Après la course sur le tracé sublime de Spa-Francorchamps, la F1 se retrouvait le week-end dernier sur l’Hungaroring, un tracé minimaliste de 4,3 km avec 14 changements de direction, deux zones de DRS, et un appui aéro plus poussé. Les changements de conditions (direction du vent, faible pluie occasionnelle) ont forcé les équipes à changer leurs stratégies d’arrêts pendant la course et cela a animé une épreuve qui partait pour être plutôt monotone.
La suite des sept changements de trajectoire du 5e au 11e virage, parcourus entre 3 et 4G d’accélération latérale, exige une précision poussée du pilotage, sinon une erreur ruine le chrono en cours. La température de la surface de la piste a baissé d’environ 150 C durant Q3 et en course, affectant l’appui, la vitesse maximum, l’emplacement des points de freinage, et les températures et pressions des pneus, et forçant les pilotes à s’adapter à l’inconnu à chaque tour en qualif et en course.
Finalement, Lando Norris a offert à McLaren sa 200ᵉ victoire en F1 en apparaissant plus rusé dans sa stratégie que Piastri et Leclerc. Bilan...
1. Lando Norris, parti 3e. Après avoir admis ne pas avoir réussi à prendre le dessus sur les changements de conditions en qualifs, il a ensuite raté son départ pour se retrouver 5ᵉ en début de course. Parti pour deux arrêts, sa voiture était tellement qu’il a pu retarder son premier arrêt assez pour que les autres pilotes sur deux arrêts fassent leur premier passage aux puits avant de constater que Norris était maintenant loin devant eux avec la possibilité de ne s’arrêter qu’une. Un coup de maitre de l’équipe de Lando ! Les derniers tours furent cependant compliqués, avec Piastri sur ses talons, mais Norris n’a pas craqué sous la pression.
2. Oscar Piastri, parti 2e. Surpris de voir Leclerc devant lui après le départ. Il double la Ferrari qui commence à perdre sa forme. Il adhère ensuite à sa stratégie originale de deux arrêts qui le ramène de 16 à 1 seconde de Norris en fin de course. Incapable de doubler son coéquipier dans les derniers tours, il a réussi à éviter l’accrochage après un gros blocage de roues. Somme toute, une course où il concède 7 points à Norris au championnat, mais il demeure meneur avec 9 points de priorité.
3. George Russell, parti 4e. Avec une Mercedes revenue aux anciennes suspensions arrière (utilisées pour la dernière fois en Espagne), la qualif comme la course se sont bien passées pour le Britannique. En course, il a piloté une machine aux performances constantes. Sa stratégie était également bonne et son dépassement sur Leclerc prévisible.
4. Charles Leclerc, parti de la pole. Bien parti en tête, la bonne tenue de route et la victoire pressentie s’envolent apparemment sur un problème de châssis peu après la mi-course, laissant le pilote 4e à l’arrivée et ouvertement critique envers son équipe. Car pour le Monégasque, la stratégie n’était tout simplement pas bonne face au pari audacieux de Norris.
5. Fernando Alonso, parti 5e. Journée faste pour Aston Martin avec 16 points accumulés grâce à une voiture stable et sans vices sur ce tracé sinueux, les seuls où la AMR25 parvient à tirer son épingle du jeu cette année. Ce fut une course sans histoire pour Fernando qui avait assez de performance en main pour résister à toutes les attaques et aussi profiter des occasions pour améliorer sa position au final. Reste maintenant à espérer que la monoplace verte se comportera aussi bien sur les autres circuits sinueux et urbains d’ici la fin de la saison.
6. Gabriel Bortoleto, parti 7e. Le Brésilien a réalisé son meilleur classement de la saison après une défense héroïque pour maintenir Verstappen derrière lui en début de course. Comme Norris, il n’a effectué qu’un seul arrêt et termine entre les deux Aston Martin qui sont désormais les plus proches rivaux de Sauber au championnat. On sent un excellent momentum dans l’écurie suisse depuis quelques courses. De plus, Bortoleto apprend vite, et termine avec de gros points pour une 3ᵉ fois en 4 Grands Prix.
7. Lance Stroll, parti 6e. Après des épreuves décourageantes, le Québécis a réalisé une belle démonstration de son potentiel de pilote, avec une course propre, toujours aux limites de sa machine. L’équipe ne comprend pas le pourquoi de ces améliorations afin de reproduire ces bons effets partout mais il est au moins intéressant de constater que l’écart de performances entre Lance et son coéquipier Alonso était minime à Budapest.
8. Liam Lawson, parti 9e. Le jeune néo-zélandais a su baisser le ton de son attitude enflée du début de la saison. Sa rétrogradation de Red Bull Racing vers Racing Bulls fut laborieuse au début mais depuis quelques courses, il démontre être revenu à son meilleur niveau. Ce GP de Hongrie est un autre événement terminé devant son coéquipier. Il doit encore avoir plus de constance et continuer à s’améliorer mais sa saison est belle et bien relancée.
9. Max Verstappen, parti 8e. La RB21 de Max manquait d’adhérence globale et de stabilité en qualif comme en course, malgré les efforts du maître pilote, surtout à plus basse vitesse comme on en retrouve au Hungaroring. Max s’efforçait visiblement de rester calme et réaliste, mais on le sent vraiment choqué de la situation, surtout après avoir annoncé la poursuite de son contrat avec Red Bull, comme on pouvait s’y attendre puisque la clause de sortie (valide uniquement s’il n’est pas dans le Top 3 du championnat à mi-saison) ne peut être activée.
10. Kimi Antonelli, parti 15e. Le jeune pilote (18 ans) apprend graduellement son métier à bord d’une Mercedes qu’il ne sait pas encore comment optimiser de bout en bout dans une course, ni profiter de toutes les occasions d’avancer et d’éviter les incidents. Un dernier relai de 50 tours sur des gommes dures l’a poussé à ses limites physiques. À la fin, il ne pouvait se défendre des attaques de Hadjar qu’en sortant du dernier virage au max et jouer l’intérieur à l’entrée du virage 2. Finalement, un petit point qui fait du bien, même s’il est loin en performance pure de son coéquipier.
11. Isack Hadjar, parti 10e. Le rythme de la recrue était fort tout au long du week-end. Toutefois, son départ malheureux l’a laissé coincé derrière d'autres voitures, perdant ainsi sa position dans le Top 10 sans pouvoir y revenir malgré une bonne stratégie d’arrêts. La voiture Racing Bulls a du potentiel et Isack doit apprendre à tout mettre en place au moment propice.
12. Lewis Hamilton, parti 12e. Lewis était furieux après la qualif, car rien ne marchait bien dans les conditions changeantes; et rien de mieux en course malgré avoir poussé au maximum. Il mentionne un gros travail de fond entrepris à l’usine; une réorganisation fondamentale des opérations, des méthodes de travail, de l’outillage et machinerie moderne, et des méthodes de gestion. Il s’agit d’un projet qu’il a lancé personnellement à l'interne, fort de son expérience chez deux équipes super efficaces : McLaren et Mercedes. Sa motivation est claire : Il tient mordicus à remporter un titre chez Ferrari mais à Budapest, il a semblé désabusé. La pause estivale lui fera du bien.
13. Nico Hülkenberg, parti 8e. Trop bien parti, Nico gagne une place au départ, mais reçoit une pénalité de 5 secondes pour avoir anticipé le départ. Premier à passer aux puits pour pneus neufs, il a ensuite doublé plusieurs adversaires. Cet avantage a été perdu lorsqu'il est rentré une seconde fois et a perdu en plus du temps, puis chuté en fin de course sans avoir pu profiter de ses gommes tendres montées trop tard. Une course ratée donc.
14. Carlos Sainz, parti 13e. Sur gommes tendres au départ, l’ex-pilote Ferrari monte d’une position au 13e tour puis demeure coincé dans un train de monoplaces sous DRS. Sa stratégie à deux arrêts n’était pas ratée, ni la meilleure. En fait, Carlos a vécu une course sans incident mais qui n’a pas rapporté de points car d’autres monoplaces étaient tout simplement meilleures que la sienne.
15. Alex Albon, parti 19e. Au volant d'une Williams incapable de faire monter ses pneus à bonne température, Alex a raté sa qualification samedi. En course, sur une stratégie de deux arrêts, il gagna rapidement trois places. Par la suite, le train de voitures sous DRS ne l'a pas aidé et il finit derrière son coéquipier sans pouvoir espérer marquer des points.
16. Esteban Ocon, parti 16e. Pas satisfait de son résultat, le Normand déclarait après la course que sa voiture ne se prêtait vraiment pas au tracé ni aux conditions. L’équipe Haas pensait jouir d’un avantage sur les circuits à faible appui aérodynamique, mais ce fut tout le contraire. Et Haas a perdu une place au championnat des constructeurs !
17. Yuki Tsunoda, parti des puits. Le second pilote Red Bull Racing a vécu les mêmes déboires de manque d’adhérence que Max Verstappen. Un incident a de plus brisé son aile avant et rendu la course vaine pour lui. Yuki sent bien l’écart de performances entre lui et Verstappen se réduire, mais sans réellement ramener la RB21 au niveau des gagnantes. Ce manque de performance s’ajoute à la complexité de la voiture.
18. Franco Colapinto, parti 14e. Qualifié devant Gasly et après un bon départ avec une stratégie de deux arrêts, l’Argentin pouvait espérer maintenir un rythme respectable grâce aux améliorations récentes à l’Alpine. L’accumulation du temps perdu à laisser passer les meneurs, aux erreurs aux puits et à des problèmes d'adhérence à l'arrière ont finalement relégué Franco en fin de peloton.
19. Pierre Gasly, parti 16e. Parti pour un seul arrêt, il a cependant reçu une pénalité de 10 secondes pour un incident avec Sainz qui a ruiné sa course. Alpine reste toutefois ancré au bas du tableau. Marquer des points pour le pilote français comme pour son coéquipier était mission impossible à Budapest.
20. Oliver Bearman, parti 11e. Avec une Haas mal réglée, Oliver ne parvint jamais à se sentir assez confortable pour atteindre un bon rythme de course. Il a fini par abandonner en raison d’un problème de fond plat, au 49ᵉ des 70 tours. Un souci qui le handicapait depuis le départ.
Bilan GP de Hongrie : 200ème victoire pour McLaren, Aston Martin en ascension et fiascos chez Ferrari et Red Bull !
Lundi 4 août 2025 par Marc Cantin
Crédit photo: Galeron