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Retour sur la victoire de Raphaël Lessard à Talladega : Les raisons d'un succès...

Retour sur la victoire de Raphaël Lessard à Talladega : Les raisons d'un succès...

Samedi 10 octobre 2020 par Marc Cantin
Crédit photo: Stephen Arce / LAT Images

Crédit photo: Stephen Arce / LAT Images

Il y a tout juste une semaine, Raphaël Lessard marquait l’histoire de la série NASCAR des camionnettes en devenant le premier pilote québécois à décrocher une victoire dans cette série, sur le super ovale de Talladega en Alabama. Le jeune Beauceron doit sa victoire à une série de facteurs qui, pour beaucoup, sont le fruit de son apprentissage depuis le début de la saison et qu’il applique de mieux en mieux au fil des courses.

Quels en sont les grands points ?

La concentration – Raphaël a maintenu un silence presque complet à la radio tout au long de la course, se contentant de répondre aux questions de son chef d’équipe et de décrire le comportement de son véhicule lors des neutralisations, en préparation pour les arrêts éventuels. Il pilotait à fond, s’adaptant aux petits problèmes du véhicule plutôt que les commenter sur les ondes et risquer ainsi une seconde d’inattention.

L’apport de Tony Raines – Cet ex-pilote, maintenant l’observateur de Raphaël, accomplit un travail de maître depuis le début de la saison. Un observateur ou un éclaireur comme certains disent ("spotter" en Anglais) renseigne le pilote sur le trafic, la position des voitures proches de lui, l’aide à planifier les dépassements et à décrire ce que les autres pilotes rapides font en piste. Raines a appris à Raphaël comment piloter à ce niveau : doubler, retenir légalement les pilotes derrière lui, utiliser l’aspiration pour aider à dépasser, rester concentré sur son objectif et s’adapter à tous les changements au fil d’un relai.

Amener la voiture au-delà de son potentiel – En profitant de toutes les astuces stratégiques conçues par l’équipe, de son pilotage agressif dans la circulation pour garder la voiture en piste malgré la turbulence et les petites poussettes, à toujours rouler à son maximum, Raphaël a démontré qu’il s’approche de plus en plus du Top niveau de pilotage à mesure que son expérience grandit, bien mené par son équipe, Mike Hillman Jr et Tony Raines.

Vitesse pure et instinct infaillible – En circulation dense comme à moins de 10 tours de la fin, le jeune pilote québécois au su se tricoter un passage sans mal à travers les incidents. À ce sujet, ne manquez pas de revoir le vidéo des derniers tours en cliquant ici.  

La stratégie d’équipe de KBM – L’équipe de Raphaël a respecté à la lettre le plan stratégique de prévu pour cette course à Talladega, une piste unique dans sa longueur et les vitesses atteintes. Ces stratégies existent pour chaque course mais ne peuvent parfois, pour une raison ou une autre, être appliquées. À Talladega, elles étaient :

• Éviter les situations dangereuses en peloton, en roulant à l’arrière du peloton pour la plus grande partie de la course.

• En début de course, arrêter aux puits un tour après le passage de toutes les autres camionnettes sur le tour des meneurs, afin de réduire le risque d’incidents dans les puits.

• Laisser des pneus sur la voiture pour presque deux relais et prendre seulement du carburant tout en retournant en piste avec des pneus encore efficaces et bien en température et à bonne pression.

• Les trois camionnettes KBM (Raphaël, Christian Eckes, Chandler Smith) se rassemblent pour la dernière partie de la course et s’aident pour remonter vers la tête de la course.

En bout de ligne, cette stratégie s’est déroulée sans souci… ou presque. Car il y a eu une seule erreur, un grain de sable dans tout cela : un passage trop rapide dans la ligne des puits qui renvoie Raphaël en queue de peloton pour la relance subséquente. La pénalité fut toutefois minimisée par le fait qu’il serait reparti de l’arrière après son arrêt de toute façon.

Ce petit manque de concentration, que Raphaël Lessard doit apprendre à éliminer complètement à l’avenir, a toutefois eu un impact positif sur sa fin de course, alors qu’il était concentré à 110% à remonter aux avant-postes dès le drapeau vert de la relance donné.

Mais un pilote qui parvient à placer son véhicule selon son vrai potentiel ou au-delà en fin de course aura une belle carrière en NASCAR. Le Toyota Tundra No.4 aux couleurs Canac de Raphaël n’était à vrai dire pas la camionnette la plus rapide en piste samedi passé. Mais il a tout de même remporté la course.

Prometteur pour la suite

Bien que la course se soit terminée sur une neutralisation, sortie à un virage de la fin et que Trevor Bayne était pratiquement à sa hauteur au moment où la course a été déclarée terminée (photo ci-dessus), Raphaël mérite sa victoire grâce à sa performance éclatante. Il a aussi pu bénéficier (enfin !) d’un peu de chance au fil des tours : un incident devant lui au début de la course, les multiples accrochages dans le peloton durant la course, et une mêlée impliquant les trois files en fin de course, d’où il a su sauver les meubles et en sortir indemne devant le paquet pour les derniers tours.

Globalement, il a fait un travail de vétéran et cela a payé. On peut en conclure que ce fut sa course la plus professionnelle depuis le début de la saison et cela représente une autre étape importante de son apprentissage.