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11 mars : Naissance d’une vedette, Jean Alesi tient tête à Ayrton Senna à Phoenix en 1990

11 mars : Naissance d’une vedette, Jean Alesi tient tête à Ayrton Senna à Phoenix en 1990

Lundi 11 mars 2024 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Ce Grand Prix des États-Unis présent à Phoenix en 1990 a marqué la naissance d’une future grande vedette de la Formule 1, le Français Jean Alesi qui n’a pas hésité une seconde à affronter roues dans roues le grand Ayrton Senna.

La saison 1990 de Formule 1 démarre dans les rues insipides de la ville de Phoenix en Arizona. S’il pleut pourtant rarement dans cet endroit désertique, une succession d’averses très inhabituelles ruinent les essais et la séance de qualification du samedi, ce qui signifie que la grille de départ est figée dès vendredi.   

Un jeune Français est aux commandes d’une modeste Tyrrell 018 à moteur Ford Cosworth DFV, le modèle de l’an dernier. Il y a toutefois une différence majeure, car cette année, elle n'est plus chaussée de pneus Goodyear, mais des Pirelli qui font merveille. D’ailleurs, trois des six voitures les plus rapides des qualifications de vendredi sont équipées de pneus Pirelli.

Alesi installe sa Tyrrell en quatrième position sur la grille de départ. Pourtant, le natif d’Avignon est relativement inexpérimenté. Champion en titre de Formule 3000, il n’a disputé que huit Grands Prix l’an dernier, mais a récolté deux places de quatrième et une de cinquième. Ken Tyrrell voit en lui un futur grand champion, le successeur de François Cevert.

C’est Gerhard Berger qui réalise la pole position à bord de sa McLaren MP4/5B Honda devant les étonnants Pierluigi Martini sur une Minardi M189-Ford and Andrea De Cesaris au volant d’une Dallara 190-Ford ; deux monoplaces chaussées de pneus Pirelli. Puis viennent Alesi, Ayrton Senna (McLaren MP4/5B Honda) et Nelson Piquet Benetton (B189B-Ford).

Au feu vert, la petite Tyrrell, magnifiquement aidée par l’adhérence de ses pneus Pirelli, démarre comme une flèche et Alesi parvient à doubler la McLaren de Berger au freinage du premier virage ! Le jeune Alesi se glisse en tête du Grand Prix ! Ken Tyrrell n’en croit pas ses yeux !

Alesi parvient à se sauver de Berger. Au troisième tour, il possède déjà quatre secondes d’avance. Il faut préciser que Berger a du mal à faire chauffer ses pneus Goodyear et que sa McLaren glisse pas mal. « Au début, j’attaquais comme en qualification » de dire Alesi.

Le Français dispose d’une avance de cinq secondes sur Berger quand l’Autrichien commet une grosse bévue au neuvième tour. Sa McLaren part en glissade à la sortie du virage de la rue Monroe et tape les pneus de protection de côté. En fait, les bottines de Berger sont si larges et la piste est si bosselée qu’au freinage, il a appuyé à la fois sur l’accélérateur et le frein ! L’aileron arrière est endommagé, mais Berger reprend la piste et s’arrête aux puits pour y faire effectuer une réparation.

Une lutte de tous les instants

Alesi est donc en tête avec huit secondes d’avance sur Senna. Mais entre le 14e et le 27e tour, cette avance fond comme neige au soleil. « J’avais chaussé des gommes intermédiaires. Ça allait, mais quand Senna m’a rejoint, ma voiture a commencé à glisser une peu » d’ajouter Alesi. Les deux monoplaces roulent ensemble. Le fier Brésilien commence à s’impatienter de rouler derrière la petite Tyrrell. Il tente un coup à droite, un autre à gauche, mais Alesi résiste.

Au 33e tour, la McLaren profite de l’aspiration de la Tyrrell sur Jefferson Street. Senna plonge à l’intérieur du virage à 90 degrés à droite et double Alesi. Mais le Français longe le muret de béton et pique Senna à l’intérieur du second virage qui tourne à gauche, et reprend la tête ! « Ayrton était plus rapide que moi et normalement, j’aurais dû le laisser filer. Mais j’ai immédiatement vu l’occasion de le repasser et je me suis dit pourquoi pas ? » d’avouer Alesi.

Le tour suivant, Senna répète sa manœuvre sur Jefferson, espérant profiter de la présence de la Brabham de Gregor Foitek qui accuse un tour de retard. Cette fois, Senna reste sur sa gauche et empêche Alesi de revenir devant lui. Mais au virage suivant, Alesi, déterminé à impressionner Ken Tyrrell, plonge à l’intérieur de la McLaren ! Les pneus se frôlent, mais le Brésilien reste devant. Obstiné, Alesi ne baisse pas les bras et tente à nouveau de doubler Senna au virage suivant.

Cette fois, ça ne fonctionne pas et Senna reste le meneur. Alesi se calme et songe maintenant à préserver ses pneus et à contrer toute attaque afin de terminer deuxième. Cette bataille en piste n'a pas réellement plu à Ken Tyrrell qui jugé que son jeune pilote avait été un peu trop... combatif. Durant les derniers tours, Alesi souffre de martyr des muscles de son cou, mais conserve sa concentration.

Au terme des 72 tours de course, Senna remporte le premier Grand Prix de la saison 1990. Alesi monte sur son premier podium en carrière, se classant deuxième à seulement huit secondes du vainqueur. Thierry Boutsen, sur une Williams FW13B-Renault, se classe troisième.

Deux Grands Prix plus tard, à Saint-Marin, Alesi se retrouve aux commandes de la toute nouvelle et fameuse Tyrrell 019 caractérisée par son nez surélevé et ses ailerons avant en forme d’ailes de mouette, une création de Jean-Claude Migeot. À son volant, Alesi réalise une autre prouesse en terminant deuxième, encore, dans les rues de Monaco.