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Entrevue : Mikaël Grenier pose un regard sur le sort du DTM et l’avenir des courses GT

Entrevue : Mikaël Grenier pose un regard sur le sort du DTM et l’avenir des courses GT

Mercredi 29 avril 2020 par Eliane Gilain
Crédit photo: Emil Frey Racing

Crédit photo: Emil Frey Racing

Lundi, l'annonce du retrait à la fin de l'année d’Audi de la série DTM a surpris bien des fans de sport automobile, sachant que cette décision vient un peu plus affecter l'avenir d'une série qui peine à attirer de nouveaux concurrents depuis 2018, date du retrait de Mercedes, puis 2019, alors qu'Aston Martin a emboîté le pas au manufacturier allemand à la fin de la dernière saison. Si Audi sera encore présent quand la saison 2020 pourra enfin débuter (mi-juillet en Allemagne ou début août en Russie), BMW se retrouvera donc seule au départ 2021. Théoriquement du moins !

Pilote en Europe depuis plusieurs années et observateur attentif de la série, le Québécois Mikaël Grenier pense que, « ça sent la fin » pour le DTM. Le pilote de l'écurie suisse Emil Frey dans la série GT World Challenge Europe ne se réjouit pas pour autant de la situation actuelle de la plus célèbre série de voitures de tourisme au monde, à laquelle un autre Québécois, Bruno Spengler, fut champion en 2012 : « c’est tellement dommage. Le GT s’est toujours inspiré du DTM. Ces voitures sont considérées de tourisme, mais ce sont des bolides impressionnants » ajoute Grenier.

Le DTM est l’une des séries préférées de Mikaël Grenier : « ce sont de magnifiques voitures qui sont développées entièrement par les manufacturiers, tout comme les Formule 1. Cependant, je pense que c’est ce qui est en train de tuer la série et l'une des raisons pour lesquelles Audi se retire : les budgets sont beaucoup trop importants ».

Dans l'optique d'attirer les manufacturiers présents en Super GT japonais, la série DTM a harmonisé ses réglements à ceux de la série japonaise en 2018, mais pour Grenier, « les manufacturiers japonais ne veulent pas s’installer en Europe avec leurs équipes de course, dès lors la logistique d’un championnat commun est très difficile ».

Toutefois, le malheur des uns fait le bonheur des autres ! Bien qu’il soit pénible de voir une série en difficulté, Mikaël pense que cela bénéficiera sans doute aux championnats GT dans lesquels Audi est impliqué au-travers d'écuries privées et semi-officielles. « Ils vont se concentrer sur la Formule E, mais aussi le GT3 et le GT4. Je pense que cela donnera encore plus de support aux clients d’Audi dans les séries d’Endurance » souligne celui qui pilote en Europe une Lamborghini, marque qui appartient comme Audi au groupe VAG et qui partage certains développements course avec la marque allemande.

Grenier estime également que, comme Pole-Position le mentionne dans la nouvelle faisant état du retrait d'Audi lundi, des voitures GT3 pourraient servir de base à une nouvelle réglementation pour permettre au DTM de continuer à exister à compter de 2021. « Les voitures de DTM ne peuvent être utilisées dans d’autres séries, hormis le Super GT au Japon, tandis qu'une GT3 est versatile. Entre l’IMSA, le World Challenge (Europe, Amérique ou Asie), l’Intercontinental GT Challenge et toutes les séries nationales qui acceptent ces voitures, c'est un grand marché où les équipes privées peuvent s'engager sans dépenser des fortunes; et les voitures GT3 sont de plus en plus impressionnantes » souligne Mikaël.

Le pilote originaire de Québec précise également : « En Europe, il n’y a pas de championnat Sprint à un seul pilote inscrit par voiture en GT3. Il y a juste une course par année à Macao, en Asie, qui met aux prises des pilotes individuels et non des équipages de 2 ou 3 pilotes. Macao réunit des pilotes de partout dans le monde et je pense donc que c’est une très belle occasion pour la série DTM de se réinventer avec peut-être une base de GT3 tout en gardant le concept de courses Sprint. En revanche, il faudra que les organisateurs fassent attention pour que leurs séries soient différentes, il ne faut pas se ramasser avec 30 championnats de GT3 ! ». Les organisateurs du DTM possède déjà une série GT3 à proposer aux équipes privées. Elle s'appelle le DTM Trophy et sa récente création laisse augurer un possible avenir pour le DTM sous cette formule.

La fin de semaine dernière, Mikaël a participé à la première édition du championnat virtuel de la série GT World Challenge Europe, qui utilisait le circuit de Silverstone : « j’ai terminé 19ème après avoir reçu une pénalité pour contact avec une Audi, mais je n’ai pas eu un tel incident alors je pense qu’il y a eu un problème dans le jeu » explique-t-il. « Si je n’avais pas eu cette pénalité, j’aurais terminé au 11ème rang. J’ai tout de même eu beaucoup de plaisir à me battre avec le pilote de F1 Charles Leclerc en fin de course ».

La série réelle de GT World Challenge Europe a quant à elle annoncé que les 24 Heures de Spa-Francorchamps auraient lieu les 24 et 25 octobre prochains, au lieu de la fin juillet. Un bouleversement de plus dans un calendrier qui est, comme pour la plupart des autres séries, amené à changer encore d'ici l'été. « Il fera plus froid, et la nuit sera plus longue, un peu comme à Daytona » explique Mikäel qui a déjà effectué les 24 Heures de Daytona il y a deux ans. Le pilote québécois n’est pas non plus novice à Spa-Francorchamps : « disputer une course de 24 heures en octobre sur ce circuit peut rendre le pilotage difficile, surtout qu’il peut y avoir un cocktail météorologique intéressant en Belgique à ce moment-là ! Cependant, je ne veux pas trop y penser, bien des changements de dates peuvent encore se produire d'ici là ».

La saison 2020 de World Challenge GT Europe devrait débuter le 27 juin à Zandvoort, aux Pays-Bas, et se terminer le 15 novembre, par une course de 1000 km sur le circuit du Castellet, dans le sud de la France.