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9 octobre : Présentation du dernier GP F1 du Canada au circuit de Mosport en 1977

9 octobre : Présentation du dernier GP F1 du Canada au circuit de Mosport en 1977

Lundi 9 octobre 2023 par René Fagnan
Crédit photo: canadiantiremotorsportpark.com/Darcy Maloney

Crédit photo: canadiantiremotorsportpark.com/Darcy Maloney

La dernière visite des écuries de Formule 1 au circuit ontarien de Mosport Park (aujourd’hui rebaptisé Canadian Tire Motorsport Park) a eu lieu en ce jour de 1977. C’est à cette occasion de Gilles Villeneuve a disputé son premier Grand Prix à bord d’une Ferrari.

Cependant, en ce début d’octobre 1977, les pilotes, les membres des équipes et surtout Bernie Ecclestone ne sont pas très heureux de retrouver ce circuit, ses installations et son environnement. Car attention : Mosport Park de ce moment n’a absolument rien à voir avec ce qu’il est devenu, le Canadian Tire Motorsport Park.

Ecclestone, soutenu par les directeurs d’écuries, lance un sérieux avertissement aux organisateurs : « Trouvez un autre circuit, car nous n’avons pas l’intention de revenir courir ici ».

Pourquoi ? D’abord parce que les gens de la F1 se souviennent de la pluie, de l’incroyable confusion, les erreurs de chronométrage et de l’incident de la Voiture de sécurité qui a marqué l’édition de 1973.

Puis, Ecclestone a eu maille à partir avec Harvey Hudes, alors patron du circuit de Mosport, au sujet du coût du plateau de F1, ce qui a causé l’annulation de l’épreuve en 1975. Ecclestone reproche aussi le manque d’hôtels respectables à proximité, l’éloignement de la ville de Toronto et la difficulté à se rendre et à quitter le circuit sur les étroites routes campagnardes.

Mais la cerise sur le sundae est sans contredit l’état pitoyable du circuit de 3,957 km. La piste est bosselée, offre peu de dégagement, est bordée de rails de sécurité souvent incorrectement positionnés ou mal fixés, et présente des talus en bord de piste (notamment au virage 2).

Un week-end sous haute tension

La tension est élevée chez Ferrari. Niki Lauda, qui vient d’être sacré Champion du monde, a décidé de quitter la Scuderia et joindre l’écurie Brabham d’Ecclestone. Ferrari a donc emmené une troisième 312 T2 pour le Québécois Gilles Villeneuve qui vient tout juste d’être recruté.

Vendredi matin, alors qu’il est toujours à son hôtel, Lauda téléphone à Roberto Nosetto, son directeur sportif, et affirme qu’il est malade et qu’il déclare forfait. Lauda quitte immédiatement Toronto et ne pilotera plus jamais pour Ferrari.

Lors des essais de l’après-midi, l'Hesketh-Ford de Ian Ashley décolle au passage d’une bosse sur la ligne droite arrière. La voiture s’envole, passe par-dessus les rails et percute une tour de télévision de 10 mètres. La monoplace est très endommagée et Ashley souffre de graves fractures aux jambes. Samedi, c’est la McLaren de Jochen Mass qui s’encastre contre les rails, ce qui détruit la coque. Pour Ecclestone, le sort de Mosport est scellé.

Mario Andretti réalise la pole position en 1’11”385 dans sa Lotus 78-Ford. James Hunt est deuxième dans sa McLaren M26-Ford en 1’11”942 tandis que Ronnie Peterson prend le troisième rang dans sa Tyrrell P34-Ford en 1’12”752. Villeneuve se qualifie en 17e position en 1’14”465.

La course se résume à un affrontement mettant aux prises Andretti et Hunt. Les deux, qui ne s’aiment pas vraiment, font la course en tête. Mass, le coéquipier de Hunt est troisième et s’apprête à se faire prendre un tour par les meneurs au 61e passage. Mass bloque Andretti, ce qui permet à Hunt de prendre la tête. Mais un tour plus tard, Hunt s’accroche avec Mass ! L’Anglais doit abandonner et est en furie. Quand un commissaire lui demande de quitter le bord de la piste, Hunt lui assène un coup de poing au visage, ce qui lui vaudra une amende 2500$.

Andretti croit filer vers la victoire, mais son moteur Ford Cosworth DFV explose à trois tours de l’arrivée et déverse un énorme traînée d’huile sur la piste qui causera plusieurs tête-à-queue.

Jody Scheckter, qui occupait la deuxième place avec toutefois un tour de retard, se retrouve soudainement premier et récolte la victoire. Un triomphe canadien, car il est au volant de la Wolf WR1-Ford du millionnaire canadien Walter Wolf. Patrick Depailler (Tyrrell P34) se classe second devant Jochen Mass.

Quelques mois plus tard, une entente était conclue afin de présenter le prochain Grand Prix du Canada sur un nouveau circuit construit sur l’Île Notre-Dame à Montréal.