Karting puis F1600 puis la série Super Production Challenge, à compter de 2023. Maïka Chamberland, pilote de Trois-Rivières, ne cesse de progresser dans le monde du sport automobile canadien. La jeune pilote le démontre aussi au Grand Prix de Trois-Rivières, en SPC : en 2023 pour son année recrue dans la série, elle avait récolté une onzième, une huitième puis une septième place en classe Compact. En 2024, la progression s’est poursuivie : 4ᵉ, 4ᵉ puis troisième. Et cette année, après avoir gagné à Mosport en mai, Maïka a fini deux fois troisième et une fois deuxième. De plus, elle vise rien de moins que le titre cette saison en classe Compact du SPC, face à deux autres pilotes très talentueux, mais aussi expérimentés : Fred Bernier et Éric Coulombe.
Ce week-end, la série SPC présentera son avant dernier rendez-vous de la saison 2025, trois nouvelles courses cette fois à Calabogie, avant la grande finale au Circuit Mont-Tremblant fin septembre. Nous l’avons rencontrée au terme du GP3R...
Maïka, tu en étais cette année à ta troisième participation au GP3R en série SPC, après la Formule 1600 en 2022. À chaque année, tu as progressé dans la hiérarchie. De quelle façon cette progression influence‑t‑elle ton état d’esprit aujourd’hui ?
Avec le début de saison que j’ai connu en SPC, je dois dire que j’attendais beaucoup de ce GP3R. Malheureusement, on a connu deux courses sur trois avec beaucoup de drapeaux jaunes mais je suis heureuse d’avoir signé trois nouveaux podiums. C’est très différent rouler en SPC de la F1600, essentiellement car, outre le fait que je suis passée d’une monoplace à une voiture de classe Compact, en F1600 la voiture ne m’appartenait pas. Dans ce temps-là, tu fais toujours plus attention. Aujourd’hui, après 3 ans avec ma propre voiture en Compact, je suis totalement en confiance. J’appréhendais quand même un peu cet événement, mais positivement, car c’est une très grosse fin de semaine de course à la maison, devant les amis, la famille, les commanditaires.
Tu as décroché ta première victoire en SPC en mai et tu es aujourd’hui dans la course au titre. Comment vis-tu cela ?
On a comme compris à Mosport qu’on était capable d’aller jouer en avant ! Puis, lors du week-end au Atlantic Motorsport Park en Nouvelle-Écosse, j’ai encore une fois été en lutte pour la victoire. Donc là, ça m’a confirmé que je pouvais vraiment me battre pour le titre et j’avais hâte d’en arriver là parce que j’étais habituée à ça en karting. Jusqu’ici en circuit routier, ça me manquait de ne pas encore aller jouer avec les meneurs ! C’est très agréable d’être deuxième au GP3R mais de voir que la première place est toujours à portée de main, c’est extrêmement motivant.
Comment te prépares‑tu avant un week-end de courses, au niveau technique et mental, pour reproduire – ou améliorer – tes performances ?
J’analyse beaucoup, je regarde toutes mes données, je regarde mes caméras et je fais très attention aux détails, comme trouver des points de repère sur la piste. Chaque erreur faite par le passé, j’essaie de l’enregistrer pour l’éviter de nouveau. On a parlé de karting et dans cette discipline, je courrais dans une catégorie où il fallait anticiper, jouer avec les erreurs des autres, avec ses propres erreurs. C’est un peu ce que je vis avec ma petite Honda fit qui n’est pas une grosse cylindrée : tu dois profiter des erreurs des autres en piste tout en donnant tout pour ne pas toi-même en commettre.
Contrairement au karting et à la F1600, en classe Compact du SPC, tu évolues sur la piste en même temps que les voitures des catégories Production et Super Production, qui ont plus de puissance. Il y a donc la nécessité d’anticiper les dépassements, composer avec le trafic de ces autres catégories. Comment vis-tu cela ?
Je n’ai pas nécessairement de stratégie pour ça. J’y vais au tour par tour. Je me concentre sur ma propre course et j’attends de voir quelle voiture va me dépasser plus tard en course, à quel endroit. Je m’adapte sur le moment. C’est certain que c’est important de pas trop laisser de place non plus sur la piste parce qu’on perd du temps dans sa propre course en Compact. Mais il y a quand même du respect en piste en SPC et j’essaye de ne pas nuire aux plus grosses catégories. Il faut chercher l’équilibre quand on veut me dépasser. L’expérience de rouler avec des voitures plus rapides autour de soi est également très intéressant, on dirait que je comprends un peu mieux les mouvements des autres. Il faut composer avec ses propres limites et observer ce qui se passe autour, point par point.
On te sent encore très attachée au karting. T'ennuies-tu un peu de tes années dans cette discipline ?
Oui, je m’ennuie de ma gang en karting. C’est le karting qui m’a amené en 1600, puis en SPC. Ma passion de la course, c’est en karting que je l’ai développée, que j’ai appris à aimer les courses en circuit. J’aimais cet aspect de devoir travailler avec mon corps pour placer le kart dans un virage. À ma première année en SPC, j’ai essayé de combiner les deux, karting et circuit routier, mais j’ai terminé la saison complètement épuisée. C’est vraiment impossible de bien faire les deux. Et il y a aussi les risques de blessure. Je me suis déjà cassé des côtes et un bras en karting, alors je ne voudrais pas compromettre ma saison en SPC avec ce genre de risque, surtout en vue du championnat actuel et de mes chances de titre 2025.
SPC : Une progression constante et l'objectif de décrocher le titre 2025 pour Maïka Chamberland
Mercredi 20 août 2025 par Cynthia Dorais
Crédit photo: Stéphane Gagné