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La véritable histoire de l’inscription “Salut Gilles” sur la piste du circuit Gilles-Villeneuve

La véritable histoire de l’inscription “Salut Gilles” sur la piste du circuit Gilles-Villeneuve

Lundi 13 juin 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Depuis 1983, l’inscription “Salut Gilles”, peinte en blanc, est reproduite chaque année à la ligne de départ/arrivée du circuit Gilles-Villeneuve à Montréal, scène du Formula 1 Grand Prix du Canada. Bien des théories ont été échafaudées pour expliquer d’où venait cette fameuse inscription sur l’asphalte en honneur et en souvenir du célèbre pilote Ferrari. Qui a donc réalisé cette marque de respect ?

Pole-Position a obtenu l’accord de son auteur afin de dévoiler le secret. Il s’agit d’un duo de jeunes femmes, dont une nous a malheureusement quitté il y a de cela quelques années.

« J’ai fait mes débuts en course automobile comme signaleure [commissaire aux drapeaux de signalisation au bord de la piste] en circuit routier en 1982. J’avais évidemment été terriblement attristée par la mort de Gilles Villeneuve durant les qualifications du Grand Prix de Belgique à Zolder [en mai 1982] » nous raconte Claude Cuerrier qui, par la suite, s’est mise à la photographie sportive et a travaillé, entre autres, pour le magazine canadien Formula.

« Un an plus tard, au début de 1983, j’ai rencontré une fille en travaillant aux courses sur glace, Johanne Dumontier, et qui est devenue une de mes grandes amies. Nous étions toutes les deux signaleures et nous avons été inspirées par une inscription qui avait été faite sur l’asphalte du circuit d’Imola à l’occasion du Grand Prix de San Marino le 1er mai [il s’agissait en fait d’un drapeau canadien peint sur la piste à l’endroit où Patrick Tambay avait placé la Ferrari No. 27 sur la grille de départ].»

« Ne pas se faire prendre… »

« Nous avons réfléchi à une façon de commémorer la carrière de Gilles Villeneuve à notre façon. Nous avons décidé de peindre "Salut Gilles" à la ligne de départ/arrivée du circuit à Montréal et de peindre aussi le numéro "27" à l’emplacement de la pole position » poursuit Cuerrier. « J’ai fabriqué deux stencils en carton découpés à la main et on a apporté avec nous une canette de peinture blanche en aérosol pour réaliser les deux inscriptions sur la piste.»

Rappelons qu’en 1983, les puits étaient situés non pas près du virage Senna comme c’est le cas aujourd’hui, mais juste après le virage en l’épingle du pont Jacques-Cartier. Cuerrier et Dumontier décident de passer à l’action juste avant le début du week-end. « Nous avons pris le métro et marché à pied jusqu’aux puits, sans trop nous faire remarquer. C'était tard le soir, presqu’à minuit, car nous ne voulions pas le faire en plein jour pour ne pas nous faire prendre. Nous étions seules dans la ligne des puits, très discrètes, mais à un certain moment, nous avons entendu le son du moteur d’un véhicule qui s’approchait. Nous nous sommes vite couchées par terre près du rail de sécurité en faisant attention de ne faire aucun bruit » explique-t-elle.

« Puis, une fois le véhicule partit et la tranquillité revenue, nous sommes allées sur la piste, avons vite peint les deux inscriptions et remis notre attirail dans un sac. Nous avons repris le métro et sommes retournées chez nous » ajoute-t-elle.

Les deux jeunes femmes ne se sont jamais vantées d’avoir réalisé l’inscription en 1983. Elles ont toujours laissé courir les rumeurs. « Pierre Lecours [alors journaliste au Journal de Montréal] l’a su quelques années plus tard. Je crois qu’il m’avait dit savoir qui était l’auteur et j’avais démenti son information en lui précisant que c’était moi avec une de mes amies qui l’avions fait. Puis, en 2017, François Dumontier, le grand patron du Grand Prix (mais aucun lien de parenté avec Johanne Dumontier), expliquait dans un article de la Presse Canadienne que l’inscription "Salut Gilles" avait été faite la première fois par un employé de la Ville de Montréal. Je n’ai pas démenti ses propos. Je n’étais pas du tout offusquée par ce que les gens pouvaient croire. Je savais que c’était Johanne et moi qui avions eu l’idée et l’avions fait » termine Claude Cuerrier.

Vous connaissez maintenant la véritable origine de l’inscription "Salut Gilles" ! Merci Johanne et Claude.