On s’attendait bien à ce que Ferrari allait se séparer de Mattia Binotto il y a de cela quelques semaines, mais l’arrivée du Français Frédéric Vasseur à la tête de l’écurie de Formule 1 italienne a quand même été une surprise. On peut même se demander si le recrutement de Vasseur n’est pas une copie du geste posé par Ferrari en 1993 lorsqu’elle avait engagé un autre gestionnaire de grand talent, le Français Jean Todt.

Après avoir dirigé l’écurie Sauber commanditée par Alfa Romeo, voici donc Vasseur aux commandes de la prestigieuse écurie Ferrari et dont le mandat est de corriger ce qui doit être revu au sein de l’équipe, et de s’assurer de placer les bonnes personnes aux bons endroits afin que les meilleures décisions soient prises, même sous une intense pression.

Vasseur va pouvoir compter sur la présence d’un autre Français à ses côtés, Laurent Mékies, le directeur adjoint de l'équipe et directeur de course de la Scuderia Ferrari. Le nouveau patron a réalisé de l’excellent travail chez Alfa Romeo, amenant l’écurie de la 10e place à son arrivée en 2017 à la sixième au classement des constructeurs cette année. On se rappellera qu’il a aussi été le patron de l’écurie Renault F1 en 2016 et 2017 avant de passer chez Sauber.

Ce qu’on sait moins, c’est que Vasseur a l’âme d’un bâtisseur. Il est un maître de la restructuration et de l’organisation. Il l’a d’ailleurs démontré tout au long de sa carrière. Lui, ce qu’il aime, c’est créer et gagner.

Né en 1968, Vasseur, passionné de sports mécaniques, étudie à l'École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile (ESTACA). Il s’implique en Formule Renault 2.0 avant d’intégrer l’écurie ASM de Didier Panissier qui fait rouler Franck Lagorce en Formule 3. Puis, Vasseur prend le contrôle de l’écurie et remporte le titre de la F3 française avec le Belge David Saelens en 1998.

Son écurie ASM négocie une entente avec Mercedes-Benz pour la fourniture de moteurs pour ses Dallara F3. C’est au sein de cette écurie que le pilote québécois Bruno Spengler effectue ses débuts en F3 en 2003. Vasseur a souvent déclaré qu’il ne recrutait que des pilotes qui possèdent le potentiel de devenir des champions. Il l’a prouvé en amenant Jamie Green, Lewis Hamilton, Paul di Resta, Romain Grosjean, Nico Hülkenberg et Jules Bianchi à des titres en F3 européenne. Vasseur a aussi travaillé avec Sebastian Vettel en F3 au cours de la saison 2006.

En 2004, Vasseur s’associe avec Nicolas Todt, le fils de Jean Todt, et crée une nouvelle écurie, ART Grand Prix qui est destinée à participer au nouveau championnat de GP2. Nico Rosberg en 2005, Lewis Hamilton en 2006, Hülkenberg en 2009 et Stoffel Vandoorne en 2016 deviennent des champions de la série.

ART Grand Prix s’intéresse ensuite à la catégorie GP3 et décroche des championnats avec Esteban Guttiérez, Valtteri Bottas, Esteban Ocon, Charles Leclerc et George Russell. Puis, une fois la catégorie GP2 remplacée par la Formule 2, ART Grand Prix et Vasseur s’offrent encore d’autres titres : en 2018 avec Russell et en 2019 avec Nyck de Vries.

Vasseur est un bourreau de travail, exigeant envers ses collaborateurs et ses pilotes, terriblement organisé et méthodique. Mais il est aussi à l’écoute des autres, ouvert d’esprit, d'un calme olympien, fin observateur et respectueux.  

Frédéric Vasseur est habitué de travailler avec d’excellents pilotes dont le talent doit être peaufiné afin qu'il éclate au grand jour. Chez Ferrari, il rejoint Charles Leclerc qui saura indéniablement tirer profit des conseils et de l’encadrement de Vasseur pour décrocher des résultats plus réguliers et espérer remporter le titre en 2023.