Une fois descendu du podium, le pilote belge Thierry Boutsen croyait bien que l’écurie Williams allait célébrer sa victoire en Hongrie, mais ce ne fut pas du tout le cas…
Thierry Boutsen, très bon pilote de Formule 2, a bien cru qu’il allait effectuer ses débuts en F1 avec la petite écurie Spirit-Honda en 1983, mais on lui a préféré Stefan Johansson. Il ne se décourage pas et avec le soutien de ses commendataires personnels, Boutsen loue une Arrows A6-Ford et dispute son Grand Prix national en Belgique.
Le Belge, jugé être trop gentil par certains observateurs, passe quatre saisons chez Arrows avant d’en disputer deux avec Benetton et de joindre les rangs de l’écurie Williams-Renault en 1989.
Seulement, Sir Frank Williams rêve de grands noms et de pilotes de légende. Il espère récupérer Nigel Mansell qui a fui Ferrari, ou de faire signer Ayrton Senna ou Alain Prost. Recruter Boutsen n’est pas son premier choix, et c’est un peu la même chose avec son autre pilote, Riccardo Patrese.
Pourtant, Boutsen a récolté deux victoires en 1989 pour la nouvelle association entre Williams et Renault. Il a gagné à Montréal au Grand Prix du Canada et à Adélaïde en Australie. En 1990, la Williams FW13B à moteur V10 Renault, créée par Patrick Head, Enrique Scalabroni et Eghbal Hamidy, est une bonne voiture, mais qui ne semble pouvoir faire mieux que des troisièmes, quatrièmes ou cinquièmes places. Patrese a néanmoins réussi à la faire gagner sur le circuit d’Imola au Grand Prix de Saint-Marin en début de saison.
En plein été, le 12 août, les écuries de F1 se retrouvent en Hongrie sur l’étourdissant petit circuit du Hungaroring. Long de 3,968 km, il est fait d’une succession interminable de virages plus ou moins lents. L’aérodynamique y joue un rôle mineur et l’accent est mis sur les qualités mécaniques des monoplaces.
Boutsen décroche sa première et qui sera son unique pole position en F1. Il devance son coéquipier Patrese, ce qui démontre l’efficacité mécanique de la voiture et la grande souplesse du V10 Renault. Gerhard Berger prend le troisième rang à bord de sa McLaren MP4/5B-Honda devant son équipier, Ayrton Senna, puis viennent Nigel Mansell (Ferrari 641/2) et Alesi Jean (Tyrrell 019-Ford DFR).
Un pari qui peut être risqué
La stratégie de Boutsen, inconnue de ses rivaux, est de parcourir les 77 tours de la course sans s’arrêter pour changer de pneus. Il sait qu’il devra émerger du premier virage en tête, conserver ses rivaux derrière lui tout en économisant ses pneus. C’est un pari risqué, mais qui peut fonctionner.
Au départ, Boutsen prend la tête tandis que Berger devance Patrese alors que Mansell et Alesi dépassent tous deux Senna. Au 21e tour, Senna double Alesi avant de subir une crevaison qui le fait rétrograder à la dixième place.
Jusqu’au 47e passage, Boutsen mène devant Berger et Patrese. Pendant ce temps, Senna effectue une solide remontée. Après que ses rivaux se soient arrêtés pour faire installer des pneus neufs, Boutsen, qui ne s’est pas arrêté, est toujours premier, mais pourchassé par Alessandro Nannini sur une Benetton B190-Ford et Senna.
Au 64e tour, Senna tente de dépasser Nannini à la chicane. Les deux s’accrochent et Nannini doit abandonner. Quelques tours plus tard, c’est au tour de Berger et de Mansell se s’accrocher et d’abandonner.
Senna tente tout ce qu’il peut pour doubler Boutsen qui reste calme et profite des virages pour bloquer le chemin au Brésilien. Boutsen croise l’arrivée en première place avec une mince avance de 0”288 sur Senna. Nelson Piquet, sur une Benetton, arrive en troisième position avec un retard de presque 28 secondes sur le vainqueur. Patrese se classe quatrième devant Derek Warwick sur une Lotus-Lamborghini et Éric Bernard sur une Larrousse-Lola Lamborghini.
Boutsen remporte ainsi sa troisième et dernière victoire en F1. En retournant dans le paddock avec son trophée, il découvre que les mécanos ont déjà rangé tout le matériel et que seuls l’ingénieur David Brown et l’attachée de presse Ann Bradshaw l’attendent pour célébrer sa victoire. Frank Williams et Patrick Head ont déjà quitté le circuit. Lui qui croyait que l’équipe allait fêter avec joie et entrain est fortement déçu.
Il faut préciser que Williams avait déjà pris la décision d’évincer Boutsen de son équipe à la fin de la saison pour faire place pour Nigel Mansell. Le Belge trouvera finalement refuge chez Ligier en 1991.
12 août: Thierry Boutsen gagne le GP de Hongrie en 1990 dans l’indifférence de son équipe
Mardi 12 août 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron