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21 octobre: Ayrton Senna percute la Ferrari d’Alain Prost au départ du GP du Japon en 1990

21 octobre: Ayrton Senna percute la Ferrari d’Alain Prost au départ du GP du Japon en 1990

Mardi 21 octobre 2025 par René Fagnan
Crédit photo: X / F1_Historical

Crédit photo: X / F1_Historical

Le duel qui opposait Ayrton Senna à Alain Prost a atteint son paroxysme au Grand Prix de Formule 1 du Japon de 1990 avec un accrochage lourd de conséquences.

Malgré un début de cohabitation relativement serein chez McLaren en 1988, des tensions naissent entre Ayrton Senna et Alain Prost. Deux coqs dans la même basse-cour, ça ne fonctionne jamais très bien… Ron Dennis, le patron de l’écurie McLaren, pensait pouvoir les gérer correctement sans devoir imposer des consignes d’équipe. C’était mal connaître ces deux individus.

C'est en 1988 que certains, incluant Jean-Marie Balestre, le président de la FIA, soupçonnent Honda, le motoriste de McLaren, de favoriser Senna. Le Brésilien croit alors qu’il existe un complot visant à favoriser Prost, un Français comme Balestre.

Un an plus tard, Prost et Senna sont toujours “équipiers” chez McLaren, mais les différends se multiplient, à commencer à Imola quand Prost accuse Senna de ne pas avoir respecté un pacte de non-agression au cours du premier tour (Senna a doublé Prost lors de la relance de la course).

La goutte qui fait déborder le vase survient au 47e tour du Grand Prix du Japon quand Senna plonge à l’intérieur de la chicane pour doubler Prost. Les deux McLaren s’accrochent. Prost quitte immédiatement son cockpit tandis que Senna repart, aidé par les commissaires de piste en empruntant l’échappatoire de la chicane. Les officiels, probablement conseillés par Balestre, disqualifient Senna pour avoir profité d’une aide extérieure et de ne pas avoir rejoint la piste au bon endroit.

En 1990, Senna pilote toujours pour McLaren tandis que Prost a joint les rangs de Ferrari. Avant le GP du Japon, Senna est premier au classement avec 78 points (et six victoires) et Prost est deuxième avec 69 (et cinq victoires). Le titre 1990 se joue donc entre eux. Si Senna termine devant Prost, il est champion. Si Prost marque un point de plus que Senna, alors la décision est reportée à la finale en Australie.

À Suzuka ce 21 octobre 1990, Senna installe sa McLaren-Honda en pole position devant la Ferrari de Prost. Les officiels placent la pole position du côté sale de la piste. Depuis mercredi, Senna tente de leur expliquer que la première place devrait être de l’autre côté. Rien n’y fait, ce qui conforte Senna dans son sentiment que la FIA et Balestre sont ligués contre lui.

La tension monte d’un cran lors de la réunion des pilotes dimanche matin. Roland Bruynseraede, le directeur de course de la F1, annonce que des cônes ont été disposés devant l’échappatoire de la chicane pour éviter qu’un concurrent ne la court-circuite comme l’a fait Senna l’année précédente. Les pilotes comprennent vite que s’ils ratent leur freinage, ils devront effectuer un demi-tour et faire face au trafic pour rejoindre la piste ! Nelson Piquet s’interpose et suggère de retirer les cônes et de placer un officiel qui évaluerait la situation et permettrait au concurrent fautif d'emprunter l’échappatoire de la chicane. Senna est en furie, car cela signifie que la manœuvre qu’il a effectuée un an plus tôt est désormais légale ! Le Brésilien quitte la réunion avec un plan diabolique en tête. Si Prost et lui abandonnent la course, il est Champion du monde.

À l’abordage !

Le feu passe au vert et Prost effectue un meilleur démarrage que Senna ; à moins que Senna ait intentionnellement pris un départ un peu plus lent que son rival. Prost roule d’abord au milieu de la piste avant de se tasser un peu vers sa droite, car il voit bien que la McLaren tente de s’infiltrer à l’intérieur.

Au moment où Prost commence à braquer son volant pour négocier le premier virage, Senna est à la hauteur du train arrière de la Ferrari. Il escalade la bordure du virage et percute de plein fouet la Ferrari à haute vitesse. Bien amochées, les deux voitures en perdition échouent dans le bac à gravier. Prost et Senna dégrafent leurs harnais et s’extraient des voitures tout en évitant de se regarder. À ce moment précis, Senna vient de décrocher son second titre mondial. 

Pour Senna, il s’agissait de rendre la monnaie de sa pièce à Prost. Le Français l’avait accroché au Japon en 1989 pour devenir Champion du monde, eh bien le Brésilien juge qu’il était dans son droit de lui faire subir le même sort un an plus tard.

Heureusement, les deux rivaux se sont parlés à nouveau jusqu’au funeste Grand Prix de Saint-Marin en mai 1994.