Le visage de la Formule 1 a radicalement changé en 1971 quand un rusé négociateur et ancien vendeur de voitures usagées nommé Bernie Ecclestone a pris le contrôle des finances de ce sport mécanique alors assez méconnu.
Né en 1930 au Royaume-Uni, Bernie Ecclestone connaît les privations imposées par la guerre et se montre être un habile négociateur à un très jeune âge. Il devient vendeur de voitures usagées et s’entoure de personnages qui peuvent parfois se montrer très persuasifs… Il découvre les sports mécaniques et court à motos ainsi qu’en monoplaces, mais se rend vite compte que son talent est limité.
En 1957, il devient gérant de pilotes, notamment de Jochen Rindt qui perd tragiquement la vie à Monza en 1970. Deux ans plus tard, il achète l’écurie de F1 Brabham de Ron Tauranac pour la somme de £100 000 (soit 188 000$ canadiens).
Il assiste alors aux réunions de la F1CA (Formula 1 Constructors Association), organisme créé en 1963 pour que les écuries obtiennent des tarifs préférentiels pour faire transporter leurs voitures aux courses disputées en dehors de l’Europe. Ecclestone est abasourdi par le manque flagrant de cohésion et l’absence totale de vision à long terme des patrons d’écuries. Il voit là une occasion sublime de mettre en valeur ses talents de négociateur et de faire fortune, car il perçoit le potentiel formidable de la F1 auprès des télévisions du monde entier.
À cette époque, chaque écurie négociait une prime de participation avec chaque organisateur de courses. L’écurie qui pouvait exiger le plus d’argent pour participer est la plus prestigieuse, Ferrari. Les autres devaient se contenter de miettes. Un organisateur n’offrait habituellement pas plus de 10 000$ américains, somme à être partagée entre toutes les équipes.
La fameuse réunion où tout a commencé
Lors de la réunion de la F1CA tenue le 19 septembre 1971 à l’hôtel Excelsior de l’aéroport de Heathrow à Londres, Ecclestone profite que ses collègues soient trop absorbés par leurs propres problèmes techniques et financiers pour leur demander s’il ne serait pas préférable qu’un représentant de la F1CA négocie directement avec les 11 organisateurs au nom des patrons d’écuries afin d’obtenir des primes de départ plus alléchantes et abaisser les coûts de transport. L’argent obtenue de chaque organisateur de Grand Prix serait alors distribué entre toutes les écuries. 
« Qui d’entre nous pourrait bien jouer ce rôle ? » demande-t-il alors qu’il connaît très bien la réponse. Les patrons des autres écuries, obnubilés par leurs soucis de moteurs et de châssis, sont trop heureux de déléguer cette tâche à Ecclestone. Prenant un faux air misérable, Ecclestone dit bien vouloir accepter ce rôle, mais exige toutefois d’obtenir une commission pour son travail de négociation. Ici, l’histoire est trouble. Ecclestone aurait demandé 2%, tandis que Peter Warr de Lotus, qui rédigeait le procès-verbal de la réunion, a écrit 4%, mais dit avoir entendu 7%. Peu importe.
L’homme d’affaires négocie donc avec les organisateurs et rapidement, la somme exigée pour que toutes les équipes participent à un Grand Prix grimpe. Elle passe de 10 000$ en 1971 à 56 000$ en 1973 et à plus de 110 000$ pour les courses disputées hors Europe. Puis, il va aussi négocier les tarifs exigés aux télévisions du monde entier pour diffuser des images de Grands Prix. À la hausse eux aussi.
Ce que les patrons des autres écuries vont apprendre par la suite est que ce magot n’est pas toujours correctement partagé, et qu’Ecclestone empoche non seulement son pourcentage exigé, mais aussi quelques milliers dollars en plus. 
Les patrons d’écuries ont ensuite reproché à Ecclestone d’avoir amassé une belle fortune à leurs dépens. Ce à quoi il répond, avec une certaine justesse, qu’il a ouvertement offert à l’un d’entre eux d’occuper ce poste et qu’ils ont tous refusé.
Grâce à son talent de négociateur et son esprit visionnaire, Bernie Ecclestone a transformé la F1 en un sport planétaire, connu et suivi dans presque tous les pays. La F1 est progressivement devenue ultra professionnelle et a ensuite attiré les grands constructeurs automobiles comme Renault, Alfa Romeo, BMW, Porsche, Honda et d’autres.
19 septembre: Bernie Ecclestone prend le contrôle des finances de la Formule 1 avec la FOCA
Vendredi 19 septembre 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron
 
        





