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Rétro 1986: Quand le titre a changé trois fois de mains en trois tours en Australie !

Rétro 1986: Quand le titre a changé trois fois de mains en trois tours en Australie !

Vendredi 26 septembre 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Capture d’écran/YouTube

Crédit photo: Capture d’écran/YouTube

L’épreuve finale du championnat du monde de Formule 1 de 1986 a été complètement folle, car le titre a changé de mains à trois reprises en seulement trois tours de piste !

Le Grand Prix d’Australie, couru dans les rues d’Adélaïde, voit trois pilotes capables de décrocher le titre mondial. Le Britannique Nigel Mansell (Williams-Honda) est premier au classement avec 72 points. Le Français Alain Prost (McLaren-TAG) est deuxième avec 65 points et Nelson Piquet (le coéquipier de Mansell chez Williams) est troisième avec 63. Pour être sacré champion, Mansell doit terminer la course dans les trois premiers, ou à n'importe quelle position si ses deux rivaux ne gagnent pas. Pour remporter le titre, Prost et Piquet doivent impérativement gagner la course et Mansell ne doit pas marquer plus de trois points.

Mansell signe la pole position en 1’18”403 et devance Piquet 1’18”714, Ayrton Senna (Lotus-Renault) 1’18”906) et Prost (1’19”654) tandis que Keke Rosberg, équipier de Prost, est septième.

Il fait très frais le jour de la course. Les deux Williams et les McLaren chaussent des pneus Goodyear C tendres qui devraient normalement tenir la distance. Ça ne sera pas le cas, car à cause de la basse température, la piste est très glissante… Piquet mène durant les six premiers tours de la course, puis est doublé par Rosberg qui a comme objectif de faire rouler les Williams plus vite que prévu afin qu'elles dégradent leurs pneus à grande vitesse.

Mansell joue d’extrême prudence et navigue en quatrième et en troisième position. Une première alerte survient au 23ᵉ tour quand Piquet effectue un tête-à-queue et repart. Au 32ᵉ, Prost, s’arrête, car il croit qu’un pneu a crevé à la suite d’un léger contact avec la voiture d’un concurrent. C’est à ce moment que l’issue de la course, et du titre, se décident.

Les techniciens de Goodyear examinent les pneus usés de la McLaren de Prost et jugent qu’ils sont en bon état, ce qui rassure les ingénieurs de Williams qui sont convaincus que Mansell, qui roule en deuxième place, et Piquet, troisième, n’auront pas à s’arrêter pour des pneus neufs.

Crevaisons et explosion de pneus

Alors que Prost rattrape progressivement les deux Williams, il est très inquiet, car son ordinateur lui indique qu’il consomme trop de carburant et qu’il lui manquera cinq litres d’essence pour rallier l’arrivée. Mais tout bascule au 63ᵉ tour sur les 82 prévus. Le pneu arrière droit de la McLaren de Rosberg, alors en tête, éclate et provoque l’abandon du Finlandais. Piquet grimpe d’un rang et occupe la tête de la course. À ce moment-là, Mansell, qui roule en troisième position derrière Piquet et Prost, est serein, car il a le titre en poche : il possède 76 points, Piquet 72 et Prost 71. Les ingénieurs de l’écurie Williams, désormais angoissés par la défaillance du pneu de Rosberg, demandent à Mansell de s’arrêter pour des pneus neufs au prochain tour.

Alors que la Williams-Honda de Mansell déboule à plus de 300 km/h sur la longue ligne droite, son pneu arrière gauche explose. La suspension s’affaisse et s’en dégage une stupéfiante pluie d’étincelles. Mansell se bat, freine, braque le volant à droite puis à gauche pour tenter de conserver un semblant de contrôle de son bolide en perdition. La Williams termine sa course folle dans l’échappatoire et est stoppée par le mur de pneus. Mansell n’a rien, mais il a eu la peur de sa vie.

À ce moment précis, Piquet, avec 72 points, est champion du monde. Mais l’écurie Williams, qui ne veut pas voir un autre pneu exploser, lui ordonne de rentrer pour faire installer un train de pneus neufs. Au 65ᵉ tour, Piquet s’arrête. Prost prend la tête de la course et le titre change de mains une troisième fois... Il reste une quinzaine de tours à parcourir et Prost est toujours inquiet quant à sa consommation d’essence. Cependant, il ne peut pas baisser la cadence, car Piquet, avec des pneus neufs, le rattrape.

Au bout des 82 tours, Prost franchit l’arrivée en première place et remporte sa 25ᵉ victoire en F1 et déroche son deuxième titre mondial d’affilée. Piquet arrive en deuxième place, à seulement 4”2 du Français. Prost qui jubile n’en croit toutefois pas ses yeux puisque son ordinateur lui indique toujours qui lui manque cinq litres d’essence ! Avec un total de 72 points, Prost est Champion du monde devant Mansell (70 points) et Piquet (69 points).