En 1963, des négociations tendues ont eu lieu entre Enzo Ferrari et Henry Ford II au sujet d’une éventuelle vente de l’entreprise italienne de voitures sport au géant américain de l’automobile.
Ces pourparlers ont duré un certain temps, et finalement, le projet a capoté. Les raisons sont multiples.
D’abord, tout sépare Henry Ford II d’Enzo Ferrari. Le petit-fils de Henry Ford est né et a grandi dans le luxe et l’opulence. Il a toujours eu ce qu’il exigeait. C’était un enfant gâté. Et à seulement 28 ans, on lui a donné le contrôle de l’empire Ford.
En comparaison, Enzo Ferrari était le fils d’un charpentier. Il a peu fréquenté l’école et a connu les privations et l’horreur du premier conflit mondial. Il a connu la douleur de perdre son fils Dino emporté par la maladie et a vu ses usines bombardées par les Allemands en novembre 1944 et en février 1945.
De plus, Henry Ford II s’intéresse peu à la course automobile. Pour lui, il s’agit de construire encore plus de voitures de série et d’inonder le marché. Au début des années ’60, Ford produit annuellement un peu plus de 800 000 véhicules. Pour Ferrari, c’est tout le contraire. La firme italienne commercialise des sportives de route pour financer son écurie de course. À la même période, Ferrari ne produit qu’un peu plus de 2000 voitures de haute performance par année et elles se vendent très cher.
À cette époque, Ford a du mal à se remettre de l’échec de l’Edsel et fait face à un concurrent de taille, General Motors. De plus, à la suite de la catastrophe du Mans en 1955, l'American Automobile Manufacturers Association a volontairement accepté de cesser le développement de voitures sport performantes. Si Ford a respecté cette condition, ses concurrents n'y ont prêté aucune attention et Chevrolet a conçu la Corvette. Ford a été dépassé par les événements et il lui fallait réagir.
Une clause qui change tout pour Ferrari
Plutôt que de partir de zéro afin de créer une voiture sport, Henry Ford II a vent qu'Enzo Ferrari cherche à vendre son entreprise. Gagner des courses les dimanches se traduirait par de meilleures ventes pour Ford. Acheter l’entreprise italienne lui permettait de mettre la main sur de fabuleux moteurs, sur des chaînes d’assemblages éprouvées et sur le magnétisme du nom Ferrari.
Ainsi, Ford ferait l’acquisition d’une entreprise respectable, mais en difficultés financières, qui attirerait des acheteurs à la recherche de voitures sport de hautes performances.
Les négociations commencent et Enzo Enzo lui-même semble apprécier ce qu’il entend, car il commence à en avoir assez de devoir gérer les affaires courantes de l'entreprise. La seule chose qui l’intéresse est la course automobile. Financièrement, il a besoin des millions de dollars de Ford pour assurer la survie de son entreprise.
Le 21 mai, après neuf mois de négociations, Henry Ford II pense avoir conclu un accord avec Ferrari. L’Américain achète 90% des parts de Ferrari. Selon les termes du contrat de vente, il y aurait deux entités corporatives : “Ford-Ferrari” qui fabriquerait les voitures de série, et “Ferrari-Ford”, une équipe de course plus ou moins indépendante. Le journal britannique Time affirme même que les ingénieurs ont commencé à travailler sur un châssis Ford propulsé par un moteur V12 Ferrari.
À la lecture du document, Enzo Ferrari découvre une clause qui spécifie que l'écurie de course doit obtenir son financement de Ford, ce qu'il considère comme une menace pour son autonomie. Il interroge les gens de Ford sur son droit d'aligner des voitures de course à sa guise. La réponse est négative.
C’est en trop pour le patriarche qui ne vit que pour le sport automobile. Il refuse de signer le document et renvoie Henry Ford II aux États-Unis en lui faisant comprendre, parait-il, qu'il ne serait jamais à la hauteur de l'héritage de son grand-père. Le 22 mai, un communiqué de presse indique que les négociations entre les deux entreprises ont été rompues.
Henry Ford II, furieux et humilié, autorise le développement de la Ford GT40 dans le but exprès d'humilier Ferrari aux 24 Heures du Mans.
Enzo Ferrari, toujours en proie à des soucis financiers, se tourne à contrecœur vers Fiat pour obtenir une aide financière, et les deux sociétés concluent un accord d'acquisition en juin 1969.
22 mai: Enzo Ferrari refuse brusquement de vendre son entreprise à Ford en 1963
Jeudi 22 mai 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Ferrari.com