y compris au Québec. Créée en 1955, abandonnée en 1995 puis relancée en 2012, la marque est aujourd’hui présente en Formule 1, en Championnat du monde d’Endurance (WEC) ainsi que dans des épreuves européennes de rallye. Par ailleurs, deux rumeurs entourent Alpine depuis quelques mois : l’engagement de ses prototypes en IMSA en plus du WEC et la venue de la marque sur le marché nord-américain et notamment canadien. Rêve ou réalité ?

Une heure avant le départ des 6 Heures de Spa, ce samedi, Bruno Famin (photo ci-dessous) a accordé à Pole-Position une entrevue exclusive. Sans détour, il a répondu à nos questions concernant le programme Alpine en Endurance et les rumeurs évoquées plus haut.

Âgé de 63 ans, Bruno Famin dirige aujourd’hui Alpine Motorsports après avoir passé un an à la direction de l’équipe Alpine F1. C’est également lui qui mena Peugeot à la victoire aux 24 Heures du Mans en 2009, avant de rejoindre la FIA où il devint, de 2019 à 2022, directeur des opérations sportives.

Bruno, tout le monde connaît l’actualité des équipes en F1 mais plus spécifiquement au niveau de l’Endurance, quel bilan peut-on faire quant à la progression d’Alpine depuis ses débuts l’an dernier avec ses nouveaux prototypes A424 Hypercar ?

« On peut faire un point d’étape plutôt qu’un bilan car le programme n’est pas fini, et ce point, il est positif parce qu’on voit l’équipe monter en puissance, on arrive de mieux en mieux à extraire le plein potentiel de la voiture, on travaille bien, mais il y a encore beaucoup à faire. Ceci dit, nous avons récolté deux podiums dans les 4 dernières courses, donc nous voyons qu’on est en train de franchir la dernière étape pour aller se battre pour la victoire. Globalement, la dynamique est bonne, on est sur la bonne trajectoire.»

En IMSA, les voitures conçues avec des châssis basées sur la réglementation LMDh (Porsche, Cadillac, Acura) brillent tandis qu’en WEC cette saison, les LMH (Ferrari notamment) dominent. Compte-tenu qu’Alpine roule seulement ne WEC, regrettes-tu parfois d’avoir opté pour un châssis LMDh ?

« Pas du tout. Nous avons fait le choix d’un châssis LMDh pour plusieurs raisons, la principale étant les coûts. Faire un châssis complet n’est pas dans les compétences que nous avons en interne, donc utiliser un châssis conçu par Oreca comme la réglementation des prototypes LMDh le permet était la meilleure option. Cela nous donne aussi la liberté d’avoir une voiture prête à rouler en IMSA pour le jour où on débarquera peut-être en Amérique du Nord… Cette saison, on voit qu’il y a des LMH (Toyota et Aston Martin) qui ne sont pas très bien placées sur la grille de départ et il y a des voitures rouges qui sont particulièrement performantes ! Et les autres LMH sont à notre niveau. Il y a des équipes plus fortes que d’autres mais l’équilibre entre voitures LMH et LMDh est parfait, nous ne regrettons pas du tout notre choix d’aller vers un châssis LMDh.»

Quelles sont les ambitions d’Alpine pour les prochaines 24 Heures du Mans ?

« Il y aura 23 prototypes Hypercar aux 24 Heures du Mans. De ce nombre, 20 peuvent gagner. On est loin des 5 voitures qui pouvaient viser la victoire il y a 15 ans ! Donc l’objectif premier sera de finir la course et, si on va au bout, je pense qu’on peut viser le podium. C’est jouable mais quand on regarde le niveau des concurrents, faire un Top 10 en WEC est déjà un bon résultat cette saison. Ce n’est vraiment pas facile, le niveau est incroyablement relevé. Bien évidemment, on va disputer les 24 Heures du Mans pour jouer devant. Idéalement, nous visons le Top 5.»

Depuis quelques temps, on entend dire dans les paddocks qu'Alpine va s'engager en IMSA. Cette rumeur est-elle fondée ?

« Si on développe la marque Alpine en Amérique du Nord, on fera du sport auto, c’est logique, mais nous n’avons pas pris de décision actuellement. Nous n’avons pas franchi le cap de la réflexion. Pour l’IMSA, il n’y a pas d’équipe choisie. Nous n’avons même pas fixé de délai quant à notre arrivée dans ce championnat. Il y a aussi l’incertitude géo-économico-politique avec les États-Unis qui sera à évaluer avant toute décision.»

La présence d’Alpine en sport automobile en Amérique du Nord s’accompagnera-t-elle obligatoirement par la vente de voitures sur ce marché ?

« On a toujours dit depuis la relance de la marque que chez Alpine, on fait du sport automobile parce que c’est dans l’ADN de la marque. C’est comme ça depuis les débuts de la marque en sport auto en 1963, les programmes sportifs accompagnent la marque. Au moment de sa relance, Alpine était encore très connu en France mais beaucoup moins au niveau international, hormis auprès de petits groupes de passionnés. Il faut donc que si on vient en Amérique du Nord, ce soit en phase avec nos ambitions commerciales et, bien évidemment, le sport automobile sera alors intégré à notre présence.»

Le Canada pourrait-il être un marché développé avant les États-Unis ?

« On a clairement besoin de s’étendre au niveau international, amener Alpine sur de nouveaux marchés. Mais le contexte actuel, avec les droits de douane aux États-Unis notamment, n’est peut-être pas adapté. Il est possible que notre arrivée au Canada soit traitée différemment des plans pour les États-Unis. Rien n’est décidé. Il va falloir s’adapter au nouveau contexte géo-économico-politique.»

Crédit photo: DPPI / Alpine Média