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Tragédie à Monza en septembre 1978 : Ronnie Peterson décède des suites d’un accident au départ du GP d’Italie

Tragédie à Monza en septembre 1978 : Ronnie Peterson décède des suites d’un accident au départ du GP d’Italie

Mercredi 8 septembre 2021 par René Fagnan
Crédit photo: WRI2

Crédit photo: WRI2

Le Grand Prix d’Italie sera disputé cette fin de semaine sur le rapide circuit de Monza, surnommé "le temple de la vitesse". C’est sur cette piste que le Suédois Ronnie Peterson fut grièvement blessé aux jambes lors du départ de la course en 1978.

Tiré de justesse de son épave en proie des flammes, Peterson est malheureusement décédé d’une embolie graisseuse durant la nuit suivante. Le Suédois était l’un des pilotes les plus discrets et effacés du paddock; tout le contraire d’un James Hunt ou d’un Keke Rosberg ! Ce pilote hyper flamboyant pilotait tout-en-travers. Il adorait négocier les virages en dérapage. Ce n’était pas un "showman". Il ne se donnait pas en spectacle, c’était juste sa façon normale de piloter un bolide de course.

Peterson est né le 14 février 1944 à Örebro en Suède. Champion de karting, il devient ensuite champion de Suède de Formule 3, puis champion d’Europe de Formule 2.

Il débute en F1 aux commandes d’une March privée, puis passe au sein de l’écurie officielle. Il a bien failli être sacré Champion du monde en 1971 en ne remportant pourtant aucune victoire ! Il pilote ensuite pour le Team Lotus durant quatre saisons et enregistre huit triomphes. Après un bref passage chez Tyrrell en 1977 où il pilote la spectaculaire P34 à six roues, il revient chez Lotus en 1978 à titre de pilote numéro deux derrière Mario Andretti. Son contrat stipule qu’il ne peut doubler Andretti en course et qu’il ne peut gagner que si l’Américain a abandonné ou roule derrière lui.

En 1978, Peterson gagne en Afrique du Sud au volant d’une Lotus 78, puis remet ça sous la pluie en Autriche aux commandes d’une Lotus 79.

Arrive le Grand Prix d’Italie le 10 septembre. Andretti, qui peut être sacré champion du monde à cette occasion, inscrit la pole position devant Gilles Villeneuve sur Ferrari. Peterson n’est qualifié que cinquième à cause des sempiternels ennuis de freins de la Lotus 79. Durant la séance de réchauffement du dimanche matin, les freins lâchent à la deuxième chicane et la Lotus percute les rails de sécurité. Le châssis est bien abîmé et Colin Chapman, qui vient d’apprendre que le Suédois vient de signer un contrat avec McLaren pour 1979, l’oblige à prendre le départ de la course au volant d’une vieille Lotus 78.

Tout se joue au départ

Le départ est donné dans des conditions épouvantables. Seules les voitures occupant les premières lignes de départ sont immobiles quand le feu passe au vert. Toutes les autres sont encore en mouvement, ce qui fait qu’elles doublent facilement celles qui sont devant.

Ce peloton horriblement compact arrive à la première chicane. James Hunt est surpris par la présence soudaine de l’Arrows de Riccardo Patrese à sa droite et donne un coup de volant vers la gauche et accroche la Lotus de Peterson qui file droit vers les rails, déclenchant un carambolage monstre.

Un épaisse fumée noire assombri la piste. Peterson est conscient, mais coincé dans sa Lotus en flammes. L’avant de la Lotus est broyé et une bonne dizaine de voitures accidentées l’entourent. Hunt, Patrick Depailler, Clay Regazzoni et Arturo Merzario viennent à son secours et parviennent à l’extraire de la carcasse en feu. Les jambes en miettes, Peterson est étendu sur la piste et son évacuation au centre médical du circuit prend une éternité. Règne une pagaille monstre sur la piste. Peterson est enfin transféré par hélicoptère à l’hôpital de Niguardia à Milan. Les radiographies révèlent qu'il souffre d’environ 27 fractures aux jambes et aux pieds.

Les médecins décident de l’opérer en urgence alors que la circulation sanguine dans l'une de ses jambes est menacée. Après une chirurgie de plusieurs heures, Peterson est reconduit à l'unité de soins intensifs dans un état stable. Durant la nuit, c’est l’alerte. Peterson ne se réveille pas. Il est victime d’une embolie graisseuse; des dépôts de graisse provenant de ses os fracturés se sont s’infiltrés dans ses vaisseaux sanguins, ce qui a bloqué la circulation dans ses poumons et privé son cerveau d'oxygène. Les lésions cérébrales sont désormais irréversibles.

En fin de nuit, Emerson Fittipaldi, Chapman et Andretti, prévenus en urgence, sont à son chevet. À 9h11 lundi matin, la mort de Ronnie Peterson est prononcée. Pénalisé d’une minute pour avoir anticipé le second départ, Andretti, qui s’est classé sixième en course, est sacré champion du monde, mais il s’en moque.

Cet accident a clairement démontré que la F1 devait mieux organiser les interventions médicales sur les circuits. Le professeur Sid Watkins et Bernie Ecclestone, avec le soutien de Niki Lauda et Jackie Stewart, ont conclu qu'une voiture médicale devrait suivre les bolides de F1 durant le premier tour d’une course afin que les pilotes blessés puissent recevoir une assistance médicale aussi rapide que possible.

Le mercredi 13 septembre, Ronnie Peterson fut inhumé dans sa ville natale d'Örebro. Le monde de la F1 se souvient encore du style de pilotage exaltant de ce grand blond au casque arborant les couleurs bleu et jaune de son pays.

Crédit photo: WRI2