La 60ème édition des 24 Heures de Daytona le week-end dernier était l’occasion pour Kuno Wittmer et l’équipe ontarienne AWA d’une toute première course à vie en prototypes, avec une Duqueine D08 à moteur Nissan, en classe LMP3. Si l’aventure n’a pas facile, elle a tout de même été des plus enrichissantes pour le pilote québécois.

Il est clair que pour Kuno, les vitesses atteintes avec une LMP3 sont comparables à ce qu’il avait vécu auparavant dans la série IMSA WeatherTech SportsCar avec les Viper GTS-R et BMW M6 en catégorie GT Le Mans. Cependant, le pilotage d’un prototype est bien différent et il a conquis l'ancien champion GTLM.

Mais quand on se bat à deux heures de l’arrivée pour grimper sur le podium de sa catégorie et qu’on évolue dans le Top 20 au général, et qu’on finit 32ème et 5ème des LMP3 au baisser du damier, le bilan est-il positif ou négatif ? « C’est une question que je me suis longuement posée après la course » explique-t-il. « Si on regarde toutes les courses de 24 heures, c’est toujours un type d’épreuve très difficile à finir car il peut s’y passer mille affaires pour une équipe et ses pilotes. Toute la préparation qu’on met dans une telle course n’est pas toujours récompensée. Mais je peux, avec le recul, dire que oui, le bilan est positif car ce n’est pas seulement la position au général qui compte, il faut évaluer la performance globale. Nous apprenions encore la voiture à Daytona, nous découvrions aussi la classe LMP3 qui regroupe désormais beaucoup de jeunes pilotes très compétitifs, et nous avons toujours progressé » ajoute-t-il.

Finir 5ème de la classe LMP3 signifie marquer des points au championnat, ce qui est très important pour Kuno, Orey Fidani qui dispute l’ensemble de la saison avec lui, et l’équipe AWA. « On visait la victoire mais elle a été compromise après seulement 10 minutes de course en raison d’une surchauffe moteur. Celle-ci est due au fait que, comme il faisait très froid au moment du départ, l’équipe a mis trop de collants sur les radiateurs, mais avec toute la chaleur du trafic des voitures autour de la nôtre lors des premiers tours, le moteur a surchauffé. L’arrêt aux puits nous a coûté trois tours car, comme le moteur avait surchauffé, il ne pouvait pas être redémarré de suite. Puis, nous avons sans cesse gagné des positions, spécialement durant la nuit, pour passer de la 61ème à la 18ème place à deux heures de l’arrivée » explique Kuno.

Matt Bell était alors au volant lorsqu'un arbre de transmission a brisé, obligeant le pilote anglais à s’arrêter à la chicane à 110 minutes de la fin. « Lorsque l'auto a été ramenée aux puits, la question d’abandonner se posait mais on a tous décidé qu’il fallait réparer et finir la course. C’est toujours important de terminer des 24 heures et finalement nous avons été récompensés par un Top 5 en LMP3, ce qui nous garde en course pour le championnat » confie Wittmer.

Le niveau de la classe LMP3 a beaucoup progressé cette année, le travail de l’équipage Kuno Wittmer, Orey Fidani, Lars Kern et Matt Bell (seul ce dernier avait piloté en course une LMP3 avant Daytona !) était donc loin d’être aisé. « C’est certain que si l’on compare avec les saisons précédentes, on arrive en LMP3 l’année où la compétition est la plus forte de toute l’histoire de la classe » avoue Kuno, qui souligne : « mais c’est une catégorie et un pilotage de voiture que j’adore. Déjà, de revenir en IMSA WeatherTech SportsCar est un immense plaisir car c’est une série avec 80% de pilotes professionnels. Le trafic est tellement plus facile quand tu affrontes autant de pilotes pro, tout le monde sait se donner de la place. De plus, j’aime vraiment piloter un prototype. Je n’ai qu’un seul regret, c’est de ne pas avoir pu le faire plus tôt dans ma carrière ! ».

Tout qui a suivi cette passionnante édition 2022 des 24 Heures de Daytona a pu remarquer qu’aux commandes de la Duquiene No.13, Kuno Wittmer et Matt Bell ne perdaient jamais de temps dans le trafic. C’était en revanche plus difficile pour Lars Kern et surtout pour Orey Fidani, le pilote ontarien disputant là sa toute première course de 24 heures. « Orey a besoin de progresser, il le sait et c’est normal compte-tenu de son inexpérience. Mais nous avons déjà prévu trois journées d’essais privés à Sebring en février pour qu’il soit plus à l’aise » souligne Kuno. Rendez-vous est donc pris pour la prochaine épreuve, les 12 Heures de Sebring le 19 mars, que l’équipe AWA espère cette fois terminer sur le podium.

Dans la prochaine édition du magazine Pole-Position, Kuno reviendra, dans les pages de sa chronique exclusive,  plus en détails sur ses débuts en prototype et les ambitions de l'équipe pour le reste de la saison. D'ici là, vous pouvez encore vous procurer l'édition présentement en kiosque (cliquez ici pour vous la procurer à tarif spécial). Kuno y parle de sa fin de saison 2021 et du début de l'aventure en LMP3...