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12 octobre : Première victoire en F1 de l’écurie Benetton et de Gerhard Berger

12 octobre : Première victoire en F1 de l’écurie Benetton et de Gerhard Berger

Lundi 12 octobre 2020 par René Fagnan
Crédit photo: Wikimedia Commons/Don France Photography

Crédit photo: Wikimedia Commons/Don France Photography

Quand la riche famille Benetton, propriétaire de la marque de vêtements du même nom, a acheté l’écurie de Formule 1 Toleman fin 1985, peu de spécialistes croyaient à son succès.

Si l’écurie est demeurée basée au Royaume-Uni, allait être dirigée par un parfait inconnu, l’excentrique Flavio Briatore, un homme de marketing, mais sans expérience du sport automobile. La carrosserie des monoplaces était bariolée de couleurs vives et la musique rock rythmait le travail des mécanos dans les garages. Du jamais vu en F1 !

Par contre, cette équipe disposait d’un atout de taille : un concepteur de génie en Rory Byrne qui a dessiné la Benetton B186 à moteur BMW turbo et chaussée de pneus Pirelli. À ce moment, les Pirellis sont très endurants, mais ils ont un défaut : ils fonctionnent au mieux quand il fait extrêmement chaud.

L’écurie faisait courir deux pilotes radicalement opposés. Teo Fabi, minuscule Italien, très rapide, mais au faciès figé en état de tristesse tandis que l’autre était Gerhard Berger, Autrichien longiligne, bon vivant, hyper rapide, qui aimait faire la fête et faisait tomber les belles filles dans ses bras.

Fils d’un propriétaire de compagnie de transport routier, Berger apprend à conduire très jeune quand il n’a pas encore 10 ans. Alors qu’il n’a même pas le permis de conduire, il retape des épaves et va s’éclater sur les petites routes enneigées autour de Wörgl. Il découvre la course en circuit routier et remporte le trophée Alfasud allemand dès ses débuts. Pour le féliciter, Alfa Roméo lui offre des moteurs pour qu’il monte en Formule 3. De plus, deux personnages influents décident de l’aider : Niki Lauda et un certain Helmut Marko. En 1984, Berger se classe troisième au Championnat d’Europe de F3 et court aussi en touring au volant d’une BMW 635 Schnitzer.

Cette même année, après un test de seulement quatre tours sur le circuit de Zandvoort, il effectue ses débuts en F1 en Autriche au volant d’une ATS-BMW turbo. L’Autrichien n’a pourtant disputé qu’une quarantaine de courses depuis ses débuts et il se retrouve aux commandes d’un monstre de plus de 1000 chevaux. Qualifié 20e, il termine 12e et dernier. Durant l’hiver 84-85, il est victime d’un épouvantable accident automobile dans lequel il se fracture la nuque et des vertèbres. Il s’en remet miraculeusement et court en F1 pour Arrows-BMW en 1985 avant d’être recruté par Benetton.

En 1986, Berger se classe troisième au Grand Prix de San Marino, mais il abandonne à sept reprises lors des 11 courses suivantes. Arrive l’avant-dernier Grand Prix de la saison, disputé le 12 octobre sur l’Autódromo Hermanos Rodríguez perché à quelque 2000 mètres d’altitude à Mexico. Ayrton Senna, sur une Lotus 98T-Renault, signe la pole position devant Nelson Piquet (Williams FW11-Honda), Mansell (Williams), Berger, Riccardo Patrese (Brabham BT55-BMW) et Alain Prost (McLaren MP4/2C-TAG).

Le jour de la course, il fait horriblement chaud, ce qui devrait avantager les voitures chaussées de pneus Pirelli. Et ça, Berger le sait. Senna réalise un départ parfait tandis que Mansell reste sur place, incapable de sélectionner le premier rapport durant plusieurs secondes. Au premier passage, Piquet mène devant Senna et Berger. Peu après, Prost double Berger pour la troisième place. Le trio de tête roule à fond de train, sans vraiment ménager leurs pneus Goodyear.

Aux environs du 30e tour, les meneurs s’arrêtent pour faire monter des pneus neufs, sauf Berger qui se retrouve en tête au 36e passage. Senna, aux commandes de sa Lotus en pneus Goodyear neufs, passe à l’attaque, mais il ne peut faire le contact avec la Benetton de Berger en tête. Senna et Mansell doivent s’arrêter une autre fois tandis que Piquet effectue deux autres changements de pneus. Berger sait qu’il peut gagner s’il évite de s’arrêter pour faire monter un train de pneus neufs. Il roule donc proprement en évitant de trop solliciter ses pneus.

Au 50e tour, Berger mène avec une priorité de 35”6 sur Prost, puis viennent Senna, Stefan Johansson (McLaren) et Piquet, les seuls à rouler sur le tour du meneur. Berger est chanceux, car Prost et Senna, ses principaux rivaux, connaissent tous deux des ennuis. Le moteur TAG-Porsche de la McLaren de Prost se met soudainement à tourner sur cinq cylindres tandis que Senna est aux prises avec des pneus hyper usés.

Berger croise l’arrivée en première place et remporte sa première victoire en F1 et inscrit un premier gain pour la jeune écurie Benetton. Prost termine second à 25”4 de Berger et Senna est troisième à 52”5 du vainqueur.

Le potentiel de Berger est vite remarqué par Enzo Ferrari qui l’engage pour la saison suivante. L’Autrichien passera trois saisons chez Ferrari puis trois autres chez McLaren. En 1993, il reviendra chez Ferrari et terminera sa carrière sportive chez Benetton à titre de coéquipier de Jean Alesi. Par la suite, Berger deviendra le directeur de la compétition chez BMW Motorsport, puis le patron de l’écurie de F1 Toro Rosso avant de s’occuper des séries de monoplaces de développement à la FIA et finalement de prendre le contrôle du DTM.