La March à moteur V8 Judd de Mauricio Gugelmin a effectué une impressionnante cabriole au freinage du premier virage du Grand Prix de France en 1989 sur le circuit Paulk-Ricard.
Heureusement, la monocoque et les arceaux de sécurité de la March ont magnifiquement bien effectué leur travail et le pilote brésilien s’en ai sorti secoué, mais sans une égratignure.
Cette Leyton House March CG891 à moteur V8 atmosphérique Judd de 3,5 litres a été conçue par Adrian Newey. Destiné à exploiter l’efficacité de son large diffuseur arrière, le châssis en forme de V est hyper étroit et très inconfortable. Le pédalier est ridiculement étriqué. Il y a à peine de la place pour les trois pédales et pour cette raison, il n’y a pas de repose-pied.
Si l’Italien Ivan Capelli est à peu près correctement installé dans le cockpit, ce n’est pas le cas de son coéquipier, Mauricio Gugelmin, qui est plus grand et plus large que Capelli. Le pauvre est vraiment coincé à bord de la March et termine ses courses avec de douloureuses crampes.
Cette March est rapide, surtout si le circuit est lisse comme une table de billard. S’il est bosselé, la hauteur de caisse de la voiture change constamment, ce qui fait évidemment varier l’appui aérodynamique. Mais il y a pire. Elle est incroyablement fragile. La transmission, le circuit électrique et même le moteur Judd tombent facilement en panne. Au cours de la saison 1989 de 16 Grands Prix, Gugelmin a abandonné à sept reprises tandis que Capelli a inscrit un record personnel avec 14 abandons !
La March décolle et crée un carambolage
Le Grand Prix de France, septième manche de la saison, est présenté le 9 juillet sur le circuit Paul-Ricard au Castellet. Il fait très beau et chaud, et les 85 000 amateurs assistent aux débuts en de deux jeunes Français : Jean Alesi chez Tyrrell et Éric Bernard chez Larrousse.
Les McLaren MP4/5-Honda d’Alain Prost et Ayrton Senna dominent les qualifications devant la Ferrari 640 de Nigel Mansell et la Benetton B189-Ford d’Alessandro Nannini. Gugelmin est 10e sur la grille tandis que Capelli est 12e. Le départ est donné et le peloton approche du premier virage à haute vitesse. Ce virage est assez lent et tourne vers la droite. Et c’est le chaos.
Senna occupe la tête devant Prost, Nannini et Mansell. Derrière eux, Gugelmin a pris un bon départ et tente de gagner quelques places. Il a soudainement un grand trou devant lui et il désire évidemment en profiter. La March est comme aspirée vers l’avant et Gugelmin tente de freiner très fort, mais ça ne fonctionne pas. La voiture, roues bloquées, dévie soudainement vers sa droite et touche à la Williams de Boutsen.
Les pneus brûlants des deux bolides s’escaladent et la March est projetée dans un tonneau latéral. À l’envers, elle retombe sur l’arrière de la Ferrari de Mansell et arrache son aileron. Elle rebondie sur l’autre Ferrari, celle de Gerhard Berger. Elle termine finalement sa course folle à l’envers dans le bac à gravier. Plusieurs autres voitures se touchent et des débris volent dans le tous les sens. Le drapeau rouge est déployé.
Les commissaires interviennent rapidement. Ils se mettent à plusieurs et retournent la March à l’endroit, sans ménagement. Une telle manœuvre est interdite aujourd’hui, car on ne sait pas si pilote souffre de fractures aux vertèbres. Les extincteurs entrent en action pour éteindre le début d’incendie, vite maîtrisé. Gugelmin n’a strictement rien et il peut remercier Newey d’avoir conçu une monoplace aussi solide.
Les voitures légèrement endommagées sont réparées dans les puits. Nigel Mansell, Martin Donnelly (Arrows-Ford) et Mauricio Gugelmin s’installent à bord de leurs voitures de réserve et prennent le départ depuis la ligne des puits.
Gugelmin dispute une course tranquille et termine à neuf tours du vainqueur, Alain Prost, et n’est donc pas classé.
9 juillet: Impressionnante cabriole de la March de Mauricio Gugelmin au GP de France en 1989
Mercredi 9 juillet 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron