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Max Verstappen : Plus qu’un simple pilote, une véritable PME aux Pays-Bas !

Max Verstappen : Plus qu’un simple pilote, une véritable PME aux Pays-Bas !

Lundi 28 février 2022 par René Fagnan
Crédit photo: WRI2

Crédit photo: WRI2

Max Verstappen est non seulement Champion du monde de Formule 1 en titre, mais il est aussi une véritable méga vedette dans son pays et une entreprise commerciale extrêmement lucrative.

Avec ses 17 millions d’habitants et ses 41 530 km2, les Pays-Bas ne représentent pas une force économique majeure sur l’échiquier mondial. Pourtant, le pays possède plusieurs entreprises qui investissent beaucoup dans le sport en général et aussi en course automobile.

Durant les années 1970, des pilotes néerlandais ont couru en F1 grâce à l’appui financier de commanditaires locaux. On peut nommer Gijs van Lennep supporté par H&B Alarmsystemen, Boy Hayje (F&S Properties), Michael Bleekemolen (Airpress), Jan Lammers (Samson Shag) et Huub Rothengatter (Ciara Oil).

Jos Verstappen, le père de Max, a lui aussi piloté en F1 pour plusieurs écuries entre 1994 et 2003. Même s’il n’a jamais récolté de victoire, Jos était une idole pour des millions de Néerlandais. Son fils Max, bien que né en Belgique et ayant une mère belge (Sophie Kumpen, elle-même excellente pilote de karting), a bénéficié de l’immense popularité de son père et a tout de suite été adopté par des hordes de fans aux Pays-Bas (la photo ci-dessus montre Jos et Max Verstappen).

Nous avons discuté du phénomène Verstappen avec Erwin Jaeggi, journaliste à Motorsport.com et co-auteur d’une biographie sur Max Verstappen intitulée "Formule Max".

Erwin, explique-nous pourquoi Jos, le père de Max, était-il si populaire aux Pays-Bas en dépit de résultats somme tout décevants en F1 ?

« Plusieurs facteurs jouent un rôle ici. La première chose à noter est que les Pays-Bas sont un pays très sportif » explique Jaeggi. « Lorsqu'un athlète ou une équipe obtient de bons résultats, les Néerlandais ont tendance à le soutenir massivement, que ce soit en soccer, en cyclisme, en patinage de vitesse, en athlétisme, en natation, en gymnastique ou tout autre sport.

Il convient également de noter que contrairement à d'autres pays européens comme le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et la France, les Pays-Bas ne disposent pas d'un riche patrimoine en sport automobile. Cela est probablement dû à l'absence d'une grande industrie automobile dans notre pays. Quand il existe un grand constructeur, le sport automobile est souvent en pleine santé. En conséquence, la structure de soutien et de ressources pour aider nos jeunes pilotes talentueux ont longtemps été très limitées. C'est pourquoi il était crucial qu'un pilote néerlandais parvienne à gravir les échelons jusqu'à la Formule 1. Quelques individus y dont parvenus, incluant Jos, mais ils n'ont jamais vraiment disposé de voitures capables de jouer les premiers rôles.

Jos possédait déjà une certaine notoriété lorsqu'il est arrivé en F1. Il a connu beaucoup de succès en karting et a été très bon en monoplace. Il était considéré comme un grand talent et son avenir était prometteur lorsqu'il a commencé sa carrière en F1 comme pilote d'essais et de réserve chez Benetton en 1994. Puis, les choses se sont emballées lorsque le deuxième pilote de l'équipe, JJ Lehto, s'est blessé au cou lors d’essais. Soudainement, Jos a eu la chance de faire ses débuts en F1 aux côtés de Michael Schumacher en 1994. Beaucoup de Néerlandais ont commencé à regarder la F1 à ce moment. Une troisième place en Hongrie, survenue juste après l'incendie spectaculaire de l'arrêt à Hockenheim, a donné un coup de fouet à la popularité de "Jos the Boss" ou du "Dutch Devil", comme on l'appelle aussi. Son fan-club n'a cessé de grandir, même si Jos a dû se contenter de voitures de moindre qualité pour le reste de sa carrière en F1, car les gens ont aussi appris à apprécier sa personnalité. À un moment donné, il a même eu le plus grand fan-club de tous les pilotes de F1, avec environ 18 000 membres enregistrés !»

Max Verstappen était déjà soutenu par Red Bull à ses débuts en monoplaces. Les entreprises néerlandaises l’ont-elles beaucoup aidé ?

« En fait, Max n'avait pas beaucoup de commanditaires nationaux lorsqu'il a commencé à courir en automobile. Comme trouver un budget suffisant pour courir n'a jamais été un problème pour Max, son manager Raymond Vermeulen a toujours pu être pointilleux et se concentrer sur le choix des bons partenaires pour son jeune protégé.

Jumbo, la chaîne de supermarchés néerlandais, a soutenu Max dès ses débuts. Son propriétaire, Frits van Eerd, est un grand passionné de course automobile. Il est tombé amoureux de la F1 en assistant au Grand Prix des Pays-Bas de 1985 à Zandvoort. Il a même choisi le jaune comme couleur pour les magasins Jumbo, car c'était celle de son écurie de F1 préférée : Minardi.

Max apparaît dans les publicités télévisées de Jumbo et, chaque année, la chaîne de supermarchés mène une campagne de fidélisation réussie, offrant à ses clients la possibilité d'acheter un modèle réduit de la voiture de F1 du moment de Max Verstappen pour un prix raisonnable.

Parmi les autres commanditaires néerlandais d'hier et d'aujourd'hui, citons HSF Logistics, la société de logiciels Exact, l'entreprise de vêtements G-Star et CarNext.com, un site web où l'on peut acheter des voitures d'occasion. La liste n'est donc pas si longue.»

Comment pouvez-vous expliquer qu'un pays relativement petit comme les Pays-Bas puisse avoir autant d'entreprises nationales prêtes à sponsoriser des pilotes de course, et surtout Max ?

« Comme je l'ai déjà dit, les Pays-Bas sont un pays très sportif et les entreprises néerlandaises ont toujours soutenu les héros sportifs nationaux en général. Il est clair que les entreprises néerlandaises s'intéressent de plus en plus au sport automobile. Mais cela ne veut pas dire que les pilotes néerlandais n’ont pas de mal à trouver des commanditaires. Prenez l'exemple de Richard Verschoor. Ce pilote a toujours eu du mal à trouver suffisamment de partenaires pour poursuivre sa carrière en monoplace. Malgré ses difficultés financières - n'ayant pas de manager, la recherche de commanditaires lui prend beaucoup de temps et d'énergie - il a réussi à atteindre la Formule 2, et son manager a réussi à le faire encore courir en F2 cette saison.

Les entreprises néerlandaises ont pourtant toujours été actives en F1. Shell (d'origine néerlandaise, aujourd'hui britannique), Heineken, Philips, Unilever (Rexona), ING, Trust, AkzoNobel et Randstad sont des exemples bien connus.»

Le nom Verstappen est magique aux Pays-Bas et il attire l’attention de grandes entreprises. Peut-on dire que Max est une entreprise financière à lui tout seul ?

« Comme pour toutes les grandes vedettes du sport international, on peut effectivement dire que Max est une entreprise financière. Selon Forbes, Max bénéficie d'un salaire de base de 25 millions de dollars par an chez Red Bull Racing et il reçoit un million de dollars supplémentaire par victoire en Grand Prix et un montant inconnu en fonction de sa position finale au championnat. En plus de son salaire chez Red Bull, il a ses propres commanditaires, son propre "merchandising" et sa propre agence de voyage appelée Verstappen Travel, qui vend des billets pour les tribunes officielles Max Verstappen que vous voyez à certaines courses.

Mais le succès de Max en F1 a également un impact plus large, souvent appelé l'effet Max Verstappen. Les pistes de karting et les agences de voyages sportifs aux Pays-Bas ont par exemple vu leur clientèle augmenter considérablement. Mais le meilleur exemple fut le retour du Grand Prix des Pays-Bas à Zandvoort au calendrier. Avant que Max ne devienne vainqueur d’un Grand Prix en 2016, il était absolument impensable que la F1 revienne aux Pays-Bas. Et même après cela, la plupart des gens ne pensaient pas que c'était possible jusqu'au moment où cela a été annoncé en 2019. Lorsque le processus de vente des billets a commencé plus tard cette année-là, plus d'un million de billets ont été demandés. C'est l'exemple ultime de l'effet Max Verstappen.»

Erwin, comment peut-on expliquer que le sport automobile soit l'un des sports les plus populaires aux Pays-Bas ?

« Ce qui a probablement contribué à faire grimper en flèche la popularité de la F1 aux Pays-Bas au début, c'est le fait que Max a eu sa grande chance en 2016, lorsqu'il a remporté sa première course pour Red Bull Racing à Barcelone, au moment où notre équipe nationale de football traversait une période creuse. En 2015, nous n'avions pas réussi à nous qualifier pour l'Euro 2016, alors les gens ont commencé à chercher les succès sportifs néerlandais ailleurs. La F1 a toujours bénéficié d'une base de fans fidèles aux Pays-Bas, mais celle-ci a rapidement grossi avec l'arrivée de Max dans le sport et a absolument explosé lorsqu'il a gagné sa première course. En l’absence d’une équipe nationale à l'Euro 2016, la légion néerlandaise de fans de sport, également connue sous le nom d'armée orange, a commencé à réserver des voyages pour assister aux courses de Max dans le monde entier, déployant les bannières "GoMax" et portant leurs vêtements orange partout où elle allait.»


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