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Rétro 1982 : Riccardo Patrese remporte le GP de Monaco sans même le savoir !

Rétro 1982 : Riccardo Patrese remporte le GP de Monaco sans même le savoir !

Mercredi 24 mai 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

S’il existe une anecdote vraiment savoureuse dans l’Histoire de la Formule 1, c’est certainement le fait que le pilote italien Riccardo Patrese a remporté la victoire au Grand Prix de Monaco en 1982 sans même le savoir !

Riccardo Patrese n’était pas le pilote le plus apprécié de la F1 à ce moment-là. Jugé responsable (sans preuves) du carambolage qui avait coûté la vie à Ronnie Peterson au départ du Grand Prix d’Italie en 1978, Patrese était surtout reconnu pour les manœuvres d’intimidation en piste et son refus systématique à se faire doubler.

Après avoir passé quatre saisons à courir pour l’écurie Arrows, Patrese trouve refuge chez Brabham en 1982 et devient le coéquipier de Nelson Piquet, Champion du monde en titre.

À Monaco, Piquet est aux commandes de la volumineuse, fragile et surpuissante Brabham BT50 à moteur BMW turbo tandis que Patrese prend place dans une BT49D à moteur Ford Cosworth DFV, nettement mieux adaptée au circuit sinueux de la Principauté.

Cela se constate clairement à la lecture de la grille de départ : Patrese est second derrière la Renault turbo de René Arnoux alors que Piquet est 13ème, à trois secondes du chrono de son coéquipier !

Les derniers tours complèment fous !

C’est toutefois Alain Prost qui mène la course devant Patrese jusqu’au 74ème tour sur 76. Il bruine depuis quelques moments et la piste est devenue très glissante, d’autant que tous les bolides sont chaussés de pneus lisses. Alors qu’il négocie la chicane du port, Prost perd l’arrière de sa Renault qui percute durement les rails, causant son abandon. 

Une boucle plus tard, Patrese, en tête, échappe sa Brabham dans la descente vers l’épingle. Son V8 a calé et sa voiture est immobilisée ne travers de la piste. Les commissaires interviennent et profitant de la pente, Patrese redémarre son moteur sur la compression.

Entre temps, Didier Pironi, sur une Ferrari turbo qui a perdu son museau, a pris la commande devant Andrea de Cesaris sur une Alfa Romeo V12. Suivent ensuite Patrese qui est revenu dans l’action, Derek Daly sur une Williams-Ford démunie de son aileron arrière et le duo Lotus-Ford composé de Nigel Mansell et Elio de Angelis. Certains d’entre eux possèdent un tour de retard.

Il ne reste qu’un tour à parcourir, soit juste 3,3 kilomètres. Tout devrait bien se passer. Et pourtant ! Ces trois kilomètres vont être complètement fous ! Pironi est en tête, mais il lève le pied, car il ne lui reste que quelques gouttes de carburant et la piste est hyper glissante. Daly le double et la Ferrari s’immobilise dans le tunnel en panne d’essence. L’abandon du Français doit donc logiquement donner la tête de la course à l’Irlandais ou… de Cesaris. Mais non ! De Cesaris est tombé en panne de carburant au virage du Casino, son V12 ayant été trop glouton.

Va-t-on donc assister à la victoire de Daly ?  Eh bien non ! Depuis plusieurs tours, l’Irlandais doit se battre avec son levier de vitesses. Il n’y a plus une goutte d’huile dans la transmission. Surchauffée, elle se bloque dans le virage de la Rascasse durant ce fameux dernier tour. Il ne lui restait qu'un seul virage à négocier !

Le directeur de course, drapeau à damier en mains, attend, attend… Toute l’équipe Ferrari est juchée sur le muret des puits et attend de voir la Ferrari de Pironi négocier le dernier virage. Eh non ! Le drapeau est agité au passage de la Brabham de Patrese. L’Italien n’est pas convaincu d’avoir gagné. Il n’y avait pas de système de communications radio à cette époque. De plus, Patrese craint d’être disqualifié, car sa voiture a été touchée par les commissaires.

Étonné et incrédule, Patrese grimpe à la loge princière pour accepter la coupe du vainqueur. C’est sa première victoire en F1. Pironi est classé second à un tour devant de Cesaris, Mansell, de Angelis et Daly à deux tours.

La direction de course a ensuite expliqué que Patrese n’avait pas été disqualifié pour avoir reçu une aide extérieure puisqu’on a jugé que sa monoplace immobilisée représentait un réel danger à un endroit aussi exigu.