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29 novembre : Graham Hill et des membres de son équipe F1 décèdent dans un accident d’avion en 1975

29 novembre : Graham Hill et des membres de son équipe F1 décèdent dans un accident d’avion en 1975

Mardi 29 novembre 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

C’est lors de son retour d’une séance d’essais avec des membres de son équipe de Formule 1 que Graham Hill, le père du Champion du monde de F1 1996 Damon, s’est tué quand son avion s’est écrasé tout près d’un aérodrome britannique.

Graham Hill possédait un talent naturel stupéfiant. Sans intérêt pour l’automobile, il a obtenu son permis de conduire très tard à l’âge de 24 ans. C’est quand il a essayé une voiture de course pour la première fois qu’il s’est découvert une passion pour ce sport.

Ayant gravi les échelons à la vitesse grand “V”, Hill est le seul pilote à ce jour à avoir remporté la “Triple couronne” du sport automobile : les 500 Milles d'Indianapolis en 1966, les 24 heures du Mans en 1972 et le Grand Prix de Monaco qu’il a gagné à cinq reprises. Il a aussi été sacré Champion du monde de F1 à deux reprises, en 1962 et 1968.

En 1973, Hill réalise un rêve et crée sa propre écurie de F1, Embassy Hill, commanditée par Imperial Tobacco. Hill est en fin de carrière et il rate sa qualification au Grand Prix de Monaco en 1975 à bord de la GH1 dessinée par Andy Smallman. Il décide de prendre sa retraite afin de gérer son écurie et de conseiller son protégé, Tony Brise.

Une fois la saison terminée, l’écurie procède aux premiers essais de la nouvelle voiture, la GH2 à moteur V8 Ford Cosworth DFV. Fin novembre, la petite écurie Embassy Hill participe aux essais organisés sur le circuit Paul-Ricard dans le sud de la France. Le retour vers la Grande-Bretagne est prévu le dimanche 30 novembre, mais les essais sont interrompus samedi et l’équipe décide de revenir au bercail immédiatement.

Hill grimpe dans son avion privé, un Piper Aztec, en compagnie de son pilote de F1 Tony Brise, du gérant de l’écurie Ray Brimble, des mécaniciens Tony Alcock et Terry Richards, et du concepteur de la voiture Andy Smallman pour effectuer le voyage de retour.

Hill, alors âgé de 46 ans, possède une licence de pilote d’avion depuis 1965 qui l’autorise de voler aux instruments. Au moment du décollage depuis la piste du Castellet, Hill sait très bien que la météo n’est pas très favorable dans la région de Londres. Il a le choix d’atterrir à trois aérodromes, Elstree, Luton et Stansted, mais choisit Elstree, car il le connaît bien et qu’il est situé près de chez lui. Il s’agit d’un tout petit aérodrome situé près de Watford et qui ne possède qu’une seule piste longue de 651 mètres.

Des conditions météorologiques défavorables

Après une brève escale à l’aéroport de Marseille-Marignane, le Piper redécolle à 17h47 vers le nord. Vers 20h45, en amorce de descente, Hill reçoit une mise à jour de la météo par radio. Un épais brouillard enveloppe toute la région de Londres et la visibilité est très réduite. À 21h20, Hill est informé que la visibilité est vraiment restreinte à Elstree, mais qu’il est autorisé à descendre à 1500 pieds.

À 21h28, le contrôleur d'approche de Londres n’a plus de contact radio avec l’avion, et peu après, le signal radar est perdu. Train d'atterrissage sorti et volets cabrés, le Piper a d’abord frôlé les cimes d’arbres sur le terrain de golf d'Arkley avant de descendre encore plus et de percuter des arbres et s’écraser au sol. La carcasse de l’avion a pris feu et les six occupants ont été tués au moment de l’impact.

Il existe encore pas mal de controverses à propos du rapport d’enquête sur l’écrasement de l’avion. Le texte affirme que le Piper avait été retiré du registre de la FAA et qu'au moment de l'accident, il était “non immatriculé et apatride”. Il ajoute que la certification américaine du pilote Hill par la FAA avait expiré, de même que sa qualification de vol aux instruments et que, pour terminer, l'avion dépassait sa limite de poids au décollage. Certains experts indépendants rejettent toutefois ces conclusions.

Un de ces experts est le Polonais Jan Bartelski, ancien président de la Fédération internationale des pilotes de lignes et spécialiste des accidents aériens, qui, après avoir analysé les données du vol, affirme que “l’assistance inadéquate” des opérations radar de Londres a conduit Hill sur une mauvaise trajectoire d'approche, ne l'alignant pas précisément dans des conditions de mauvaise visibilité avec la piste de Elstree.

Il ajoute que cette mauvaise approche a pu conduire Hill à confondre les feux de la gare de High Barnet avec les “feux d'obstruction” de Saffron Green, couramment utilisés par les pilotes pour guider les atterrissages à Elstree, ce qui l'aurait amené à effectuer sa descente finale trop tôt. Pour terminer, Hill a été informé par erreur qu’il se trouvait à quatre milles nautiques de la piste alors qu’en réalité, il en était distant de 4,5 milles nautiques.

Ce dramatique accident a plongé six familles dans le deuil, incluant évidemment Bette Hill, ses filles et son fils, Damon, qui deviendra Champion du monde de F1 en 1996. Le pire est que Graham n’était pas assuré et que le règlement juridique de l'affaire a presque ruiné la pauvre Bette.

Ce fut aussi la fin de l’écurie Embassy Hill, car après l’accident, l’équipe se résumait au directeur adjoint de l'équipe et deux mécaniciens.

Adieu Graham.