Si pour plusieurs Canadiens le Grand Prix de Grande-Bretagne de 1977 est celui des débuts en Formule 1 de Gilles Villeneuve, cette course représente aussi la première tentative en F1 de la Régie Renault avec une voiture turbo.
Depuis 1966, la règlementation technique de la F1 imposait soit un moteur atmosphérique d’une cylindrée de trois litres, soit un moteur gavé par une turbine avec une cylindrée réduite de moitié, soit 1,5 litre. Tous les ingénieurs-motoristes de l’époque s’entendaient à dire qu’un petit moteur de 1500 cc ne pourrait jamais rivaliser avec les moteurs de pleine capacité. Ce n’était toutefois pas l’avis des visionnaires du constructeur automobile français Renault.
Après avoir développé un moteur V6 turbo pour les courses d’Endurance, sa cylindrée fut réduite et un châssis expérimental, l’Alpine A500, fut testé sans relâche par Jean-Pierre Jabouille, pilote et technicien. Comme pour compliquer les choses encore plus, Michelin se joint à l’aventure avec Renault et produit les premiers pneus radiaux de F1.
Après des mois d’hésitation, le patron de l’équipe Renault Elf, Gérard Larrousse, annonce que la RS01 fera ses grands débuts en Grand Prix en Grande-Bretagne le 16 juillet 1977. Et la présence de la voiture jaune dans le paddock du circuit de Silverstone cause immédiatement de la controverse.
Un premier Grand Prix difficile
Il y a tellement d’inscrits à cette course que les organisateurs doivent tenir une séance préqualificative afin de ne retenir que les cinq plus rapides sur les 14 participants. La plupart des inscrits privés, qui ne font pas partie de la F1CA (Formula 1 Constructors’ Association), dénoncent le fait que Renault n’est pas contraint de participer à cette séance de préqualification. La situation est tendue dans le paddock, mais est réglée par Bernie Ecclestone qui fait comprendre que l'arrivée d’un constructeur automobile généraliste ne peut que renforcer l'attrait des médias pour la F1.
Le Grand Prix se déroule sur l’ancien tracé de Silverstone, cet aérodrome militaire converti en circuit automobile après la guerre et qui est composé de virages ultra rapides. Gilles Villeneuve domine la séance préqualificative tandis que Jean-Pierre se prépare à effectuer ses débuts en F1 à 34 ans.
Lors des premiers essais, James Hunt réalise le meilleur chrono en 1’18”99 à bord de sa McLaren-Ford. Jabouille inscrit un temps de 1’23”37. La RS01 est munie d’un gros turbo Garrett de série provenant d’un moteur de camion, car le turbo spécial en alliage à haute résistance n’est pas arrivé des États-Unis.
Il y a deux séances de qualifications. Lors de la première Hunt inscrit un temps de 1’18”49 (ce qui lui mérite la pole position à la vitesse moyenne de 216 km/h) alors que Jabouille tourne en 1’21”07. Durant la deuxième séance, John Watson et sa Brabham-Alfa réalisent un chrono de 1’18”77 (bon pour la première ligne de départ) tandis que Jabouille prend le 21e rang sur 26 avec un temps de 1’20”11. À noter que les temps de la Renault ont progressé de plus de trois secondes en deux jours, soit de 1’23”37 à 1’20”11.
La RS01 a cassé trois turbos durant le week-end et avec une pression abaissée, le moteur manque de puissance. En course, Jabouille bataille contre Emerson Fittipaldi, puis Jean-Pierre Jarier et Patrick Tambay. Il occupe la 16e place quand il doit rentrer aux puits au 12e passage, car le V6 a perdu toute sa puissance. La cause est une fuite du collecteur d’admission dont une soudure a cassé. La réparation dure une dizaine de minutes, Jabouille revient en piste, mais abandonne quatre boucles plus tard au 16e tour à la suite du bris du turbo qui n’a pas apprécié être brusquement arrêté lors de l’intervention mécanique.
Les membres des autres écuries rigolent bien à la vue de cette Renault fumante. Mais Renault va gagner pour la première fois moins de deux ans plus tard et à son 25e GP lors du GP de France en 1979… avec Jean-Pierre Jabouille.
16 juillet: Premier Grand Prix de F1 pour Renault qui innove avec un moteur turbo en 1977
Mercredi 16 juillet 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Renault Communications