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Élections présidentielles controversées à la FIA : Mohammed Ben Sulayem désormais sans adversaire !

Élections présidentielles controversées à la FIA : Mohammed Ben Sulayem désormais sans adversaire !

Lundi 20 octobre 2025 par Marc Cantin
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Après quatre années à la présidence de la Fédération internationale de l’Automobile (FIA), Mohammed Ben Sulayem (MBS) est désormais assuré d’un second mandat. Celui qui avait remplacé Jean Todt fin 2021 avait pourtant trois adversaires déclarés en vue de l’élection de cet automne. Mais au final, un bien étrange règlement est venu forcer ces trois candidats à se retirer de la course.

Cette règle exige que chaque candidat dresse la liste de ses 7 vice-présidents, un pour chaque continent, au moment de présenter sa candidature. Il faut noter que la règle n’a pas été créée par Mohammed Ben Sulayem, elle existait déjà lors de la précédente élection, mais elle a posé cette fois un souci majeur : la région Amérique du Sud ne compte pour cette élection qu’une seule candidate, l’épouse de Bernie Ecclestone (Fabiana Ecclestone) et celle-ci s’est ralliée depuis 2021 à Ben Sulayem. Autrement dit, aucun des trois adversaires de l’Émirati n’est éligible puisqu’un seul candidat vice-président n’est en lice en Amérique du Sud. Nébuleux...

Les trois adversaires de MBS étaient Tim Mayer, Laura Villars et Virginie Philippot. Doté d’une expérience de près de 30 ans dans le sport, Mayer était le plus sérieux. Il s’est retiré vendredi dernier, faute bien sûr de candidat VP pour l’Amérique du Sud. « Il n’y aura pas de vote d’idées, il n’y aura qu’un candidat » a-t-il déclaré. Mayer a aussi dénoncé, « l’illusion de la démocratie » dans ce processus.

Laura Villars elle, est une jeune pilote suisse et elle avait déclaré vouloir se présenter à la présidence dès le début de l’automne. Enfin, Virginie Philippot est une ancienne journaliste belge (et ancienne Miss Belgique) qui avait signifié son intention d’être candidate. Mais, pour les deux femmes comme pour Mayer, l’absence de VP dans une des sept zones géographiques a rendu impossible leur candidature. Les sept régions géographiques à représenter sont l’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Amérique du Nord, la région Asie-Pacifique, le Moyen-Orient et l’Europe qui réclame deux représentants. 

Cette controverse électorale vient s’ajouter à une liste d’éléments ayant suscité la grogne parmi les pilotes et la majorité des parties prenantes en F1 et dans le sport automobile en général, depuis l’arrivée de MBS. Parmi celles ayant été le plus médiatisées, rappelons l’interdiction faite aux pilotes d’utiliser des mots jugés grossiers (ou des expressions grivoises usuelles en anglais) lors d’entrevues ou, plus problématique, à la radio embarquée dans les communications avec leur ingénieur et l’interdiction de porter des bijoux voyants.

Son premier mandat a aussi été marqué de plusieurs démissions de hauts responsables de la FIA, dont Robert Reid, la personne que plusieurs voyaient remporter la présidence en décembre, ancien copilote champion du monde des rallyes (avec Richard Burns) et vice-président sportif de la FIA. Reid déclara lors de son départ : « Lorsque j'ai accepté ce poste, c'était pour servir les membres de la FIA, pas pour servir le pouvoir. Au fil du temps, j'ai assisté à une érosion constante des principes que nous avions promis de défendre ».

D’autres se rappelleront aussi la bisbille avec David Richards, le directeur de Motorsport UK qui représente le volet sportif de la FIA en Angleterre. Ce dernier a publié une lettre ouverte dans laquelle il faisait part de ses griefs concernant les récents changements apportés par la FIA, accusant Ben Sulayem d'avoir « perdu ses repères moraux ». Cette lettre faisait suite à la menace de la part de Richards de poursuites judiciaires brandie par Motorsport UK à l'encontre de la FIA, affirmant que MBS impose ce qui s'apparente à une « loi bâillon » aux responsables des activités de course au niveau mondial et national. En février dernier, Richards, membre du Conseil mondial du sport automobile, s'est vu interdire d'assister à la réunion de ce conseil à moins de signer un accord de confidentialité, ce qu'il a refusé de faire.

Dans un autre registre, MBS a été critiqué pour ses commentaires passés sur l'intelligence des femmes et pour avoir qualifié la valeur estimée de la F1 d'exagérée. Il a par ailleurs défendu aux pilotes et officiels de critiquer la F1 ou la FIA sous risque d’amendes importantes. Il aurait aussi obligé de faire approuver par lui-même les textes et commentaires avant de les diffuser.

À l’opposé, soulignons aussi quelques bons coups de MBS, notamment celui d’avoir soutenu dès le début la candidature d’une 11ᵉ équipe en F1. Ce projet initié par Michael Andretti et finalement accepté avec réticence par Liberty Media et les 10 équipes de F1 actuelles, a abouti à l’arrivée de Cadillac, l’an prochain. N’eut été du soutien permanent de MBS avec la FIA dans ce dossier, pas sûr que ce projet se serait concrétisé. Soulignons aussi son intérêt et son soutien envers des pays et des fédérations considérées comme négligeables autrefois. Avec MBS, ce n’est pas uniquement le Moyen-Orient qui est davantage écouté, mais le continent africain qui semble vouloir être aidé à progresser en matière de sport automobile international (projet de Grand Prix de F1 au Rwanda et retour en Afrique du Sud, notamment) et national.

Désormais assuré d’un second mandat, Mohammed Ben Sulayem aura quatre années de plus pour promulguer ses méthodes et projets.