Le Québécois Gilles Villeneuve est monté sur un podium de Formule 1 pour la première fois à l’issue du Grand Prix d’Autriche de 1978 présenté sur une piste parfois mouillée, parfois sèche.

En cette année 1978, Gilles Villeneuve dispute sa première saison en F1 au sein de la prestigieuse Scuderia Ferrari avec le vétéran Argentin Carlos Reutemann comme coéquipier. Passée aux nouveaux pneus radiaux Michelin, l’écurie Ferrari inscrit des anciennes 312 T2 lors des deux premiers Grands Prix de la saison. Le nouveau modèle, la T3, apparaît lors de la troisième manche présentée à Kyalami en Afrique du Sud.

Rapide, mais inexpérimenté, Villeneuve connaît un début de saison laborieux. Après sa huitième place en début d’année, Villeneuve abandonne quatre fois de suite, incluant à Long Beach où il s’accroche alors qu’il mène la course…

Sur ses quatre abandons, une seul est causé par un ennui technique, les autres étant tous le résultat d'accidents. Selon la légende, le patriarche Enzo Ferrari aurait convoqué Villeneuve à Maranello et lui aurait posé la question qui tue : « Gilles, combien de points as-tu marqué jusqu’ici ? ». Gilles aurait alors clairement reçu le message de son patron.

Le Québécois se qualifie bien en Belgique à Zolder, se classe quatrième en course en dépit d’une crevaison coûteuse et marque ses premiers points. Puis, il termine ses Grands Prix, mais obtient des résultats décevants en Espagne, en Suède, en France et en Allemagne.

Arrive le Grand Prix d’Autriche présenté le 13 août sur le toboggan de l’Österreichring long de 5,9 km et fait de virages ultra rapides qui offrent assez peu de protection. Les Lotus 79-Ford à effet de sol de Ronnie Peterson et Mario Andretti sont devant sur la grille de départ tandis que Villeneuve s’est qualifié en 11e place. De gros nuages noirs se font menaçants quand les voitures se placent pour le départ.

Au feu vert, Peterson démarre correctement tandis qu’Andretti commet une énorme gaffe en sortant de piste dès le premier tour à la suite d’un contact avec la Ferrari de Reutemann. Peu après, Peterson mène devant Patrick Depailler revenu de la 13e place dans sa Tyrrell-Ford ! Quant à Villeneuve, il occupe la 12e position. Les nuages comment à déverser quelques gouttes de pluie.

Après le septième tour, la pluie tombe avec intensité et Peterson effectue un tête-à-queue. Les conditions sont terribles et la course est neutralisée. Elle reprend un peu plus tard quand la pluie cesse et le classement final sera établi par l’addition des temps des deux manches.

La piste est encore piégeuse lors de cette deuxième manche et Villeneuve, à l’aise dans ces conditions difficiles, remonte le peloton. Les concurrents s’arrêtent les uns après les autres pour faire monter des pneus lisses. Au 30e passage, la piste est bien sèche et Peterson est premier devant Villeneuve. Mais trois tours plus tard, Depailler double le Québécois qui se met à perdre du terrain.

Ronnie Peterson remporte sa 10e victoire en F1 et sa deuxième de la saison. Patrick Depailler arrive au deuxième rang dans sa Tyrrell 008-Ford, à 47”4 du vainqueur. Gilles Villeneuve croise l’arrivée en troisième position, loin à 1’39”7, mais devant Emerson Fittipaldi et sa surprenante Copersucar F5A.

Plusieurs grands noms se sont fait piéger par les conditions délicates, comme Mario Andretti (Lotus 79), Jody Scheckter (Wolf WR5), James Hunt (McLaren M26), Carlos Reutemann (Ferrari) et Niki Lauda (Brabham BT46A-Alfa Romeo).

Avec ce premier podium en carrière, Villeneuve grimpe du 16e au 12e rang au classement des pilotes avec sept points. Il rassure aussi son employeur, Enzo Ferrari.