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Entrevue Bertrand Godin : « Je savoure le moment présent ! »

Entrevue Bertrand Godin : « Je savoure le moment présent ! »

Mercredi 26 juin 2019 par Eliane Gilain
Crédit photo: F1600 Canada

Crédit photo: F1600 Canada

Bertrand Godin est l’un des pilotes qui a fait rayonner le Québec sur la scène internationale. Après le karting, il partit en 1993 en France pour vivre son rêve de devenir pilote de course. Godin devint alors pilote d’usine Mygale, avant de rentrer au pays au bout de 3 saisons en Championnat de France de Formule Ford pour devenir membre de la Filière Player's. Lauréat du Grand Prix du Canada en Formule Atlantique en 1997, après avoir été coéquipier de Greg Moore et de Claude Bourbonnais en Indy Lights, il retourna ensuite (1998) en Europe, pour goûter à la F3000 qui était alors l'antichambre de la F1. L'absence de budget pour poursuivre sa carrière professionnelle mit fin à son parcours dans les séries professionnelles.
 
Aujourd'hui, à 51 ans, il se consacre à sa carrière de chroniqueur automobile et de conférencier. Il est également instructeur de conduite pour les aspirants policiers à l'École Nationale de police du Québec et cette année, il participe à la série F1600 Canada qui compte 17 épreuves réparties en 6 événements. Pour le pilote de Ste-Marie-Madeleine, près de St-Hyacinthe en Montérégie, il s'agit d'une première saison complète depuis... 1998 ! Et les résultats témoignent que Bertrand Godin n'a rien perdu de son talent d'il y a 20 ans...
 
Comment as-tu vécu ton début de saison en F1600 ?
 
« Il se déroule comme je l’avais anticipé. J’ai pris la décision de courir pour avoir du plaisir. On cherche à avoir des résultats bien entendu, mais je souhaite avant tout me dépasser moi-même. Nous avons de très bons résultats, d’autant plus que je regarde Olivier (Bédard) et Zachary (Vanier) qui sont très performants dans les championnats canadien et ontarien de F1600. Ils ont beaucoup de temps de piste et sont très compétitifs. À Montréal, au Grand Prix du Canada, j’étais le plus rapide lors de 2 des 4 présences de la série en piste. Mais au-delà de ça, c’est la bagarre en piste que j’adore. Je me bats comme un enfant, dominer est intéressant, mais se faire battre l’est tout autant. C’est un plaisir de courir et je n’ai pas de secrets avec mes coéquipiers Zachary et Jean-Christophe (Trahan), qui sont deux jeunes très rapides et talentueux. Je suis content de leur offrir des conseils et de l’expérience, nous sommes là pour fraterniser dans l’équipe et exploiter ce que l’on sait faire en piste.»
 
Comment se passe la collaboration avec l’écurie ontarienne Britain West ?
 
« Nous avons connu des ennuis avec la voiture lors des premières épreuves, nous ne trouvons pas les bons réglages qui m'auraient permis d'être rapide sur l'ensemble de la course. Soit que nous sommes performants lors des premiers 4 tours puis la voiture se dégrade très rapidement ensuite, ou comme au Grand Prix du Canada, j'étais lent en début de course avant de voir la voiture s'améliorer au fil des tours jusqu'à être excellente vers la fin. Mais le mal est fait à ce moment-là ! Ceci dit, l’équipe Britain West travaille très fort pour trouver une solution et je suis très content d'être avec eux. C’est une très belle chose pour moi que de rivaliser avec les chronos d'Olivier Bédard, c’est une grande chance.»
 
As-tu espoir de rééditer ta victoire de 2018 au prochain Grand Prix de Trois-Rivières, compte-tenu du niveau très élevé cette saison dans la série ?
 
« J’ai confiance, car comme on a pu le remarquer, les châssis Spectrum (dont dispose Olivier Bédard) sont très rapides sur les longues lignes droites, comme au circuit Gilles-Villeneuve ou à Mosport. Mais pas comme à Trois-Rivières ! Dans ce cas-ci, je ne serais pas surpris de voir que c’est eux qui auront de la difficulté. J’ai hâte de voir en tout cas ! Pour Olivier, c’est une saison facile, j’espère qu’il va avoir un peu plus de difficulté, car à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.»
 
Aurais-tu un conseil pour un jeune voulant débuter en course automobile au Québec... en 2019 ?
 
« C’est certain que la F1600 Canada est la série dans laquelle il faut être, car c’est une vraie voiture de course. C’est difficile à piloter, on apprend l’aérodynamisme de la voiture par les suspensions. La compétition est féroce, l’écart est très minime entre les pilotes. C’est une série qui te permet de te dépasser tout le temps, qui permet également de développer une conversation avec les ingénieurs et d’apprendre beaucoup. Ça coûte de l’argent c’est certain, mais ça peut être abordable si on a un plan stratégique. Tu peux avoir du matériel compétitif pour te battre en avant du peloton à un coût abordable. C’est pour ça que la F1600 est internationale depuis tellement d’années, elle n’a pas loin de 50 ans d’existence !»
 
As-tu recommencé à avoir des plans pour le futur, les prochaines saisons ?
 
« À mon âge, on y va une année à la fois ! Je savoure cette saison et je pense que c’est bon comme ça. C’est bien d’avoir des plans à long terme et de se dire que dans 5 ans on va être là, mais avant tout il faut savourer ce qu’on a aujourd’hui. Il y a trois ans, je ne savais pas si j’allais refaire un jour de la course automobile, mais j’ai commencé à m’entraîner 5 jours par semaine tôt le matin, au cas où. Ça te permet d’accepter de faire l’effort, de te battre avec toi-même et c’est cette mentalité qui fait que je me sens toujours jeune quand j’embarque dans la voiture.»
 
Bertrand Godin et les autres pilotes de la série F1600 Canada seront de retour en piste lors de la Classique d’été au Circuit Mont-Tremblant. Ce seront les 6ème, 7ème et 8ème épreuves de la saison pour la série. L'événement verra aussi en action la Coupe Nissan Micra (5ème et 6ème courses 2019) et les GT, Touring Car et historiques des championnats de la piste.