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8 avril : Gilles Villeneuve domine le Grand Prix de Long Beach en 1979

8 avril : Gilles Villeneuve domine le Grand Prix de Long Beach en 1979

Vendredi 8 avril 2022 par René Fagnan
Crédit photo: Ferrari Media

Crédit photo: Ferrari Media

Le 8 avril 1979, le pilote québécois Gilles Villeneuve a remporté une victoire facile à l’occasion du Grand Prix des États-Unis Ouest présenté dans les rues de Long Beach.

Si la course s’est résumée à une parade de Villeneuve et sa Ferrari 312 T4, les essais libres, les qualifications et la procédure départ ont été particulièrement animés !

Le monde de la F1 arrive en Californie encore sous la surprise de la victoire de Gilles Villeneuve et de la nouvelle et étonnante 312 T4 sur le circuit de Kyalami en Afrique du Sud un mois auparavant.

Le coéquipier de Villeneuve, le Sud-Africain Jody Scheckter, commençait à se poser des questions, car le Québécois, beaucoup mois expérimenté que lui, l’avait battu de façon convaincante devant son public. Scheckter a toutefois bien l’intention de renverser la vapeur à Long Beach et démontrer que c’est lui le leader de la Scuderia.

Villeneuve aime bien le tracé de Long Beach qui lui rappelle ceux visités en Formule Atlantique comme Trois-Rivières et Québec. Douze mois auparavant, Villeneuve avait mené la course de Long Beach avant de s’accrocher avec la Shadow de Clay Regazzoni et d’écraser sa Ferrari contre les pneus de protection. Villeneuve avait clairement démontré à quel point il était à l’aise sur un circuit urbain, bien aidé par l’exceptionnelle souplesse du moteur 12 cylindres Ferrari.

Les essais de la course 1979 sont un désastre pour l’écurie Renault. La RS01 turbo de Jean-Pierre Jabouille percute le mur de béton à plus de 270 km/h après le bris inattendu d’un arbre de transmission. Incapable d’effectuer une réparation sérieuse sur place, Renault décide de retirer ses deux voitures, celles de Jabouille et de René Arnoux.

La guerre des pneumatiques fait rage entre Goodyear et Michelin. À ce petit jeu sur une piste urbaine temporaire, Michelin dispose d’un mince avantage. Villeneuve use un nombre impressionnant de trains de pneus Michelin de qualification et réalise la pole position, sa première en carrière, en 1’18”886. Carlos Reutemann, au volant d’une “vieille” Lotus T79-Ford chaussée en pneus Goodyear, perd un temps précieux à cause d’un bris de transmission, mais parvient à réaliser le deuxième temps à seulement 0,041” du Québécois !

Scheckter se qualifie troisième devant les Ligier JS11-Ford de Patrick Depailler et de Jacques Laffite et la Lotus de Mario Andretti. Ce dernier, Champion du monde en titre, connaît bien des ennuis en ce début de saison.

Une procédure de départ rocambolesque

Dimanche matin apporte son lot d’émotions. Cela commence par la boîte de vitesses de la Ligier de Laffite qui se bloque durant la séance de réchauffement du matin. Les mécanos se précipitent sur la voiture pour effectuer le changement complet de la boîte qui sera effectué juste à temps pour que Jacquot effectue le tour de mise en grille.

Et là, ça se complique ! La Lotus de Reutemann tombe en panne électrique durant le tour de formation. Elle est remorquée dans les puits. Une fois la réparation effectuée, les officiels interdisent à l’Argentin d’aller se placer sur la grille de départ ! Il doit donc rester dans la ligne des puits.

Gilles Villeneuve complète le tour de chauffe, mais n’arrive pas à trouver l’emplacement où s’effectue le départ. Il ralentit, ralentit, mais ne voit personne qui lui indique où immobiliser sa Ferrari. Alors il repart pour effectuer un autre tour à faible allure.

Derrière lui, la Ligier de Laffite bloque ses roues arrière et part en glissade. La nouvelle boîte de vitesses a elle aussi rendu l’âme ! Laffite saute dans une voiture d’intervention et rejoint son puits pour s’installer dans le mulet. Il rejoint Reutemann à la sortie des puits.

Villeneuve trouve enfin le bon emplacement de la grille et c’est enfin le départ de la course prévue sur 80 tours devant une foule de 100 000 spectateurs. Au premier virage, la McLaren de Patrick Tambay et la Brabham de Niki Lauda s’accrochent et s’éliminent toutes les deux.

Pendant que Villeneuve donne son festival, James Hunt (Wolf-Ford) abandonne sur bris d’arbre de transmission. Puis Laffite, en panne de freins, jette l’éponge, de même que Reutemann et Emerson Fittipaldi qui abandonnent sur bris de transmission.

La liste des abandons s’allonge, car la mécanique des voitures est mise à mal sur cette piste bosselée. Derrière Villeneuve et Scheckter, l’action s’intensifie en fin de parcours avec une belle lutte mettant aux prises Alan Jones (Williams-Ford), Andretti et Depailler.

Villeneuve, qui a fait le bon choix de pneus pour la course, croise l’arrivée premier avant une avance de presque 30 secondes sur Scheckter. Alan Jones est troisième devant Andretti, Depailler et Jean-Pierre Jarier (Tyrrell-Ford).

Si Villeneuve est aux anges, Scheckter se pose de plus en plus de questions sur les performances éblouissantes de son coéquipier. Si les deux pilotes Ferrari célèbrent sur le podium, c’est maintenant le temps d’imposer des pénalités ! Pour avoir causé un “faux départ”, Villeneuve écope d’une amende de 10 000 francs suisses. Il peut se considérer chanceux, car normalement les officiels imposent une pénalité de temps pour une telle infraction.

L’histoire ne dit pas si c’est Ferrari ou Villeneuve qui a payé l’amende, mais le Québécois est vraiment heureux d’avoir remporté une troisième victoire en F1 en seulement cinq Grands Prix.