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Yves Barbe au Rallye Perce-Neige : La motivation de la victoire de 1993... avant d'aborder l'édition 2022

Yves Barbe au Rallye Perce-Neige : La motivation de la victoire de 1993... avant d'aborder l'édition 2022

Vendredi 25 mars 2022 par Philippe Brasseur
Crédit photo: Marie-Lyse Tremblay

Crédit photo: Marie-Lyse Tremblay

Les détails désormais connus sur l’édition 2022 du Rallye Perce-Neige qui aura exceptionnellement lieu en fin de semaine prochaine (reconnaissances le vendredi 1er avril, compétition le lendemain, samedi 2), les équipages inscrits ont entamé les derniers préparatifs.

À l’aube de cette nouvelle saison du Championnat canadien des Rallyes, les ambitions des uns et des autres sont parfois différentes. Vétéran du peloton, et le seul encore en activité qui a gagné l’événement dans les années 1990, le Lavallois Yves Barbe est revenu en exclusivité pour poleposition.ca sur ce souvenir, celui de sa victoire toutes-catégories au Rallye Perce-Neige 1993.

« On peut obtenir des victoires dans des séries régionales et dans nos classes respectives dans toutes sortes de circonstances. Régularité de pilotage, bonne chimie entre les équipiers, abandon des autres équipes, etc. Il y a toutes sortes de performances mais gagner un événement national, de calibre nord-américain comme l’est le Rallye Perce-Neige, est plus significatif encore » souligne Barbe.

Il revient ensuite sur cette édition 1993, disputée par un froid extrême : « Je pilotais alors une Eagle Talon TSI 1990 en classe Production. Je n’avais pas de stratégie particulière. Le but était de rester sur la route et de ne pas commettre d’erreur. Je découvrais aussi de nouveaux pneus, alors que Bridgestone venait d’introduire les fameux Blizzak. C’était une révolution pour des pneus d’hiver : Nouvelle gomme molle, même par grand froid, avec plein de rainures dans les blocs de la semelle. Les pneus à clous n’étaient pas permis à cette époque en rallye canadien et j’avais à ma disposition deux grandeurs (14 ou 15 pouces).

Yves Barbe et son co-pilote B.Gilles Lacroix débutèrent l’événement avec les 14 pouces. « Les routes étaient glacées avec très peu de neige sur la surface. Nous devions constamment mettre 2 roues sur les bords de route pour avoir un peu plus de traction. Heureusement, les bancs de neige avaient un bon 3 pieds de haut. On pouvait s’en servir pour nous garder sur la route. Bref, j’ai été sage, suivant les bons conseils de mon copilote B.Gilles Lacroix, jusqu’aux deux dernières spéciales. Nous avions un service avant d’entreprendre ces deux dernières longues étapes du rallye et j’ai alors décidé de mettre les 15 pouces » résume Barbe.

Alors que le mercure affichait -28 degrés à Maniwaki, le Polonais Wojtek Grabowski menait l’épreuve avec sa Toyota Celica 4WD, une minute devant Tom McGeer (Subaru). Barbe occupait alors la 3ème place, à environ 3 minutes de Grabowski et 2 de McGeer. « Arrivé au départ de la première de ces deux dernières spéciales, on nous annonce un temps d’arrêt. On nous dit que ça va prendre un 10-15 minutes et j’en profite alors pour faire une petite sieste, histoire de reprendre de l’énergie » explique Yves Barbe, qui ajoute : « trois minutes avant le départ, B.Gilles me réveille. Ceintures bien attachées, moteur chaud, nous sommes prêts. Grabowski et McGeer ont pris le départ. C’est à notre tour, toutes lumières allumées pour ces spéciales de nuit qui clôturent l’événement. Dès les premiers kilomètres, on se retrouve sur la glace vive. Il faut doser les freinages et les accélérations. Les pneus sont une agréable surprise. L’adhérence est bonne, ce qui me donne confiance pour attaquer. Je gagne du terrain et sur une longue ligne droite, j’aperçois les lumières de McGeer. Plus j’avance. Plus il y a de la poussière de neige… Soudain, j’aperçois le derrière d’une voiture qui roule au ralenti, sans aucune lumière. C’est Grabowski dont des flammes apparaissent sous la voiture. Il s’arrête pour nous laisser passer (plus tard, nous apprendrons que son alternateur a lâché) ».

Il ajoute : « Nous arrivons à l’arrivée juste derrière McGeer. B.Gilles s’enquiert du temps de ce dernier. Nous avons retranché plus d’une minute à l’écart qui nous sépare. Tom McGeer décide alors de nous laisser passer, car il veut changer un pneu qui semble mou. Nous partirons donc les premiers dans la dernière spéciale ».

Il reste alors 18 kilomètres pour terminer ce rallye. Barbe et Lacroix donnent le maximum pour décrocher cette première victoire de la saison : « Nous fonçons à la limite de l’adhérence des pneus. À plusieurs endroits, nous caressons les bancs de neige ! Nous sommes très rapides, même B.Gilles en est surpris. À la fin de la spéciale, nous sommes incapables de nous arrêter dans la zone de contrôle d’arrivée. B.Gilles me rappelle qu’il ne faut ne pas reculer. Il descend de la voiture pour aller valider sa feuille de temps…et les 2 pieds lui partent sur la glace ! C’était vraiment glacé ».

Yves Barbe conclut ainsi son récit : « Lorsque nous quittons enfin la zone de contrôle, Tom McGeer n’est toujours pas là. Nous effectuons alors le dernier transport qui nous ramène au quartier-général et B.Gilles me dit : "y’a personne qui va nous battre sur cette spéciale". Arrivés à Maniwaki, nous attendons impatiemment l’arrivée de Tom McGeer. Lorsque le résultat est affiché, nous découvrons que nous avons triomphé par 14 secondes. C’était ma première victoire nationale. 2 choses ont fait la différence : Les pneus… et la sieste avant le départ des deux dernières spéciales.  Voilà pourquoi, il ne faut jamais abandonner. Parfois, de petits détails donnent la confiance nécessaire pour atteindre son but ».